mercredi 30 juillet 2008



quand je sors toute la journée, quand je ne reviens que sur les coups de 22 heures, je me sens bien, je ne suis pas déprimée, je suis de bonne humeur et l'essentiel est là. la vie n'est peut-être pas une aventure mais elle reste quelque chose de vivable, presque à la hauteur de ses promesses, de ses trois lettres qu'on célèbre autant que celles de l'amour.
j'apprends à apprivoiser ma solitude, pas besoin de calcul pour me rendre compte que dans une vie il y a peut-être 50% de sommeil mais aussi, à mon avis, 70% de solitude, enfin ça varie mais à vue de nez je dirais que 70% serait mon chiffre, un peu comme les 70% de la surface de la terre recouvert d'eau, la solitude est donc un océan, calme, triste, émouvant et inspirateur.

il y a beaucoup à faire sur paris, il suffit d'un minimum d'organisation, d'un pariscope et on peut se débrouiller. mais ça reste du murielle, c'est à dire qu'on ne sort pas avant 15 heures, qu'on ne sait pas trop ce qu'on fait à l'avance, qu'on descend du métro quand on en a assez, beaucoup de marche, des dépenses une fois sur deux pour ne pas tout liquider en trois jours, un carnet de notes qui ne s'est jamais autant noircit, et puis pas plus d'une activité par jour pour là encore ne pas tout liquider en trois jours.
hier Miroslav Tichy à beaubourg, la queue ne m'en a même pas dissuadé. j'ai pour principe de ne jamais faire la queue à partir du moment où ce n'est pas indispensable, c'est comme ça que quatre fois dans le mois je suis allée au jeu de paume voir comment se portait l'expo richard avedon et quatre fois j'ai fini à la fête foraine des tuileries, toute cette chaine humaine pour 270 photos, attendre que la personne devant nous passe à l'autre photographie pour qu'on puisse passer à l'autre, ce rythme implicite que se fixe les visiteurs, non ça vraiment ça m'embête.
pour miroslav c'était relax même si parfois on a frôlé la chorégraphie "t'attends que je finisse pour venir mater", et puis c'était court, trente minutes grand maximum même en prenant tout son temps. j'ai aussi fait l'expérience des photos prises avec le portable, même si le moyen paraît barbare et un peu trop de notre temps, ça m'a quand même bien servi et la qualité n'est pas trop dégueulasse.

ces promenades sont l'occasion de se rendre compte de la beauté de toute une partie du monde chaque jour offerte à mes/nos yeux, et quand ce n'est pas de la beauté les choses restent tout de même émouvantes de vérité, de réalisme.
se sentir connecté, suivre ce qui se passe, dans les musées, les salles de cinéma, les nouveautés en matière de livres de poche et les travaux sur les lignes de train, connaître tout ça me donne le sentiment d'appartenir au monde, de ne plus être exclue. Avec les villes (et même avec énormément de chose) ça a toujours été mon problème, l'impression que rien n'était fait pour moi, ni les parcs ni les terrasses de café, ni les strapontins dans les métros, l'étiquette visiteuse tatouée sur le front, ma place nulle part et l'impression que tout le monde le savait. maintenant ça va, je commence à comprendre comment les choses marchent, j'arrive à commander un cappuccino dans une sandwicherie, à sympathiser avec des vendeuses, je me sens au coeur de la ville et de la vie ("dans ville il y a vie. Monoprix"), je suis la badaude curieuse qui regarde avidement les restes d'une scène d'accident de scooter sur le trottoir d'en face, la sensation que la ville et ses services me sont dus.

Il y a quelques semaines j'étais tombée sur un de mes innombrables journaux intimes, avant les blogs j'écrivais sur du vrai papier, ça disait quelque chose d'intéréssant,
ça disait comme quoi quand je marchais dans la rue j'actionnais un bouton "invisible" et que j'arrivais à me sentir parfaitement invisible aux regards de la rue et de ses passants, je crois que le secret est là, pour être tout à fait à l'aise dans une ville il faut savoir se sentir invisible. J'ai toujours eu trop conscience du mobilier urbain, des espaces intimes que pouvaient cacher les façades haussmanniennes, de l'hostilité inhérente à toutes grandes villes, des passants qui comme moi se débrouillent pour balayer tout le monde du regard et faire le tri entre les personnes qui leur plaisent et les autres. beaucoup trop de choses qui se passent en même temps, beaucoup trop de choses soumises au hasard, beaucoup d'espèces qui tentent tant bien que mal de cohabiter ensemble : voitures, piétons, vélos, camions, chiens, bus, taxis, pigeons, scooter, motos, arbres. tout ça relève du miracle, la ville est un miracle, l'énergie à l'état pur, je pense à la place privilégiée qu'elle a au cinéma.
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le métro est une fête,
je repense au mec qui était devant moi sur l'interminable tapis roulant du métro Chatelet
cheveux brun en bataille
chemise noire aux manches retroussées (même matière et portée comme A.)
pantalon de couleur bleu de travail (paraît-il que c'est à la mode)
moleskine à l'élastique ouvert dans sa main droite, prêt à écrire quelque chose
c'est surtout le moleskine qui m'a convaincu que ce type me plaisait, je n'ai même pas vu son visage, je ne pourrais jamais, même un tout petit peu, m'approcher en imagination de la réalité de son visage. quant au reste, "histoire impossible" et "amour perdu à jamais" on finit par s'y accomoder comme s'il s'agissait de règles douloureuses.
les mots qui me viennent à l'esprit sont que le métro est une suite de tentatives, d'avortements et d'intimidations, que tout y est sous pression, que tout le monde se plait ou se hait viscéralement sur des bases assez discutables mais humaines. être enfermé avec des inconnus et trimballé à travers paris relève de l'aventure seulement plus personne n'en a conscience et la loi du plus fort a une fois de plus triomphé : le métro ne sera donc plus une aventure mais une salle d'attente mobile et le lieu de toutes les impatiences et de toutes les fatigues.

6 commentaires:

Anonyme a dit…

la solitude, il faut l'apprivoiser. sinon elle te bouffe.

Juliette a dit…

"Juliette joined the group Les fans de RADIO VERNIS."

Murielle Joudet a dit…

MAIS LOL

Anonyme a dit…

Je me suis promis de foutre une baffe au prochain qui me disait "il faut se réconcilier avec sa solitude".

Murielle Joudet a dit…

il faut se réconcilier avec sa solitude
il gaut se réconcilier avec sa solitude.
il faut se réconcilier...

Anonyme a dit…

SBAF ! :D