lundi 7 juillet 2008

très vite dans ma vie j'ai compris qu'il fallait vivre avec ses obsessions, qu'il fallait accepter d'être obsédée par un garçon certains jours de l'année, ne pas fuir, ne pas essayer de "penser à autre chose", et qu'on devait toutes passer par la vérification frénétique de son portable, de sa boîte mail, que c'était déraisonnable mais normal, que si on arrivait pas à lire, à regarder un film et bien il ne fallait pas se forcer. Par amour on en gâche des journées, aujourd'hui c'était le dernier jour pour qu'A. me file son adresse et l'heure à laquelle je devais venir chez lui ce qui par la même occasion confirmait qu'il y avait bien une soirée, aujourd'hui l'attente a été terrible, ce n'était pas le moment de me faire languir comme A. l'a fait, je ne suis pas dans une période où je me sens solide, je suis au contraire profondément vulnérable, parce que j'ai des sentiments pour lui je m'accroche à n'importe quelles superstitions, à n'importe quelles fabulations tricotées par mon cerveau malade, parfois je sens que je frise la folie, cette attente de jeudi à lundi ce n'était pas sain, mais lui il s'en fichait et au téléphone je me suis sentie tellement ridicule que ça devenait intolérable, tellement intolérable que j'ai décidé de l'oublier complètement, je sais que c'est dur et que je n'ai jamais réussi une chose pareille mais après un tel traumatisme il n'y a plus que cette solution.
ça ressemblait à tout ces romans naturalistes que j'ai pu lire où les personnages pâlissent et les femmes s'évanouissent à la moindre émotion, j'avais toujours trouvé ça exagéré et puis d'un seul coup je comprenais, je comprenais la vraie honte et la déception.
J'avais eu mal au ventre toute la journée, j'avais eu envie de vomir à cause de lui, à cause de ce que j'avais pu m'imaginer seule le jour et la nuit dans ma chambre, je dormais pour réduire l'attente, mon corps subissait des changements, je me disais que ma récompense serait cette fameuse soirée du lundi que personne n'oublierait et en même temps je pensais très fort à A., à ses désistements de dernière minute, à toute ces choses qu'il ne prend pas à coeur, je lui disais intérieurement "ne me fais pas ça, pas aujourd'hui, faible comme je suis je supporterai mal" et j'ai mal supporter, c'est ridicule mais je ne peux raconter qu'une vraie seule version des choses et c'est celle-ci. Sa voix était douce, un peu endormie, mais il m'a assommée avec, sa transpirait le désintérêt total.

Patti Smith - Because the Night
Patti Smith - Redondo Beach

13 commentaires:

Pierre a dit…

est-ce que ce mec lit ton blog?

Murielle Joudet a dit…

je pense pas, sinon c'est que c'est un tortionnaire
non il le lit pas, parfois je me dis qu'il devrait, je vais essayer de l'y emmener tout doucement.

Anonyme a dit…

Tout ça ressemble un peu à ce que j'ai vécu avec toi - dans l'autre sens. "Désistements à la dernière minute" comme tu dis, attentes malsaines, je pourrais rajouter d'autres choses malheureusement. Mais peu importe.

Je comprends qu'Aurélien n'aille pas sur ton blog s'il n'est pas amoureux de toi. Tu dis des choses que tu n'oses pas lui dire directement. C'est aussi malsain de ta part. On dirait une mauvaise pièce de théâtre jouée pour des gens qui ne pourraient comprendre qu'une partie de la pièce.

Je n'ai jamais figuré sur ton blog. Il m'arrive de penser que c'est une délicatesse que tu as eu à mon égard et je t'en suis reconnaissant, même si je me trompe peut être sur tes intentions.

Je te lis parce que je tiens à toi, et aussi parce qu'il t'arrive, entre les lignes, de faire apparaitre quelque beauté. C'est rare mais parfois bel et bien là, lorsqu'il n'y a plus d'autre enjeu que l'écriture.
Je t'embrasse Murielle. Take care.

G.

Murielle Joudet a dit…

je vais te répondre par mail mon coco

Anonyme a dit…

Très bel article.

Anonyme a dit…

(j'espère que tu nous parleras de G. alors, plus de cachotteries à partir de maintenant, merci G. de l'avoir signalé)

Anonyme a dit…

à celle qui fut délaissée




elles aussi feront ta richesse
ces fleurs mortes laissées
comme à court d’existence
oeuvres de fécondité tarie

pour elles chacun s’est enfermé
humilié dans sa souffrance
te tendre une main aimante serait
comme briser ma prison

aussi les cris cassés de rage
n’apaiseront nulle soif future
au final qu’importe de savoir
qui avait raison, ma sacrifiée

j’aimais ton palais de miroirs
peut-être partageras-tu au moins
ces quelques langueurs passées
résidus d’anciens voyages

Anonyme a dit…

Encore une fois je me retrouve beaucoup dans tes mots, surtout le passage: "ça devenait intolérable, tellement intolérable que j'ai décidé de l'oublier complètement, je sais que c'est dur et que je n'ai jamais réussi une chose pareille mais après un tel traumatisme il n'y a plus que cette solution." C'est ce que je me dis à peu près tous les jours depuis plus de deux mois, si tu trouves la formule magique pour que çà marche, let me know...

Murielle Joudet a dit…

et bien, on a jamais eu autant de commentaire sur Tranches, toute l'équipe vous remercie.

Juliette, je parlerai de G. un jour, vous savez que je n'ai rien à vous cacher :-)

Stereotypies, ce que je sais c'est qu'on ne peut pas obliger un homme à s'intéresser à nous et tant qu'il manquera de curiosités et d'intérêt à notre égard rien ne pourra commencer, surtout pas le sentiment amoureux.
Moi j'ai l'impression (je ne sais pas si c'est ton cas) de faire le chemin inverse ou les deux simultanément, je les aime sans conditions puis je m'y intéresse, le problème doit être quelque part par là.

Anonyme a dit…

Tu ne fais que flatter les instincts voyeurs de tes lecteurs, Murielle. Je te dis ça avec tout l'amour que je porte en moi. Je sais que tu respectes ces lecteurs, et je trouve ça assez touchant en réalité, mais ce sont pour des mauvaises raisons.
Que pourrait tu dire à Aurélien, ou à moi, que tu ne pourrais pas dire directement ?
Sans compter qu'aussi juste que soit ta pensée il est toujours désagréable de se voir l'instrument d'une entreprise littéraire.
Je te le répète je suis assez fier pour l'instant de ne pas figurer sur ton blog. Il y a des choses par exemple que tu n'as pas pu dire parce que tu savais très bien que tu aurais pu me les dire sans passer par ton blog. En temps voulu.
Je te le répète aussi, il faut que tu te rendes compte en quoi ta vie racontée et ta vie réelle sont deux choses bien différentes. Je te l'ai dit par mail. Une fois que tu auras compris ça, tu auras tout compris.
Je t'embrasse très fort.

G.

Anonyme a dit…

je ne suis pas d'accord avec le type du dessus.
sur les deux vies.
c'est trop simpliste et irréfléchi.
il n'y a qu'une vie, qu'il faut prendre en main, et la romancer, pour ça, ça aide, et ça n'est pas en la romançant qu'elle est moins notre vie.
etc. (soupir de flemme)
murielle, te lire me tue.
(mais je crois que ça tue tout le monde, on ne compte plus le nombre de commentaires comme "je me retrouve trop trop dans ce que tu écris" et co.)

Anonyme a dit…

Hey la fille en dessous (de tout) : ce n'est pas le problème de romancer ou non sa propre vie. Le fait est que ce que l'on peut lire d'une personne qui se raconte est par nature différent de la vie réelle. On choisit de raconter certaines choses, d'en éluder d'autres. On met l'accent sur ce qui nous parait important. Il peut aussi y avoir d'autres partis pris qui relèvent de l'esthétique, du style, quelque chose de proprement littéraire, et ce même si l'on en a pas tout à fait conscience.
Maintenant Alice, c'est vrai, tu peux aussi faire un grand mix de tout ça, et ne plus savoir ni pourquoi tu écris sur ce que tu vis, ni même finalement pourquoi tu vis, puisque les deux se confondent si bien et que l'écriture semble pouvoir contenir cette vie.
Oui il y a une distinction à faire, un rapport, une distance à établir entre la vie racontée et la vie réelle. Les deux peuvent interagir certes, mais ce n'est même pas une nécessité.

G.

Pierre a dit…

G. a l'air de connaitre Murielle IRL alors no comment
cependant, c'est pas faux ce cote malsain a raconter des trucs comme ca sur ce Aurelien, je serai lui je ne saurai pas quoi en penser.
mais d'un autre cote ca donne quand meme une authenticite et une verite extraordinaire a ce qu'elle ecrit.