dimanche 13 juillet 2008

"-Mon ami, nous ne voulons faire de mal à personne. Vivre avec des amis, des parents, des élus de son coeur, c'est un paradis."

vers 17 heures j'ai enfin réussi à mettre un pied et même mon corps entier dehors et à me rendre au jeu de paume, je voulais voir les nouvelle expositions. le musée n'est pas trop loin et en sortant j'aime bien prolonger la marche jusqu'à la comédie française en passant par le jardin des tuileries alors que par exemple la promenade aux alentours du palais de tokyo ou du musée d'art moderne me lasse trop vite et je finis sous la tour eiffel ou vers le théâtre de chaillot à ne savoir que faire de mes deux pieds. la dernière fois que je suis allée au jeu de paume c'était un samedi et il n'y avait personne, aujourd'hui j'ignore pourquoi la queue était tellement longue qu'elle se finissait dehors, alors j'y ai renoncé et j'ai préféré me promener. La promenade a au moins le mérite d'être une occupation neutre, à la portée de tous et qui certaines fois s'avère être plus utile que n'importe quelle autre activité, parce qu'on a pensé plus loin que toute les autres fois, qu'on a pu voir de belles choses autour de nous, des familles émouvantes, des solitudes semblables aux nôtres, des magasins rigolos, des odeurs intéressantes. certaines errances m'ont réconcilié avec les hommes et l'extérieur, je ne sais plus quel film ou quel livre (réflexion) si je m'en souviens, "Paris nous appartient", un film incompréhensible en dehors de deux trois scènes bouleversantes : un couple d'ami qui se retrouve et improvise un déjeuner avec une baguette et une tablette de chocolat, j'en avais pleuré et puis une scène (celle qui nous intéresse) de monologue où l'un des personnages explique que dans la vie il faut "circuler" sinon on devient fou. j'ai toujours aimé les leçons de vie qu'on pouvait croiser au détour d'un film ou d'une lecture. "Circuler", c'est bien le mot, je crois que depuis ce film j'ai toujours fait mon possible pour me traîner hors de chez moi, rester toute une journée dans mon appartement étant trop nuisible, mon squelette se ramollit, mon visage se transforme et pâlit, je finis par ressembler à une dingue.
je me connais et je sais qu'il faut que je garde chaque jour un contact, le plus ténu soit-il, avec l'extérieur. je pense pouvoir parler au nom de tous en disant qu'on oublie beaucoup trop vite la sensation réconfortante de se sentir en compagnie et qu'il faut sans cesse se la rappeler, au moins une fois par jour, et si on ne peut pas solliciter la présence de quelqu'un, d'un ami et bien on fait avec les gens autour de nous, on les regarde pour se rappeler le goût que ces choses ont et le luxe que c'est de pouvoir être constamment entouré de personnes qu'on aime, on met sa vie de côté, on ne vit plus qu'en observateur bienveillant, le regard nostalgique; c'est ce qui se passe chez moi quand je me promène. j'ai l'impression que les moments de sociabilisation et d'effervescence que j'ai pu vivre sont tellement loin de moi qu'à force de s'éloigner ils deviennent comme inexistants alors que mes promenades, mes "rêveries de promeneuse solitaire", je me les rappelle toutes en détails, mes vêtements, certains visages croisés, l'humeur du ciel, certains objets dans des vitrines: des robes prada, beaucoup de chaussures de luxe pour hommes en passant par les tarifs d'un coiffeur.
vous allez me dire, "mais tu as des amies, tu les vois souvent", mais il suffit justement d'une seule journée pour perdre le réconfort et la douceur de l'oubli que provoque chez moi un simple restaurant avec mes amies. Puis j'ai fait défilé beaucoup de monde dans ma tête pour comprendre que je n'avais envie de voir qu'une seule personne, la personne interdite, qui est -et je n'en parle que maintenant- la source de toute ma mélancolie, de tous ces après-midi où j'hésite à m'effondrer sur mon lit et à me rendormir de tristesse jusqu'au soir, jusqu'au moment où toutes les villes s'endorment et où je n'ai plus la pression de millions de vies en activité autour de moi. je respire et j'accomplis les choses à mon rythme en espérant que lui soit touché par une foudroyante insomnie. Si vous voulez savoir, il n'a plus donné de nouvelles et j'ai l'espoir de ne le revoir qu'à partir de septembre; d'ici-là je risque de beaucoup me promener.

Justement cet après-midi en me promenant je marchais sur les traces de ma première rencontre avec A., nous étions allés regarder les tableaux au musée de l'orangerie, il m'avait montré les fresques de monet, puis nous nous étions arrêtés à un café tout moche à la décoration minimaliste made in ikea se situant un peu plus loin après le concept-store (la blague) colette, un tout petit peu avant le american apparel, je suis repassée par là, et j'ai pris ça pour un signe mais il n'y avait plus aucune table dehors et sur la vitre un panneau avec marqué "A vendre". je me suis demandé depuis quand les cafés fermaient et surtout pourquoi celui-là.

The Turtles - You showed me

4 commentaires:

Anonyme a dit…

RDV samedi 26 juillet à 10h devant le jeu de paume.

Anonyme a dit…

le café à vendre, c'est le "hasard objectif" (cf l'Amour fou )
( un jour tu seras publiée...)

Murielle Joudet a dit…

alice > 10 heures c'est beaucoup beaucoup trop tôt

anonyme > honte à moi, je n'aurai jamais dû ouvrir les commentaires aux anonymes. trop frustrant

Anonyme a dit…

d'accord