dimanche 27 juillet 2008

La traversée de l'été - Truman Capote

j'avais pourtant dans la tête une phrase d'A., peut-être lui ne se souvient-il pas d'une seule chose que j'ai pu dire mais moi je me souviens de tout comme de mon film préféré.
je lui montrais mes ongles, coupés à ras (souvenez-vous des ces ongles que je coupe à ras) il me disait que c'était pas bien, qu'il fallait les laisser pousser, que les ongles et les cheveux ça faisaient partis des attributs de la femme qu'il fallait justement mettre en valeur.
c'est ce genre de phrases qui à mon avis peut le résumer, si possible insérer de la beauté dans tout ce qui nous entoure, des fleurs dans tous les interstices, j'aime bien l'idée que le laid lui soit insupportable, exaspérant.

la dernière fois on avait parlé de lui avec P., je lui ai dit que j'imaginais A. fonctionnant comme Houellebecq, totalement déçu des gens, rempli d'amour mais beaucoup trop déçu, j'irai ici plus loin en disant que c'est ce dégoût et cette déception qui sont à l'origine de l'acte créateur, la musique pour A., et quelle musique..., et de l'écriture pour Michel, et quelle écriture...
Une déception, mais quelque chose de fort, d'assez violent, parce qu'au fond nous sommes tous comme ça, "déçu par les gens", c'est comme tout, tout le monde peut se proclamer "timide" et "gourmand" et "généreux" comme "égoïste", mais pas "maladivement timide" ou "maladivement égoïste", c'est ce maladivement qui fait la différence, nous sommes tout de façon modérée. Maladivement déçu.

donc une déception énorme, quelque chose d'aussi amer que le café libanais. P. m'avait alors répondu que Houellebecq était comme ça mais pas A., et puis après, trou noir, impossible de me souvenir ce qu'il m'avait dit sur A., pourtant j'étais d'accord mais ça m'échappe et je veux savoir parce qu'il y avait sûrement là une clé. Donc A. n'est pas "déçu des gens", il est autre chose, je redemanderai à P.

si ça ne tenait qu'à moi au lieu des initiales je divulguerais le nom, le prénom et le numéro de téléphone ainsi que la photo des personnes que je cite.

alors il m'avait dit ça, sur "les cheveux et les ongles", ça m'avait tellement marqué qu'à plusieurs reprises j'avais laissé s'épanouir mes ongles, ça montait vraiment très haut, il ne les a jamais vus. j'ai des doigts pas mal pour ces choses de filles, mes mains ont quelque chose d'assez noble, mais cette noblesse s'arrête au poignée, après c'est une autre histoire beaucoup plus compliquée qui commence.
les ongles longs, les cheveux qui commençaient à le devenir, milieu du dos sans même lever la tête pour tricher.
et puis en rentrant de ma séance, "Mariage à l'italienne", j'avais cette idée en tête, obsédante comme à chaque fois que j'ai envie de le faire. 10 minutes plus tard j'étais devant ma mère, les cheveux raides d'eau, brossés en arrière, tombant sur la robe de chambre bleu, le peigne et les "ciseaux qui coupent bien" entre les mains.
Ma mère déteste me couper les cheveux, elle a toujours l'impression qu'il s'agit d'un truc qui prendra des heures et à chaque fois ça prend deux minutes, "nan je suis fatiguée, on fera ça demain, à chaque fois quand tu veux quelque chose on doit le faire tout de suite, à la minute",
et à chaque fois je suis obligée de menacer "bon bah je vais me faire ma frange toute seule, ça va être bien", "je vais demander à Emile de me les couper", des choses comme ça, je le dis et je suis capable de le faire et si elle n'obtempérait pas à un moment j'aurai actuellement la tête de, je sais pas, disons Edward aux mains d'argent ou robert smith, nan encore mieux, du chanteur de human league


"je suis chiante hein?"
"trop", ponctué d'un rire qui voulait dire "tu me saoûles ma fille"

"enlève ta robe de chambre parce que là je vais te rater", puis toujours les vieilles querelles,

"fais le plus court possible,
"ah nan nan nan, je coupe un peu"
" c'est dommage quand même, de couper"
"ouais mais tu sais comment je suis je regrette jamais quand j'ai envie de couper"

c'est vrai ça, je regrette jamais, la dernière fois j'avais mis des années à avoir une longueur façon Pocahontas, et puis un jour, un vrai jour comme les autres, j'ai vu ma tête, j'ai tout détruit.

petite ruse des épaules discrètement levées pour qu'elle coupe beaucoup sans s'en rendre compte

je me retrouve avec un carré m'arrivant à l'épaule, assez courts pour que les pointes puissent se reposer dessus.
mes cheveux commençaient à devenir très secs, très fatigués, le lissage tous les jours c'était plus possible, ça n'avait pas de forme, c'était mort, affaisé. déjà que le mental l'est assez, le physique ne doit pas suivre, le physique doit être kikoolol.

"après je devrais aller chez le coiffeur quand tu pourras plus me les couper"
"pourquoi je pourrais plus te les couper?"
"quand je serai grande quoi"
"mais t'es grande là"
"ah ouais c'est vrai...en fait tu pourras toujours me les couper"

après j'ai appelé ma soeur, hier encore on parlait masque pour cheveux, je lui ai dit "pour que tu sois pas trop choquée, je viens de me couper les cheveux très courts", derrière le bruit de ses amis, le chahut. "haaaan, t'es folle, ils étaient trop beaux". si je les écoutais ces deux folles j'aurais des cheveux jusque par terre et serais encore avec Baptiste.
les cheveux longs c'était bien beau mais il n'y avait même plus A. pour me les embrasser, il n'y a personne pour me faire distraitement des tresses, non décidément, tout ce que je pourrais enlever de mon corps je l'enlèverai.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

salut murielle, je t'ai envoyé un mail.

à+
denis