mardi 14 avril 2009



Je me réveille à 14h sans pour autant avoir abuser de la nuit, j'ai dû m'endormir vers 3h, ce qui me paraît convenable. La limite, l'excès, se trouve pour moi toujours à partir de 5h, quand on commence à concevoir que le levé du jour n'est pas loin. En me levant je détecte ma faim et je déjeune tout de suite, je prendrais mon café plus tard.

J'ai des cheveux à tendance grasse aussi il est fréquent que je me lave les cheveux alors qu'ils sentent encore le shampooing; en lavant les racines je suis obligée de laver le reste. Petit gâchis.

Nous retournons aux Buttes-Chaumont avec les copines, il était dur de s'entendre pour un cinéma. C'est intéréssant de retourner à la belle saison dans ce parc afin d'en constater les changements : on ne connaît plus les modifications apportées par les saisons sur la nature, nous ne connaissons plus que la ville où chacun de ses éléments restent impassibles face aux saisons, la ville est sans odeurs, quand elle n'est pas nauséabonde.
Il faut donc aller au parc pour connaître les saisons. Quand je traverse ma résidence je passe devant des buissons qui en été sont fortement odorants, chaque année et plus qu'autre chose, ils sont le souvenir le plus marquant de mes étés, cette odeur et les vêtements que je porte. La dernière fois que nous sommes allées au Buttes-Chaumont l'odeur d'herbe humide nous violentait les narines et Cécilia se plaignait.

Dans le métro je poursuis ma lecture du Mausolée des amants de Hervé Guibert, journal intime de 560 pages. Il laissait le journal à la disposition de son petit ami T. qui pouvait le consulter à tout instant, idée d'une littérature-photographie, qui ne laisse rien passer et qui évoque le moment vécu avec une "précision photographique". L'homme m'était étranger il me devient familier, je touche sa vie, je comprends tout, il n'y a pas à y croire, c'est la réalité, au pire une réalité très légèrement atténuée. Vu l'épaisseur du journal je pense le lire en plusieurs fois comme pour ménager une présence qui pourrait devenir lourde à force d'être côtoyée, comme on prévoit quelques jours de pause avant de revoir une personne trop longuement fréquentée afin de ne pas saturer, pour faire face à une sorte de trop-plein d'autrui. Ses couvertures de livre sont toutes sans exception illustrées de ses propres photos en noir et blanc. Les livres de Sartre, roman et pièces de théâtre sont tous aussi noir et blanc. Cela connote une certaine gravité qui chez l'un comme chez l'autre, est omniprésente. Gravité des films en noir et blanc.
Je lis ce livre, (acheté en occasion chez le bouquiniste jouxtant Boulinier) en attendant de pouvoir acheter les lectures conseillées par mon professeur de philo sur des thèmes que je lui ai soumis. L'idée que je vais, dans un futur proche, pouvoir m'acheter des livres me met en joie, j'espère seulement pouvoir ne pas faire d'excès ou pouvoir en faire sans que cela entrave trop l'organisation financière des jours qui suivront. Il faut une fréquence d'achat proportionnelle à sa vitesse de lecture : l'idée est évidente, il faut savoir s'y tenir.

Pensée dans le métro :
mettre des boucles d'oreille = prendre le risque d'être moins belle sans.
ne pas en mettre = être sans cesse soi-même, ne mentir à personne.
C'est pour une de ses raisons que je ne me maquille que rarement et plus par fantaisie que par tromperie.

Avant d'aller au parc nous allons au 8 à huit acheter de quoi boire, "c'est comme un pique-nique de boissons" dit Cécilia, précisant sa pensée j'ajoute "un pique-nique liquide". Je paye la boisson de Cécilia et de Marie à qui je devais de l'argent. Deux bouteilles de Coca zero, une canette d'Ice tea et une grande bouteille d'eau pour 3,50€.

Nous buvons nos bouteilles en marchant calmement. J'aimerais m'asseoir sur la pelouse, je suis prête à déplier mon programme du cycle Rohmer pour que Marie s'asseye dessus mais la vue d'une crotte de chien s'annoncera rédhibitoire, nous finissons sur un banc.

Une fois en hauteur je mesure enfin l'étendue du parc : il est à la mesure de ce que l'on demande à la nature, du vert à perte de vue, c'est rassurant. Il y a assez de matière pour s'émerveiller, toute trace d'urbanité est mise à distance, l'illusion prend, on finit par y croire.

Il y a un parterre de tulipes jaunes absolument réjouissant, Marie s'allonge entre les fleurs et nous la prenons en photo, des gens pique-niquent derrière nous, Cécilia fait la remarque "on dirait les photos de calendrier LaPoste avec le gros chien entouré de tulipes", je me plie en deux pour rigoler.

Le soleil se devine sur des surfaces qu'on pourrait délimiter à la règle, comme sur un tableau de Mondrian. Quelques arbres sont frappés dans leurs feuilles rousses, un reflet auburn apparaît, le même que l'on peut retrouver sur une chevelure également frappée par le soleil.
Correspondance feuilles/cheveux à creuser.

Marie et Charlette s'achètent des barbes à papa, je leurs demande de les mettre devant leur tête pour la photo.


Joie simple aux Buttes Chaumont, fatigue familière dans le métro. Je pense "fragile équilibre du bonheur".

Dans le train une famille entre dans le wagon, une petite joue avec son piano magique pendant tout le trajet, c'aurait été insoutenable si je ne m'étais pas calmé, si je ne lisais pas un bon livre, si je n'étais pas durement entraînée à lire dans le bruit. Personne pour lui dire d'arrêter, même pas les parents, et cette musique idiote qui change à chaque touche. Peut-être les parents savent-ils qu'elle n'arrêtera pour rien au monde, que si ce n'est pas le piano ce sera les pleurs qu'on se tapera, je laisse couler.

En sortant du parc, vive discussion entre un gardien et des jeunes, l'un d'entre eux à fait tomber un portable à 800€ dans une bouche d'égouts, il veut descendre le chercher mais le gardien le lui interdit et commence à crier "si vous descendez j'appelle la police".

On marche dans le 19ème, on aimerait habiter ici, on s'arrête devant la vitrine d'une agence immobilière. Je n'ai aucune expérience de ces choses là, j'ignore si le prix des appartements est cher ou convenable, tout cela fait référence à une réalité encore lointaine, mais peut-être pas aussi lointaine que ça, je ne sais pas, il faut faire attention quand on commence à rejeter un problème loin de soi sous prétexte que "c'est dans loongtemps". J'ai le sentiment que l'acquisition d'un appartement ne se fait pas sans une interminable série de procédures, de paperasses. Je pense à ma chambre à Courbevoie.

En rentrant chez moi, mon père est assis au salon, il n'a jamais été placé là en soirée, je demande qu'est-ce qui se passe ? On me répond que ma mère a fait tomber de l'eau sur la Freebox. Il ne me suffit pas de plus pour comprendre que cela me handicape d'internet pour au moins une semaine, qu'il va falloir changer totalement de système de vie. J'ai encore un peu de mal à digérer la nouvelle, j'en veux à ma mère, j'en veux à tout le monde, la soirée sera affreuse.

Ne plus avoir internet est toujours l'occasion d'une remise en question de sa dépendance, c'est une remise en question qui fait du sur-place, on sait qu'une fois les choses en ordre on replongera avec délice dedans. Après m'être imaginé la désastre de la semaine qui arrive j'ai essayé d'en voir les bons côtés : il s'agira d'avancer dans mes lectures autant que dans les films prêtés/téléchargés, peut-être même de parler à ma mère, je sortirai quelque chose comme 2h plus tôt que d'habitude de chez moi. Vu ainsi internet ne manquera que dans la programmation de rendez-vous pris dans la semaine et pour la réponse aux longs mails de Gabriel qui nécessitent plusieurs heures. J'irai au Mcdo de La Défense profiter de la Wifi, j'y commanderai un cappucino, personne ne m'embêtera, je transporterai mon ordinateur dans mon sac à dos bleu marine. Vu le temps restreint qui me sera imparti tout forum est pour l'instant proscrit. Les notes de blog seront rédigées à l'avance et publiées le lendemain, pour les horaires de cinéma et les expositions j'achèterai le Pariscope.

J'ai pu brièvement me connecter à ma boîte mail avec mon portable, j'ignore combien le voyage m'en a coûté mais il fallait voir si A. ou G. m'avait répondu. Rien sinon les remerciements de mon professeur de philo pour les cours envoyés ainsi qu'une remarque concernant un lapsus dans un de mes cours.

Mardi, je me lève avec l'idée fulgurante qu'aucun réseau internet ne traverse mon appartement, les pièces sont comme vidées de quelque chose, d'un lien infini sur le monde. Tout est profondément présent, réel, austère, il n'y a pas de réalité qui se cache comme celle que cache internet, tout est affreusement là. Il y a au mieux le contenu des livres, de la radio, de la télé, de la musique, des personnes, il faut que je sorte au plus vite de l'appartement.

Le journal intime est le genre littéraire qui nous fait le plus ressentir cette sorte de "vie par procuration" que certaines personnes invoque devant une personne qui lirait trop et oublierait presque de vivre pour finir par s'enfoncer dans ce qu'on appelle le bovarysme.

Je me frotte à l'homosexualité de Hervé Guibert, ce n'est pas une chose qui m'est naturellement envisageable, je trouve ça mystérieux, étrange en même temps qu'intéressant, si l'on parle de "culture gay" c'est bien parce que cette sexualité change les moindres aspects de la vie. Il y a une violence inhérente à l'amour entre deux hommes, c'est impossible de passer à côté de ça, quand Hervé Guibert parle de sexe, il en parle comme d'une lutte langoureuse, c'est violent, jamais érotique, toujours pornographique. Il est dur de ne pas être homosexuel sans le revendiquer, le choix est en lui-même une revendication de par les efforts, les justifications que l'environnement réclame. Nous vivons dans une société elle-même hétérosexuelle.

Je glisse un crayon entre les pages du livre, j'ai envie d'écouter de la musique, mon étagère à CD est juste à côté de mon lit, je parcours des yeux les rangées en attendant qu'un CD me dise quelque chose. Je tends à Emile "Free the Bees" des Bees, je lui dis de me le mettre et de monter le son à 18. J'ai passé ma 4ème a écouter ce Cd qui est l'une des musiques les plus riches qui m'ait été donné d'écouter. Inavouable fierté de ne pas avoir perdu mon temps à écouter des cochonneries, très tôt j'ai su où il fallait aller, je n'ai bien que ce mérite.

Je me plonge dans mon lit, je danse dans ma tête tout en fixant ma tasse de café. Je porte une jupe et un polo 60's et je twiste, plan large de la caméra, petit budget. Dans ma jeunesse je tournais énormément de clips dans ma tête, je voulais en faire un métier, c'est une chose très libre et très enfantine que de tourner un clip, c'est comme un caprice qui n'engage en rien.

Je me maquille de quelques touches de blush sur les pommettes, c'est ma mère qui me l'a acheté. Il y a quelques semaines j'avais essayé un vieux blush appartenant à ma soeur, un peu comme ça, pour m'amuser, pour le plaisir du changement facile, de l'aventure à moindre coût. Je me maquille toujours pour "voir ce que ça donne" puis quand cela se révèle joli je finis par aller en cours avec. Le blush fait ressortir les vestiges de candeur qu'il reste à mon visage, la bonhomie liée à sa rondeur, à mes gros yeux cernés.

J'enfile ma veste en cuir que je ne mets que trop rarement car elle ne va pas avec tous mes pantalons, le cuir est traité de façon à être mat, mes copines me taquinent en me disant que ce n'est pas du vrai et je fais mine de chouiner. J'ai eu cette veste pour Noël, je l'avais repérée très tôt dans l'année, je l'avais touché, puis son prix ainsi que le manque cruel de taille vu son succès m'avait tout de suite fait perdre mes illusions, je ne l'aurai jamais. Puis sont venus les soldes et les tailles avec.

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Harold et Maude : 2/5

Au Mcdo St-Michel, je suis en train de poster sur mon blog.
Charlette : de quoi ça parle ?
de ma journée d'hier
Cécilia : de quoi tu veux que ça parle ? de ta journée d'il y a un an ? parce que ta journée d'il y a un an tu l'as déjà racontée.

Correspondance entre le film regardé hier, 17 fois Cécile Cassard et l'écran de mon ordinateur 17 pouces. J'ai tenu une heure devant le film.

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