jeudi 13 mars 2008

J'ai téléchargé un logiciel qui me permet d'avoir des Post-it virtuel sur mon bureau, j'ai pensé que ça pouvait être pratique. Je suis toujours en train d'ouvrir des fichiers Word dans lesquels je note quelques idées ou des titres de livres à lire, de films à voir et puis je dois les enregistrer, donner des noms à ces documents de quelques lignes, cela commençait à lentement m'encombrer et parfois quand mon ordinateur buguait je perdais tout, j'essayais de me persuader que je ne perdais rien d'important alors que parfois ça l'était et je me promettais d'être plus prudente la prochaine fois. J'ai noté une série de choses à faire pour demain, pour aujourd'hui je l'ai déjà faite et ça a plutôt bien marcher. Je ne supprime pas les tâches accomplies, je ne fais que les barrer pour me donner l'impression que ça avance, que je fais quelque chose. Depuis un certain temps je commence à avoir très peur du temps gâché et j'ai besoin de ces listes, ce sont les seuls choses qui me semblent un peu rigides dans ma vie, sur lesquelles je peux m'appuyer, j'imagine que ce sont de fidèles compte-rendus de mes journées, et par accumulation, de ma vie. Demain j'aimerais trouver la force d'aller au musée et au cinéma. Ce sont toujours les premiers instants du réveil qui conditionnent le reste de ma journée. Si je me lève et que ma chambre est joliment éclairée par le soleil je serais alors motivée pour m'habiller et sortir, si le ciel est gris je reste chez moi, je passe ma journée à vérifier frénétiquement ma boîte mail, les commentaires de mes blogs, le forum que je fréquente. J'actualise les pages, je bois du café et du Coca Cola Light, je lis un livre de poche au fond de mon lit, parfois je jette un long regard par la fenêtre et je regrette d'être aussi paresseuse, d'être influencée par des choses qui ne veulent rien dire. Un ciel gris n'est porteur d'aucun sens, ne prédit rien. et quand 20h50 sonne, quand c'est le moment du film du soir, j'éteins les lumières de la chambre et je regarde un film à moi, plus ou moins simultanément avec les gens qui regardent la télé. J'ai une grande sympathie pour les films qui durent une heure trente voire moins. Le film se finit, c'est alors le moment de vivre mon insomnie, la journée a filé.

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Le jour où j'ai su que j'avais envie d'écrire un recueil de nouvelles j'ai vraiment eu l'impression d'avoir résolu tous les grands problèmes de ma vie, le problème de mon bonheur et l'occupation de mon temps libre pour les années à venir. je marchais dans la rue, les mains dans les manches de mon manteau, l'idée se tricotait doucement, mon pas se faisait plus leste, les idées fusaient dans ma tête, je tentais de les retenir à l'aide de mot-clé, je m'imaginais empoigner un stylo et tout écrire, tout restituer, passer mes nuits à travailler égoïstement à mon bonheur sans jamais penser aux autres. Pleurer de joie à la relecture, ne plus jamais dormir, être définitivement contente et fière de moi.

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Je regarde Fargo sur mon ordinateur, toutes les lumières sont éteintes pour ma concentration, Emile m'appelle et me demande de lui apporter du papier toilettes. Je lui dis qu'il y en a, j'ai l'image du rouleau à peine entamé d'il y a 10 minutes, il me dit que non il n'y en a pas, je lui dis de regarder autour de lui, parfois le rouleau est derrière nous près de la chasse d'eau et on ne le voit pas ou alors c'est trop tard. Il me dit qu'il n'y en a pas. Je me lève, sûrement en soupirant, j'en sors deux du placard et les positionnent sur l'espèce de tringle. Je lui dis que ça sent vraiment mauvais, il me répond que c'est parce qu'il vient de faire caca, je lui rétorque sans m'énerver, plutôt sur le ton qu'une personne prendrait pour donner un conseil, que quand c'est comme ça il doit fermer la porte. Je pars en fermant la porte et je retourne à mon film.

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J'ai rendez-vous au restaurant avec mes copines pour l'anniversaire de Cécilia, nous sommes en plein dans les vacances de février, je redoute un peu les retrouvailles, cela va faire une semaine que je n'ai pas vu la bande mise à part Julie que j'ai vu vendredi au cinéma, il y aura une légère intimidation vers le début puis peu à peu nous retrouverons nos sujets de conversation favoris, les diverses choses que nous avons en commun. Je porte un pantalon pattes d'éléphant marron, une marinière, des chaussures à talons compensées marrons, un long manteau gris, une écharpe grise et un petit sac gris trop étroit pour accueillir tous mes effets personnels. J'ai eu la brève inquiétude de la dysharmonie de ma tenue, du gris qui n'allait pas avec le marron mais quand je porte le manteau fermé le marron se fait oublier et quand je l'enlève c'est alors le gris qui disparaît. Quand je suis en vacances je peux porter toute une semaine la même tenue car je vois rarement du monde et rarement les mêmes personnes et que certaines tenues sont à mes yeux tellement belles et me mettent si bien en valeur que j'ai envie qu'un maximum de gens me voient avec dans la rue, dans le métro et même au cinéma quand les lumières sont allumées tout au début, même avant les bandes-annonces. Du fait de mon sac trop petit je porte le cadeau pour Cécilia dans mes mains, dans un petit sac Fnac. Dans le train qui me transportait jusqu'à la Défense j'ai eu une grande envie de me moucher et rien pour le faire, c'était vraiment la misère, j'en étais à un point où renifler ne servait plus à rien. Depuis près d'un mois ma mère oublie d'acheter des paquets de mouchoirs de poche, j'avais toujours l'habitude d'en glisser un dans mon sac avant de partir au lycée ou n'importe où, parfois ils s'accumulaient et je pouvais en avoir jusqu'à trois dans mon sac. Je rêvais alors de me moucher et la lecture qui contraignait ma tête à se baisser pour lire n'arrangeait rien. Une fois sortie du train j'avais la violente impression que tout le monde me fixait. Je suis allée dans des toilettes arracher un bout de papier toilettes rêche, à ce stade là même le papier d'un quelconque magazine gratuit aurait fait l'affaire. J'étais en avance pour le rendez-vous de 19h30. J'avais plus ou moins calculé cette avance, ça me laissait le temps d'acheter un DVD qu'il me fallait pour mon TPE, j'avais un peu plus de 10 minutes, je savais plus ou moins où se trouvait le DVD, je me faisais confiance.
Comme le cadeau de Cécilia se trouvait dans un sac Fnac et que je voulais pas avoir d'embrouilles avec le vigile j'ai sorti le paquet du sac que j'ai enfoncé dans mon petit sac gris et j'ai tenu le paquet à la main. Le truc me coûtat 26,32€, la fille glissat dans le sac deux bons de 3€ chacun qu'ils offrent pour tout achat d'un CD ou d'un DVD. Au début j'étais partie pour acheter le DVD sur internet parce qu'il ne coûtait que 20€ mais avec ces chèques j'ai eu la bonne surprise de me rendre compte que ça revenait au même, j'avais eu de la chance.

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Les filles étaient là, devant le Viagio, un restaurant du Dôme que je n'ai pas encore essayé, une sorte de fast-food de pâtes, sur leur site internet il y avait marqué "l'alternative à l'hamburger" et j'avais envie d'y croire. J'avais bien rappelé aux filles que comme c'était l'anniversaire de Cécilia on lui paiera sa part, j'aimais bien respecter et faire respecter ce genre de principe, j'avais l'impression d'être ma mère ou n'importe quelle autre femme sérieuse. On a fait directement la queue, puis on s'est aperçu qu'il nous fallait du temps. Julie nous a distribué des petits menus de poche et nous nous sommes mises sur le côté pour les déchiffrer et assimiler toute l'étendue des choix. Je suis toujours un peux excitée à l'idée de faire ce que je veux de mon argent, l'idée de pouvoir m'offrir la vraie glace italienne à 3 boules ou le menu maxi salade, cette liberté est réjouissante. A une époque je ne pensais qu'à ça, qu'à la réalisation concrète et progressive de mon indépendance et maintenant que j'y suis je pense à autre chose, je pense à mon futur studio et à sa décoration. Nous sommes retourné dans la queue, j'ai commandé le Menu Salade avec un Coca Light et la salade Caesar, c'est la seule que je connais bien, je sais qu'il y a du poulet dedans, je la visualise dans ma tête. La fille sort un nouveau plateau, se retourne, les aliments sont répartis un peu partout derrière elle, elle remplit le Coca, accomplit les choses consciencieusement et pas du tout rapidement. J'ai aussi commandé un Cappuccino, elle m'a demandé à deux reprises si je voulais le prendre tout de suite, la première fois je lui ai dit "eeuuh oui" parce que j'avais la flemme de revenir, la deuxième fois j'ai su que je devais bien répondre pour qu'elle me lâche et j'ai dit "non". Je me suis imaginé manger ma salade et finir mon Coca, ça mettrait un peu plus de 15 minutes et le cappuccino aurait refroidi, finalement j'avais bien fait de l'écouter. On s'était arrangé avec Charlette pour qu'elle paye le menu de Cécilia et ensuite on se débrouillerait pour diviser l'addition par trois. Ca revenait à environ 2 euros chacune. On s'est assise avec nos plateaux, prêtes à manger, j'avais faim, mon dernier repas remontait à environ 5 heures. J'ai chuchoté à Julie qu'on pouvait lui donner maintenant les cadeaux, elle n'était pas contre alors j'ai sorti le petit paquet emballé dans du papier kraft. Je n'avais que ça chez moi, Noël ayant liquidé les quelques pans de papier cadeaux qu'ils nous restaient, et puis on a pris l'habitude d'emballer les cadeaux dans le magasin où on les avaient achetés mais à la Fnac j'avais complètement oublié de demander une pochette cadeau. En temps normal le papier kraft me servait à emballer les objets à expédier que j'avais vendus sur Ebay, mon père m'en ramenait des rouleaux entier de son travail, je ne savais pas où les mettre alors je pliais la grande feuille de kraft et je la glissais sous mon lit, à force elle devenait très chiffonnée mais je me persuadais que ça devait avoir son charme. Sur le paquet j'avais marqué au stylo noir "Bon Anniversaire meuf", les mots les uns au dessous des autres. En l'ouvrant elle ne l'a même pas vu et j'ai dû le lui faire remarquer, ça perdait de sa spontanéité. C'était deux livres, Extension du domaine de la lutte et le recueil de poèmes La poursuite du bonheur de Michel Houellebecq. Elle n'étais pas très démonstrative, à sa place j'aurai déjà été surprise à l'idée que l'on m'offre des cadeaux et puis j'aime tellement qu'on m'offre des livres même si je crois qu'on m'en a jamais offert de ma life ou alors je les demandais. Elle m'a fait la bise, m'a attiré vers elle en me disant "viens par là" et puis voilà, c'était fini. * Vers 19h je suis allée au cinéma, j'avais passé la journée dans la chambre de mon frère, à travailler mon TPE et à me faire des cafés, à trainer dans la maison et à m'éclater des boutons, j'avais aussi pris une douche, coiffé mes cheveux, remarqué que je n'écoutais plus de musique depuis quelques temps mais ça ne m'inquiétais pas trop comme je compensais par beaucoup de lectures et de visionnage de film, j'ai toujours tenu à rester culturellement active, je vois pas ça comme une course, plutôt comme la seule vraie preuve d'évolution, de changement.

A midi j'avais mangé du hâchis parmentier Picard un peu dégueulasse comparé à d'autres trucs et un yahourt au caramel qui m'avait écoeuré parce que j'en pouvais plus, que j'avais déjà trop mangé. (en cours)

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