mardi 18 mars 2008

Nous sommes invités chez la femme qui héberge notre cousine libanaise le temps de ses études et qui repart un mois pour renouveler son visa. c'est le dimanche des rameaux, l'atmosphère est particulièrement familiale un peu partout, ça se ressent dans les vêtements qu'on porte, tous plus ou moins endimanchés sans le ridicule de notre enfance. les gens vont en famille chez les uns et les autres, il fait chaud et depuis quelques jours on peut remarquer que la nature exhale ses odeurs, sa transpiration, passer devant un buisson redevient émouvant. j'ai une heure pour me préparer, emile et myriam sont à l'église et ont pris la précaution de ne pas me réveiller. je peux boire mon café en silence, me laver avec le nouveau gel douche à la menthe, écouter david bowie assez fort pour partager ce moment avec les voisins. notre cousine nous a demandé de porter du rouge et du blanc, on n'en voyait pas la raison, à première vue on trouvait ça un peu puérile et dépassé pour son âge (22) mais on a su par la suite que c'était parce que c'était une partie des couleurs du drapeau libanais. Je porte une chemise blanche et un cardigan rouge en laine bouillie. javais juste espéré que la nana chez qui ont allait avait une bibliothèque intéréssante où j'aurai pu fouiner avec les yeux.

*

je me suis ennuyée toute la première heure, personne ne venait me parler et je ne mangeais rien. dans la bibliothèque on pouvait distinguer des livres de kundera, john irving, anna gavalda, "le meilleur des mondes" et d'autres écrivains que j'ai oublié. c'était une bibliothèque qui me faisait penser à celle des parents des enfants que je gardais, on y retrouvait les mêmes écrivains, peut-être les préférés des français. à côté il y avait la discothèque où une cinquantaine de cds ou un peu plus étaient serrés les uns contre les autres, il y avait beaucoup de variété française, olivia ruiz et tous ces gens à achever, un cd de miles davis, des compilations pour faire la fête, on sentait un léger désintérêt pour la musique.

ma cousine s'est levé pour mettre un cd, je ne sais pas si on lui avait demandé d'en mettre un spécialement mais elle a choisi un best of des Doors, j'ai passé cette première heure ennuyeuse à écouter les chansons, je les trouvais plus longues que d'habitude, je repensais à mon exposé de 3eme en cours de musique, mon nom y était marqué en très gros dessus, en y repensant j'ai eu un peu honte d'avoir fait preuve d'autant d'égocentrisme et puis finalement je me suis souvenue
que tout le monde craignait un peu dans ce collège.
j'avais eu 10/10, à une époque je pouvais exceller dans certain domaine.

on s'est retrouvé très tard à table, c'est un déjeuner informel où l'on mange ce que les femmes ont voulu cuisiner, des trucs libanais et des salades dans des assiettes cartonnées en forme de fleurs, on boit doucement du vin, du coca cola, de l'eau gazeuse ou plate dans des gobelets en plastique où nos noms sont écrits en français et en libanais. je n'ai pas beaucoup mangé, je trouvais la nourriture fade avec un de ces arrière-gout amer qui montre que l'harmonie des ingrédient n'a pas opérée. Seul le poulet au riz était bien délicieux, j'en ai repris 3 fois mais à chaque fois c'était un tout petit peu, c'est toujours un peu délicat de se resservir, c'est comparable à du sport.
Je parlais soit à ma soeur qui était à côté de moi soit au neveu de mon père qu'on a emmené avec nous en voiture, il est sympa, il fait un stage chez HSBC, c'est mon père qui l'a pistonné si on peut dire ça. Il m'a demandé ce que je faisais et ce que je voulais faire plus tard, j'ai répondu "éditrice ou écrivain", en fait ça dépend de mes humeurs, je commence toujours par un "je sais pas" parce que c'est vrai, l'avenir me semble toujours puer un peu, je ne me vois ni grande, ni heureuse ni plus épanouie que maintenant, je n'ose pas espérer mais j'espère vraiment faire et être comme je veux.

Puisqu'on parlait surtout du Liban autour de la table et bien je lui ai dit que si un jour j'écrivais un livre je voulais surtout pas qu'on parle de mes origines, parce que je sais comment les gens nous voient après, ils ramènent tout ce qu'on dit à notre pays, ils vont me parler du traumatisme de la guerre alors que je suis née en 1991 et à Paris. On m'invitera dans les émissions de France Inter où il passe de la musique du monde entre les émissions, ça va me faire chier et je voudrais plus écrire.

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