samedi 15 mars 2008

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Les cours avaient repris, ma besace préférée était pleine de cahiers, mon renoncement à travailler pouvait se remarquer par le nombre impressionnant de "feuilles volantes" qui dépassaient de partout, qui finissait par avoir les bords déglingués. Je ne prenais plus la peine de ramener certains classeurs, certains manuels, de coller les feuilles, de me soucier de la bonne tenue des cahiers et, chose encore plus grave et porteuse de sens : je n'apportais plus mon agenda. J'écrivais tout dans mon petit carnet normalement réservée à mes idées. Donc c'était la reprise des cours, ce n'était pas si douloureux que ça, nous sommes 20 dans la classe ce qui rend le choc moins rude et l'occasion d'avoir des ennemis plus faible que dans une classe de 35. Globalement je supportais tout le monde, on était finalement assez soudé et je ne cotôyais personne d'autres qu'eux dans le lycée car je ne descends jamais en récré, soit je reste dans la classe à discuter ou à lire le livre que j'ai ramené avec moi, soit je passe mon temps libre entre les couloirs et les toilettes.
Je remarquais de plus en plus souvent qu'aller à l'école c'était choisir de mener une vie d'ascète en quelque sorte. Accepter de ne pas manger pendant des heures, sentir son ventre se manifester, rester immobile, mâcher de déprimants chewing-gum papaye-menthol assise sur une chaise, s'échanger les paquets avec les copines, tenir son stylo, garder ses yeux ouverts, s'asseoir au foyer et déjeuner d'une part de tarte faite maison puis feuilleter des magazines en attendant la suite, être fatiguée le matin comme l'après-midi, sortir de l'établissement vers les 16h complètement lessivé comme on dit, manifester toujours le même contentement, puis accepter la pluie, enfiler son bonnet, sa capuche, ouvrir son parapluie, ou mettre son écharpe sur la tête.

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