mardi 18 mars 2008

parfois je regardais à l'autre bout de la table pour voir comment les choses se présentaient, les adultes parlaient et comme par une magie qui me surprend toujours un peu ils en venaient à oublier leur assiette, mangeaient sans y penser et ne pensaient qu'à discuter, je trouvais ça très noble et beau, j'aurai voulu être à leur place et que quelqu'un m'observe, c'était un film de Rohmer. ces repas aux plats dépareillés, la discussion initiale qui finit toujours par se ramifier en une multitude de petites discussions indépendantes, je n'ai jamais connu scène où l'inconscience d'être heureux était aussi parfaite, j'aurai voulu y adhérer, être des leurs, comme à chaque fois.

*

pour le dessert on avait droit à une salade d'orange qui baignait dans son jus, j'ai dit à ma soeur "c'est bizarre de boire du jus d'orange à la cuillère", comme si c'était de la soupe. mais c'était bon, on sentait les vitamines couler dans nos corps. on a enchainé sur des tranches de gâteau saturées de chocolat mais pas aussi écoeurantes qu'un brownie, puis du café servit dans des verres en plastique aux parois pleines de buée. les enfants des couples étaient bien excités, je ne leurs trouvais aucun charme malgré leurs vêtements colorés et leurs visages réguliers d'anges, ils étaient profondément emmerdants, criaient et ne produisaient rien durant des années entières et pourtant on leur vouait un culte que les vieilles personnes méritent autant qu'eux. je tentais de les ignorer.

1 commentaire:

Pierre a dit…

Ya beaucoup de talent dans tout ce que t'écrit.

Et puis j'adore ces descriptions des petites choses de la vie qui ont l'air de rien, et que tu décrit avec tellement de justesse et.. heu je dirais d'humanité.

Putain je parle comme ma prof de français.

En tout cas continue.