jeudi 13 mars 2008


J'ai enfilé un ancien et long manteau noir, assez doux au toucher, presque comme du velours, il a l'avantage d'avoir des poches assez grandes pour que j'y fasse glisser un livre de poche et ainsi délester d'une chose mon étroit sac gris. J'avais enroulé plusieurs fois une écharpe autour de mon cou, je crois avoir laissé mes cheveux coincés dedans, elle était aussi noire et très bon marché, à ma demande ma mère m'avait enlevé les franches qui pendaient de part et d'autre de l'écharpe, ça faisait d'elle un objet unique, parfois j'y pensais.

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Une fois arrivée devant le cinéma j'ai regardé sur l'écran s'il restait des places pour la séance, je n'étais pas tellement inquiète. En restant immobile quelques secondes j'ai pu entendre une fille qui n'arrêtait pas de dire "j'aimerais bien voir ce que ça donne" ou encore "j'ai pas vu ce que ça donne", ça me gênait pas, ça ne m'irritait pas non plus, c'était pas une expression si désagréable, j'ai pensé qu'il y avait pire et que je ne ressentais aucune haine envers cette nana là. J'ai pris les escalators, j'ai aperçu un homme qui devait être en train d'attendre quelqu'un ou quelque chose, il portait des lunettes comme moi, dans l'ensemble je le trouvais beau et il avait l'air seul, le temps d'une seconde j'ai eu envie de le prendre avec moi à ma séance, flirter gentiment avec lui, rentrer chez moi et regretter de n'avoir rien entrepris au niveau du rapprochement des corps, en clair je voulais qu'il se passe quelque chose dans ma vie. La séance finirait relativement tôt, on aurait eu le temps de se balader dans des endroits moches et de s'en moquer. Une fois de plus, ce qui m'arrachait le coeur c'était de laisser filer et s'enfuir tous ces hommes que j'ai croisé et que je savais fait pour moi, c'est souvent comme ça, ça peut m'arriver jusqu'à 5 fois dans une journée, à force on encaisse et on retourne à sa lecture en priant pour que la vérité y soit.
J'ai retiré ma place dans une borne d'achat, j'ai vu plein de monde entrer et sortir du cinéma, des familles et des couples bien sympathiques, le temps d'une minute j'étais vraiment contente, l'euphorie me montait aux joues à la vision de tous ces gens qui ont décidé plus ou moins en même temps de se divertir, d'oublier le travail et la télévision, de prendre la voiture et d'aller regarder un film sur un écran plus grand qu'eux les bras levés. Il y a des hauts et des bas mais en prend encore le temps d'aller au cinéma, on ne se lasse pas de voir des acteurs bouger, on aime les histoires folles, on aime la fiction parce que ce n'est pas la réalité et la réalité c'est un mot super flippant qui connote pour chacun des choses encore plus flippantes, c'est la panique.

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