jeudi 13 mars 2008

Je me souviens d'E. qui m'avait fait écouté chez lui "tonight we fly" du groupe the divine comedy, ses enceintes étaient grosses et en mesure de faire trembler la table en bois sur laquelle elles étaient posées. Il me traduisait les paroles par dessus la musique, je me souviens encore du délicieux décalage qu'il y avait entre la voix mélodieuse et aérienne de Neil Hannon et la voix monocorde et grave d'E., concentré, qui m'en révélait toujours un peu plus. On avait passé l'après-midi ensemble, un de ces après-midi que je passe avec des gens que je connais à peine et que je n'arriverais jamais à oublier parfaitement. Ces souvenirs me font, dans une certaine mesure, toujours un peu mal. Parfois on devrait nous accorder une fonction nettoyage de disque et défragmentation, on serait alors plus léger et souriant. J'ai écouté la musique très fort, j'ai fait ça pendant une heure, de toute façon c'était maintenant où jamais, il n'y avait personne à la maison et il fallait que j'en profite, une fois ma soeur ou mon père rentrés j'allais devoir baisser le son et passer à une autre occupation plus silencieuse, voire silencieuse tout court.

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Je me disais qu'un jour j'allais amèrement et violemment regretter d'avoir quitté Baptiste, pour l'instant ça allait, j'éprouvais juste une plus grande sympathie pour lui qu'il y a 6 mois mais ça ne me gênait pas trop de me dire que tout ça ne m'appartenait plus tellement. Quand ce jour arrivera j'imagine que je n'entreprendrais rien.

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Il était venu dans le lit de ma soeur pour regarder les gens dans la rue, leur "médiocritesse" comme il disait puis finalement il s'est endormi, en slip et débardeur, je l'ai laissé faire, je l'ai laissé se glisser dans la couverture et perdre conscience pendant que je travaillais studieusement sur mon bureau blanc. Il s'est réveillé environ 2 heures après, il bougeait un peu, il bougeait de façon consciente. Ses joues étaient roses et ça me faisait penser à un tableau de Toulouse-Lautrec avec deux hommes qui dorment confortablement dans un lit et que j'avais acheté en carte postale au Musée d'Orsay parce que cette peinture m'apaisait et me réconfortait. Je lui ai dit qu'il pouvait se rendormir et prendre son temps et que la vie était belle. J'ai mis mon CD de Ziggy Stardust, je voulais l'imprégner de bonne musique dans son sommeil comme dans "Le meilleur des mondes". je faisais des aller-retour dans l'appartement, je sortais de la douche, j'étais bien propre. Il a commencé à retenir la mélodie et la structure de "Starman", il pouvait la distinguer des autres et il lui mettait 5/5.

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je lui ai dit que s'il voulait je pouvais lui filer un best of de David Bowie qu'il pourra écouter quand il le désire dans sa chambre, il y tenait pas tellement, il pensait qu'à "Starman" et il s'était empressé de la téléchargé sur Limewire, ça lui suffisait, il n'avait pas la curiosité de jeter un oeil au reste. On a quand même écouté le best of sur son ordinateur, je lui ai dit "ça va pas du tout ce son, viens on va l'écouter au salon". Au salon on a une belle chaine hi-fi qui lit les mp3, les dvds et les clés USB, elle est super classe avec un son qui te fait redécouvrir n'importe quelle chanson même celle que tu connais le mieux, et personne ne l'utilise j'ai l'impression. David Bowie c'était parfait, ces chansons explosent toujours au bout d'un moment, la montée dramatique est progressive. Arrivé au point culminant, on atteint quelque chose d'assez proche de l'idée que je me fais de la perfection. Cest le climax, le dénouement, celui qui te dit tout sur la vie et la façon dont les larmes montent vers le visage. Emile pensait encore et toujours à "Starman", j'ai dû lui demander de s'asseoir et d'écouter au lieu de danser, je voulais qu'il note sur 5 les chansons, qu'il cherche au fond de lui si finalement celle-ci n'était pas mieux que "Starman". Ca a atteint les 4,5/5, c'était un bon début. J'étais assise par terre au niveau de la chaîne et lui il était debout devant le canapé, il se regardait danser dans le reflet de la vitre, avec la nuit il pouvait bien se voir. Parfois on s'amusait à imiter un chef d'orchestre quand il y avait des violons, ou alors on faisait la batterie ou la guitare, quoi qu'il en soit nous faisions de grands gestes avec nos bras.

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