vendredi 17 avril 2009

Au Mcdo de la Défense. Le sentiment qu'il suffit de faire deux fois la même chose pour pouvoir parler d'habitude.

Hier j'avais chaud aujourd'hui j'ai froid, hier j'ai pris un coca light, aujourd'hui je prends un cappucino et je reste 1h47 comme ça, peu réceptive à ce qui m'entoure sinon à mon environnement direct, c'est à dire cet espagnol qui est venu se poser avec son ordinateur devant moi, il a dû chercher un endroit pour se poser et en me voyant il en a déduit que c'était ici "le coin ordinateur". Son pc est minuscule, la taille du mien divisé par 4, il fait presque la taille d'une boite d'hamburger en carton, l'image est amusante.
A côté de lui une famille parle en langage des signes, malgré le bruit je sens près de moi ce petit territoire de silence dans lequel je me reconnais et m'inclus, je décide de m'y concentrer, d'y prendre part et je finis par reconnaître l'infinie supériorité du silence sur la parole qui inévitablement finit par devenir du bruit.

Cette façon qu'à Marie d'aborder n'importe qui, pour un oui ou pour un non, dans la rue, au restaurant, partout, ce côté sans-gêne qui parfois s'avère bien utile, fais qu'elle aura au moins tout tenter. A chaque fois que j'y suis confrontée je rigole comme pour m'excuser à sa place, pour montrer que tout cela n'a rien d'une décision concertée, que je suis autant qu'eux prise par surprise. Cette sorte de naïveté à croire qu'on ne dérange jamais les gens, eux aussi ne demandent qu'à être dérangés mais finissent par croire qu'ils n'aiment pas ça.

Il boit une bière à une table, près des bus, je me rappelle de lui, j'avais son visage sur le bout de la langue. J'avance vers lui, je m'engage pour au moins 3 heures, j'espère seulement que ça va bien se passer. Il me prend un café, je lui prête des livres de Sartre, il m'offre un Delillo et un film, Wanda. Cette manie qu'il a de toujours m'offrir des livres, chez lui je ne trouve pas ça déplacé, j'ai l'impression qu'il cherche à me protéger et qu'il n'a trouvé que ce moyen.

Le sentiment que ces vacances me resteront longtemps en mémoire. D'abord ce sac à dos que je vais devoir me trimballer jusqu'à la fin des vacances et que je vais finir par ne plus voir comme avant, je ne l'ai jamais vraiment aimé, il a toujours trop entravé ma féminité. Ces sessions internet au milieu de l'agitation, les cafés et les restaurants avec Cécilia que je n'ai jamais connu mieux qu'en vacances, quand on va au cinéma ou acheter des livres. L'impression qu'en période de cours elle m'échappe totalement, que l'on s'éloigne l'une de l'autre dans l'attente des prochaines vacances. Puis Gabriel que j'ai vu, A. que je risque de voir, J. que je veux voir pour le plaisir de faire éclater dans l'air une conversation sur le cinéma puis pour finir la lecture d'Hervé Guibert, cette vie dans ma vie, cette conscience écrivante qui semble se déployer au moment où je la lis.

J'ai commencé à mentir à ma mère pour mardi soir, je lui ai dit que je dormais chez une copine qui n'habite pas loin, il s'agit de Marie. Tout semble être en place, il ne reste plus que sa confirmation. Je redoute je redoute, j'ai lancé les paris, Cécilia dit qu'il ne va pas annuler, Marie dit carrément qu'il va oublier. Je suis du côté de Marie mais j'encourage Cécilia a espérer pour moi, sorte d'espoir désespéré.

Plusieurs fois j'ai eu ce désir de donner une suite aux Parti pris des choses de Francis Ponge,Son entreprise littéraire qui me paraît aussi passionnante qu'interminable. Je sens comme une complicité qui me relit à ce livre autant qu'à cet écrivain. Le sentiment que dans sa solitude et ce qu'il appelait "le drame du langage" Francis Ponge avait des intentions à mon égard.

Ces "50 personnes" de la note précédente ça ne lui a pas plu. Au moment où je l'écrivais je savais ce que j'étais en train de faire, ce que ça voulait dire. Que dire sinon que je n'englobe personne, que ces personnes je m'en souviens de toutes en particulier, qu'au moment de les voir c'était du sérieux, ce n'était pas "une de plus", mais un réel désir. 50 c'est beaucoup, mais on peut bien faire les choses 50 fois. Cette sorte d'addiction aux rencontres, dans un monde où tout est trop à sa place. Je lui explique mon dilemme : où je prends en compte l'opinion des personnes qui me lisent et qui me connaissent et alors je me censure ou alors je fais mine de ne rien savoir et alors je parais agir de manière inconséquente, irresponsable mais au moins j'ai la sensation que ce blog m'appartient. De toute façon je me censure déjà énormément. [L'idée de tout recommencer autre part, anonymement.]

Il commande une salade Océane, je commande une Dame Blanche qui finit de fondre en attendant que la salade de Gabriel arrive, c'est toujours délicat de faire attendre une glace.

"tu vas dans la rue et tu fais de la science-fiction".
Gabriel me dit ça, en parlant de ce que j'écris, je comprends à demi-mot ce qu'il me dit, disons que cela fait écho à une de mes secrètes intentions qui est de rendre la réalité plus attrayante, de faire en quelque sorte sa pub en même temps que je fais la mienne.

Cette pâtisserie tunisienne à St-Michel, à chaque fois c'est la même histoire, j'oblige Cécilia a m'y emmener pour prendre un dessert puis je finis devant la vitrine à ne pas savoir me décider, à les juger une par une bonne/pas bonne, puis à trouver les pâtisseries chères, enfin je repars bredouille. Peut-être que la vitrine suffit.

Cette nouvelle coiffure de vacances que je commence à bien aimer. De chaque côté du crâne des mèches que je plaque à l'aide de barrettes, c'est net, c'est propre, je réponds à mon désir de lâcher mes cheveux sans les sentir me venir sur la figure, j'ai aussi du plaisir à réajuster les barrettes quand je les sens lâcher.

Mon père "a sa journée", nous comptons aller au restaurant et devant le manque d'initiative je propose à la famille d'aller au Lutèce, le restaurant de la bande des meufs. Mon père sait que je n'aime pas les chaînes de restaurant (bon ce n'est pas très original), je crois que j'en avais parlé à ma soeur et je pensais qu'il n'écoutait pas. Il me dit "t'aimes pas les chaînes toi, t'es déchaînée".

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