jeudi 24 juillet 2008

Je me lève une première fois sur les coups de 10 heures, je ne programme même plus de réveil sur mon portable, je fais ça déjà toute l'année, depuis seulement quelques jours je m'autorise une liberté totale concernant l'emploi de mon temps et la répartition de mon sommeil.
Ensuite ne sachant pas quoi faire de mieux je me glisse dans mon lit, j'y retrouve la bonne sensation d'être allongée, les membres engourdis, l'immense journée encore entre mes mains comme une manette de nintendo moite à force d'être tenue. Là je me laisse envoûter par une fatigue de fin de matinée, sentant encore les céréales et le café au fond du ventre. Je replonge dans mon sommeil comme on se replonge dans une lecture.

Il est dans les 14 heures quand je me lève pour la deuxième fois, la joue humide (je suis désolée de vous dire ça mais je bave beaucoup en ce moment), le soleil en désordre dans la chambre, sur le visage mais pas dans le cou, sur le bureau mais pas sur l'armoire, mon corps prendre racine sur le matelas, lourd et engourdi, c'est précisément à ce moment-là, après avoir réalisé qui j'étais, où j'étais et à quelle période de l'année nous étions tous que l'envie me prend de tirer chacun de mes membres comme des crackers de Noël. l'appartement est vide, blanc de silence, personne ne me juge, ne me reproche mon levé tardif.

Je commence par la douche, gel douche à la menthe, frictions de la fleur de douche, frictions de la serviette, t-shirt propre, bas de pyjama, robe de chambre comme j'aime, bien serrée au niveau des hanches, pour ne pas qu'elle lâche à la façon d'une queue de cheval de fin de journée d'abord bien en haut de la tête et qui s'affaisserait peu à peu, ou alors une serviette attachée autour du corps et qui lâcherait d'un coup.
Puis le trio vitamines C, coca light et café, flemme de découvrir de nouveaux groupes, de vieux cd qui tournent très vite et qui font de la musique, aujourd'hui les cure, interpol et les smiths, l'ordinateur tout chaud sur les cuisses, les forums, les mails, le blog. Un coup d'oeil par la fenêtre, le soleil qui griffe de façon irrégulière la rue et les immeubles, les passants qui marchent comme dans un mauvais film en 3D qui mettrait en scène un projet de réaménagement de la ville.

P. me propose qu'on aille se boire une grenadine, la grenadine où autre chose, ici la grenadine connote le goût sucré de l'insouciance, des vacances et de la jeunesse, il veut que j'accepte, il vent bien sa proposition. Ça fait tellement de temps qu'on a envie de se voir, à chaque fois il se passait quelque chose : la pluie, ma mère qui vomissait, trop tard, trop tôt, ça semblait compliqué et aujourd'hui on a rusé pour que ça se fasse le plus discrètement possible pour ne pas qu'un autre désistement nous rattrape.
Un polo bleu marine, un jean, les Repetto lamées rouge que ma soeur ne porte plus, une veste rouge vif taille 42 acheté 7€ en soldes il y a quelques années chez h&m. à Eastbourne un mec dont j'étais un peu amoureuse m'avait dit "c'est quoi cette imitation de perfecto?" ça m'avait choqué qu'il soit aussi méchant, surtout qu'elle ne ressemble en rien à un perfecto, les perfecto c'est tout hideux, immettable, la mienne à la classe, la matières est molle, je retrousse les manches. le cabas en nylon bleu marine, plein à craquer pour une raison que j'ignore un peu, le nylon allège considérablement le poids d'un sac.

je prends le train direction saint lazare, on approche des 30°C, je me souviens de la sensation que me procure un 30°C dans l'air, j'arrive à m'y faire, je me décide à mettre mes lunettes de soleil, j'enlève mes wayfarer et j'enfile des ray-ban pilote que j'ai depuis 4 ans et que je n'ai porté qu'une dizaine de fois dans ma vie, sur ma terrasse, au bord d'une piscine pour la lecture et pour pouvoir juger un peu du corps des nanas en maillot sans se faire prendre.

"les avrils ne m'ont jamais dit grand-chose. Les automnes semblent la vraie saison des commencements, les vrais printemps. Ainsi pensais-je, assis avec Holly sur les barreaux du porche de l'embarcadère. Je pensais à l'avenir et parlais du passé, car Holly voulait tout savoir de mon enfance"

le métro, je n'ai toujours pas retenu la correspondance à faire pour me rendre à rambuteau

"Elle tomba à genoux, tâtonnant sous le lit. Quand elle eut trouvé ce qu'elle voulait, une paire de souliers de lézard, elle se mit en quête d'une blouse, d'une ceinture. Il y avait de quoi s'émerveiller de voir qu'émergeant d'un tel fouillis elle pût réussir à donner son impression habituelle de soin, de perfection sereine, comme si elle sortait de la main des esclaves de Cléopâtre."

je suis à arts et métiers, quelque chose qu'avec le recul je juge encore incroyable s'est produit.
j'attendais le métro sur le quai, le livre à la main, le métro d'en face arrive, je lève la tête pour une raison que j'ignore, je regarde les passagers pour une raison que j'ignore, mon regard accroche un corps dans un polo vert salle de bain, le visage est difficilement reconnaissable de si loin, mon cerveau travaille plus que d'habitude, cherche dans sa base de données. C'est X.
un incompréhensible magnétisme le fait 1) me regarder, 2) me reconnaître
une soudaine lueur traverse son visage qui était d'une neutralité dans les traits propre à tout passager, à tout passant.
le choc de l'imprévu, il me fait de larges coucous de sa main aux doigts écartées, je les lui renvois avec un sourire qui devait être timide, embarrassé par le hasard, mais c'était beau et maintenant j'y repense encore avec de la joie dans le coeur, tomber par hasard sur une connaissance, j'aime tellement ça, surtout quand il s'agit de X. Sur le trajet qui mène du métro Rambuteau au gros pot doré qui se trouve devant Beaubourg je sautillais en tapotant un texto à X. pour lui dire ce que je lui aurai dit si j'avais pu lui parler
"trop coul le polo. figure toi que je suis en chemin pour voir ta copine P. bisou"
brièveté mêlée d'humour, bien joué cocotte.

16h50, P. est assis au pied du pot, je ne l'ai jamais vu ni en photo ni en dessin mais je le reconnais, je ne veux pas trop m'étaler sur ce qu'il s'est dit, dans ces cas-là c'est dur de ne pas faire appel à un microphone. Disons que nous étions à l'aise et nos discussions étaient longues et intéressantes, je portais mes lunettes de soleil, ça masquait mes yeux et ma timidité, nous étions dans le café près de la fontaine rigolote à côté de beaubourg, au soleil et bien isolé du reste, au début je trouvais que je disais de la merde, après ça allait, j'étais en confiance, j'arrivais à avoir des idées, à rebondir sur ce qu'il disait, je n'avais pas le cerveau trop paralysé.
Au cours des heures passées à ses côtés il a dû repéré mon manque de confiance en moi pourtant bien dissimulé parce qu'il m'a dit tout à l'heure dans un message privé d'avoir confiance en moi. C'est un brillant interlocuteur, aux acquiescements protecteurs, aux réflexions importantes, les sujets de conversation étaient illimités, globalement nous ne nous connaissions pas et une évidente liberté de paroles émanait de ceci, mais d'un autre côté nous nous connaissions assez pour parler de beaucoup de choses que nous avions en commun. le cinéma, la littérature, nos goûts respectifs, le forum et les personnes que nous avions rencontrées en vrai, internet, mes études et les siennes, les musées et les expositions du moment, la musique, les magazines, les notations de film et les journalistes, tout ces sujets plutôt communs mais abordés sur un ton neuf et différent de celui que je peux avoir avec mes copines, avec d'autres personnes. On en parle, on ne calcule pas, on épuise le sujet, on racle le pot de yaourt, et on passe à autre chose ou alors on passe à autre chose et on l'épuise après, on revient dessus.

Il était quoi, 19 heures quand nous étions déjà dans un autre café, des breakdancers avaient envahi le silence et l'espace près de la fontaine, on ne s'entendait plus, un public s'était formé et du coca light j'étais naturellement passé au cappucino, je commande rarement autre chose, je n'ai qu'à me demander si je veux du froid ou du chaud pour trancher. On se lève pour partir, là encore, paf, je croise B. avec deux de ses amis, A. et C., il habite pas loin d'ici, je fais la bise à tout le monde, présentations mutuelles, il me dit qu'il est trop content de me revoir, ça me choque, non ça m'interpelle, disons que j'ai retenu et que ça m'a touché.
vous croyez être oubliée et abandonnée et puis une journée comme celle-ci se déroule comme de la barbe à papa sur un bâton, divinement bien. les heures se parsèment de rencontres imprévues, de gentillesse, de bienveillance et d'amitié dans les regards et les paroles. vous n'êtes peut-être pas à la hauteur, vous foirez certaines répliques mais vous êtes touché au coeur. Il me dit qu'il a justement lu mon blog aujourd'hui, il a dit un truc assez drôle "j'ai vu plein de livres", rapport à la photo en bas. je lui dis de passer une bonne soirée, il me dit qu'on peut plus trop se voir à cause de b., je lui dis qu'on s'en fiche, j'avais pas la tête à penser à autre chose qu'à ce que je voulais.

on marche vers le métro, j'avais pour projet d'aller voir "Ariane" en plein air à la Villette avec ma soeur mais comme souvent le déroulement des évènements a pris des directions insoupçonnées et j'ai vécu ce genre de moment où la soirée était encore étalée devant moi comme un long et épais tapis rouge qu'il fallait traverser, je jouissais intérieurement de ce que je m'apprêtais à vivre, P. appelait X, on allait manger ensemble et on allait même chez lui, P. le lui a annoncé de façon assez drôle, "tu t'imagines bien que j'emmène avec moi la propriétaire de ce portable"

direction belleville, la marche et le bus, je ne vois rien passé, je ne me souviens de rien, je sais juste que je parlais encore de salinger, qu'on parlait de la mémoire, ", "j'aurai voulu avoir une mémoire de bâtard, te citer des passages entiers, avoir les moyens d'être une intellectuelle", "j'ai l'impression que notre mémoire nous prédestine à quelque chose", "tu crois qu'ils les retiennent comme ça? nan ils les récitent 50 fois", "moi j'apprenais des passages entiers de racine" "et tu t'en souviens?" "alors là...", "d'un roman on en retient qu'un arrière-goût", "mais exactement", "c'est sûr que t'aimes pas salinger", "pourquoi à ton avis j'aime pas salinger?" "parce que c'est trop dans les sentiments, dans le ressenti mais tu vois salinger c'est un peu comme dostoievski il fait genre il te balance une remarque comme ça et toi tu te prends une grosse vérité dans la gueule mine de rien", "moi ce que j'aime dans salinger c'est la solitude adolescente, parce que tu vois y'a quelque chose de stylé, un enfant solitaire t'as envie de le prendre dans tes bras, y'a encore de l'espoir devant lui, alors qu'un adulte solitaire te dégoûte", "je vois rien sans mes lunettes, j'ai la vue d'un grand-père", "t'as combien?", "je sais pas, je retiens pas, mais par exemple là je vois pas ce qu'il y a marqué sur le panneau là", il baisse ses lunettes, "ouais moi non plus", "celui là non plus", "ouais pareil", "celui là non plus", "pareil, on a la même vue de merde", "avant je me disais que j'aimerais porter mes lunettes toute ma vie et puis maintenant je trouve qu'elle me dénature le visage", "oui c'est vrai, bah moi tu vois j'avais une super paire et puis la dernière fois j'étais tout content, j'étais en train d'ouvrir une bouteille de champagne (rire de "j'ai déjà compris la chute") le bouchon m'explose les verres", "t'as eu mal?", "nan mais j'ai flippé", "des bouts de verre qui te rentre dans les yeux", "ouais voilà, mais nan j'ai pas eu mal".

miroir dans le hall, je ne porte pas mes lunettes, j'ai oublié de les remettre et je suis mieux comme ça, l'ascenseur, je n'ai pas trop peur, je n'ai pas le temps d'être excitée, intimidée, il ne se passera rien.
T. nous ouvre, je lui fais la bise, "t'as vu c'était fou de se rencontrer dans le métro, ça arrive pas dans la vraie vie ça", la débile qui entre en scène. l'appartement est vaste, vieux parquet, moulures, tout est neuf, les murs blancs, les grandes fenêtres, l'énorme bibliothèque, tous les livres à lui, neufs et bien rangés, sa copine arrive vers nous, je lui fais la bise, j'ai retenu son "ravie", elle doit me connaître un peu, elle porte une robe grise gap à bretelles avec des rayures plus foncées, elle a son ventre rempli d'un bébé, les cheveux carrés, courts et raides, des lunettes sur le nez. X est en tongs muji, jean retroussé en bas, le polo, d'ici je peux voir le logo ralph lauren de couleur parme, et ses cheveux ont poussés, il est bien beau, reposé, un peu comme moi. Ca changeait de ces après-midi où je le retrouvais après les cours, mon corps et mon visage sans sommeil, sans repos, les traits morts, la fatigue et le métro, mon polo bleu marine lacoste et mon cardigan rouge en laine bouillie, mon manteau gris et mon écharpe bariolée de motifs de noël, le mur recouvert d'un miroir à saint-germain-des-près, le box dans lequel on était assis à montparnasse, je lui avais dit "on dirait tu sais les boxes dans les livres américains où les personnages commandent du café noir et des assiettes de frites", j'avais adoré dire ça et c'était tellement sincère parce que ça existait, chez kerouac ou bukowski ou quelqu'un d'autre. c'était pendant les soldes d'hiver, il s'était acheté une nouvelle besace en cuir assez stricte et moi aussi, la upla grise, il l'avait bien aimé et ça m'avait flatté.
On est resté chez lui jusqu'à environ 23 heures, on a feuilleté son livre "les 1001 films à avoir vus avant de mourir", on a regardé sherlock holmes sans le son sur paris première, on a écouté des vinyls, il les faisait défiler entre ses doigts, il en sortait quelques uns, il nous montrait les pochettes et on réagissait, "aaaah ouaiis", "c'est quoi?"
je crois qu'il prenait surtout des choses qui étaient censées me plaire parce que tout était bien : public image limited, talking heads, les smiths, trois des smiths, young marble giants, kraftwerk, les cure, "pornography" que lui-même m'a offert et que j'écoutais dans ma chambre tout à l'heure. j'ai réfléchi : est-ce qu'on avait déjà parlé de mes goûts musicaux? je lui ai déjà parlé de young marble giants?
on a écouté pas mal de trucs, je parlais peu, en marchant vers chez lui je m'étais promis de bien me tenir, de ne pas dire de bêtises, de ne pas parler s'il fallait passer par là pour ne pas faire de gaffe. Il y a des moments, ça m'arrive souvent quand je suis en classe et là ça me l'a refait, où je m'imagine sortir une énorme connerie, un truc super grave, une insulte qui changerait totalement l'opinion qu'on peut avoir de moi, quelque chose de gratuit, d'injustifié et d'indélébile, un aveu, et puis je suis presque à deux doigts de le faire mais pour rien au monde je ne franchirai le pas, la frontière ténue qui sépare l'intention de la catastrophe, mais j'ai déjà honte de moi, de penser des choses pareilles.

"le canapé c'est un muji", "ouais je me disais...je l'avais repéré...tes tongs aussi" "ouais", "mon polo c'est un muji", je le pince des deux doigts pour le désigner, "ah bon?"

je rigole beaucoup parce que T. est très drôle, qu'il nous fait un peu son spectacle et que nous sommes conquis, l'ambiance est conviviale et détendue, discussions de grands, paquets de biscuits apéritifs à quatre compartiments dont un seul est éventré, bières vides, les enfants imaginaires qui montent un plan pour pouvoir faire dormir chez eux les enfants des invités, je n'ai rien bu, rien mangé,
je n'ai pas faim. c'est comme ça que ça se passe quand je suis entourée de gens et que je suis un peu sous pression,
je n'ai pas faim, mon dernier repas était mon bol de céréales à 10 heures et il est 22h.

Je ne me sentais pas particulièrement exclue quand ils abordaient des thèmes pour lesquels même en cherchant très bien je n'aurai rien trouvé à dire, eux-mêmes peut-être en parlant pensaient-ils à moi, à écourter la conversation. Moi ça allait, j'écoutais et j'ai conscience depuis longtemps qu'on ne peut pas être de toutes les conversations et qu'il y a pire dans la vie que d'écouter les autres parler pendant 10 minutes, c'était curieux toutes ces histoires d'appartement, cela équivaut à nos conversations interminables sur les sujets et résultats du bac.

23 heures, on descend de l'appartement, X a troqué son polo contre une chemise, une veste et ses baskets marrons, il a enfilé sa chemise dans la salle de bains. il est habillé comme P., sa copine a gardé autour de son cou un foulard noir à pois qu'elle tripotait tout le long des conversations, elle a enfilé un gilet et son sac, des sandales dorées, je crois que ma soeur a les mêmes.
J'ai hésité avant de lui redemander mon Novövision, ça ne me dérangeait pas de le lui laisser encore, je savais qu'il était en sécurité ici, que la vie était longue. j'ai réussi à vaincre la gêne que j'ai toujours eu à réclamer des choses qui m'appartiennent, j'avais le besoin peut-être de m'éclipser tout à fait de la vie de T., de prendre mes affaires avec moi et de le laisser tranquille, j'avais l'impression là encore de gêner, aussi je me disais qu'il avait été forcé d'accepter ma présence ce soir, que s'il avait eu le choix il aurait refusé que je vienne, "ça me gêne qu'elle vienne". reprendre le livre ça voulait dire ne plus avoir de prétexte pour le revoir. j'aimerais parler de certaines choses mais cette soirée est trop récente et je préfère attendre qu'un peu d'eau coule sous les ponts, que l'histoire de cette soirée se fasse lointaine, là je ne risquerai rien.
Bien sûr son récent emménagement ne lui a pas permis de retrouver le livre, il cherchait et je lui disais "nan mais laisse tomber c'est pas grave".
en sortant, dans un soupir amical il me fait "alala petit vernis rouge...", comme si j'étais la cause de plein de choses, de soucis, qu'on revenait de loin, qu'il me pardonnait. je lui réponds "t'as vu j'ai mis ma veste rouge pour ça", "ouais j'ai vu".

Au restaurant chinois, le Da lat, pas loin de chez lui nous étions assis autour d'une table ronde, j'étais entre P. et la copine de T., T. était en face de moi, lors de nos premiers rendez-vous je lui disais que le face à face me gênait et je venais me glisser près de lui. J'ai mangé un bo-bun, P. aussi, T. a pris une soupe et sa copine une salade.
Discussions, mon silence, quelques phrases que je prononce, encore cette impression que mon corps dans cet endroit et entre ces gens est le résultat de quelque chose de très bizarre, je ne suis pas de trop mais plutôt de plus. A un moment T. s'est gentiment moqué de moi, ça m'a fait beaucoup rire mais quand j'y repense ce qu'il disait ressemblait assez à un reproche, à quelque chose qu'il n'aimait pas chez moi. là je pense à ça. je ressens aussi très fort son absence de sentiments pour moi, de n'importe quel sentiment je veux dire, un peu comme pour A., c'est assez flagrant et ce n'est que maintenant que je le remarque et que ça me fait un peu souffrir cette indifférence, parce que je suis jeune, on me traite comme un chat.

On se quitte vers 00h15, je marche jusqu'au métro avec P. à côté de moi, je devrais revenir sur quelque chose concernant X mais plus tard. je suis en pleine forme, aucune fatigue dans aucun endroit de mon corps, l'esprit encore clair, clair depuis longtemps, c'est ce qui m'a permis de ne pas dire de bêtises et de ne pas faire mon intéréssante. là ça pouvait aller, je n'avais pas de paroles que j'aurai pu regretter, de choses horribles sur la conscience, c'est au métro république que j'ai quitté P. avec une bise et des remarques gentilles sur la journée.

Dans le métro j'ai d'abord commencé par avoir le regard dans le vide, je sentais des pensées se diluer en moi, j'avais besoin de calme et de solitude, mettre les évènements dans l'ordre, retrouver les choses, les regards, les détails qui m'auraient échappé, la voix douce de morrissey ou aigre-douce de donovan qui se déversait dans mes oreilles pendant que T. parlait, je recherchais quelque chose qui aurait dû me sauter aux yeux.
ensuite j'ai lu,
ensuite j'ai éprouvé le besoin de commencer à écrire le compte rendu dans mon carnet, j'ai noirci de bleu environ trois pages, sans rien omettre, je rédigeais, c'est rare que je fasse ça, normalement je ne marque que les grandes idées.

j'ai marché du pont de levallois jusqu'à chez moi, hier je faisais ce trajet en tenue de sport et en courant, j'étais essoufflée et mes muscles se paralysaient, il était dans les 21 heures, j'étais complètement en sueur, habillée d'un short en pilou bleu marine, d'un sweat à capuche de la même couleur et de mes new balance. à mon retour j'ai vidé à coups de gorge une cannette de pepsi max, j'ai pris une douche agréable, je me suis enroulée dans un pyjama, le plaisir d'être plus propre que les vêtements qu'on porte, puis ma robe de chambre et j'ai parlé avec ma mère du vendeur du Printemps sur lequel ma soeur a "flashé", aujourd'hui elle est allée le revoir, elle a un peu parlé avec lui, ça lui avais pris comme ça, pour rien, ou pour le ras-le-bol d'être encore seule.
ma mère en était arrivée à dire que les garçons bien étaient difficile à trouver, qu'ils voulaient tous "la même chose", je lui ai répondu que c'était faux, que j'en connaissais plein qui étaient bien, (un peu trop même) et qu'ils sont juste bien cachés, que ce ne sont pas eux qui accostent les filles dans la rue et que Baptiste était comme ça, un "garçon bien". "je l'aimais bien Baptiste, c'est dommage, c'est rare les garçons comme ça...gentil...catholique...tu penses que tu peux te remettre avec lui?", je lui ai répondu que je ne savais pas, peut-être, "c'est pas comme s'il était mort, la vie est longue", je disais ça sans trop y croire et j'étais retournée sur mon ordinateur et devant Rois et Reine sur france 3 que Baptiste m'avait lui-même fait découvrir. un peu plus tard vers les trois heures du matin j'ai rapporté la discussion à ma soeur et elle m'a dit "je l'aimais bien baptiste". elles tiennent à faire naître du regrets en moi mais ce sentiment-là m'a presque entièrement quitté.
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mes talons claquaient sur le trottoir, et une voiture de police n'arrêtait pas de faire des tours, de passer devant moi, comme s'il y avait un couvre-feu dans cette ville de merde, comme si j'étais en route pour un trafic de drogues avec ma petite veste de minette et mes talons qui claquent, "putain mais ils sont cons...".
de façon prévisible tout le monde dormait dans la maison, je me suis déshabillée, je me suis pesée, j'avais un peu maigri avec tout ces repas ratés, j'ai pris une douche en ouvrant l'eau au minimum pour ne réveiller personne, le gel douche et le shampooing, la douche de la réconciliation, celles qui éclaircit les idées, qui éclaircit les paupières grimées de fard à paupières gris, l'eau qui glisse sur la tête. énormément de chose s'étaient passées, et il fallait tout repasser en revue à la manière d'un visionnage intempestif d'une vidéo de surveillance.
ensuite j'ai ouvert une cannette de pepsi max et je me suis mise au travail d'écriture. j'ai pensé au couple que formait X et sa copine, à sa bibliothèque et au tapis blanc qu'ils ont mis dans le salon, est-ce que P. voyait où se dirigeaient mes yeux quand je portais mes ray-ban.


New Order - leave me alone

1 commentaire:

Pierre a dit…

cet article est l'un des meilleurs de tes deux blogs. Je sais pas, on sent qu'il y a eu une évolution, un truc dans le style. en tout cas ça commence à devenir vraiment très bon.

Surtout la transcription des dialogues plus vraie que nature, et les phrases à rallonges où on ne sait plus très bien de quoi on parle mais ça n'a pas d'importance; ça s'enchaîne comme dans ta tête je suppose, mais on arrive très bien à suivre et ça donne un truc génial, qui vient vraiment du coeur, comme si yavait pas besoin de saisir la signification mais plutôt le sens de ce que tu écris, l'état d'esprit du moment.


Par contre, tes mélanges avec ton Pepsi, le matin là, ça c'est vraiment hard. pourquoi du pepsi? c'est dégueulasse en plus