samedi 7 juin 2008

la prof de français parlait de l'origine du mot "ami" qui dérive tout droit du surnom qu'avant on donnait à sa moitié, à savoir "ma mie", elle a finalement digressé comme elle sait si bien le faire sur Monsieur Delmas et sa manière amusante d'appeler sa femme "ma compagne", soudain une grande partie de la classe se tourne vers moi, mes copines explosent de rire devant la révélation que l'homme dont je suis assez amoureuse soit marié. la prof pense qu'on rit à cause du "ma compagne" mais Augustin finit par expliquer qu' "en fait Murielle aime bien Monsieur Delmas" et moi qui rougit en rigolant dans mon coin, la prof qui m'explique que tout le monde aime Monsieur Delmas.
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hier en allant au lycée une femme portait à son bras son sac Burberry entrouvert, sans trop insister on pouvait discerner les formes rondes de deux pommes et d'une pêche, on aurait dit que c'était son panier.
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j'ai rendez vous avec Cécilia au MK2 beaubourg, on va voir "a swedish love story" à 19h15, je n'ai pas trop de force, j'ai plutôt envie de dormir toute la soirée mais l'avantage de programmer une sortie avec quelqu'un sur un coup de tête c'est que ça m'oblige à sortir de chez moi.
j'ai les cheveux bouclés, le week-end je lisse rarement mes cheveux pour les laisser se reposer, ils prennent alors les formes qu'ils veulent, boucles folles et frisottantes de chaque côté de mon visage, tout mon corps se repose le week-end.
Elle arrive en retard mais rien de grave, je feuillette le magazine gratuit 3 couleurs, je regarde les DVD à 2,99€ que vend la boutique qui jouxte le cinéma.
A chaque fois qu'on la voit arriver Cécilia fait un peu la gueule et quand elle nous aperçoit son visage se détend et sourit, s'anime d'un coup, c'est toujours assez curieux à voir, un visage réagissant à ses propres pensées et qui finit par les interrompre d'un coup à la vue rassurante d'un visage familier.
On rentre dans la salle, je ne me souviens pas être déjà sortie toute seule avec Cécilia, reste qu'on est plus sérieuse à deux, mais on rigole quand même. Dans cette salle les sièges sont vraiment profonds et pas du tout positionnés en pente. la dernière fois qu'on est venu là c'était pour "Délivrez-nous du mal" un documentaire chiant à s'en taillader une veine, le titre en anglais se disait "Deliver us from evil" et j'avais trouvé que le US pouvait se lire "U.S" ce qui était tout à fait le sujet du film, mes copines avaient trouvé ça bien.
Aujourd'hui je sens qu'on va voir un bon film. Elle me raconte des choses un peu intimes qu'on ne raconte qu'à ses copines de façon individuelle, enfin ce n'est pas non plus très intime, j'étais même en train de le taper mais je me suis dégonflée parce que le récit de ma vie ne doit justement pas empiéter sur le récit de la vie des autres.
Quand c'est à mon tour de parler de garçon je soupire en disant que j'ai vraiment trop envie de revoir A., comme toujours elle me demande"c'est lequel A.?" et je lui réponds "celui qui était en Chine" car A. est revenu de Chine et il joue au mort, non d'ailleurs il ne joue pas, il fait les choses normalement et de mon côté je délire et souffre poliment dans mon coin.

A chaque fois Cécilia rigole et me dit la même chose "mais il s'en fout de toi" et moi de répondre "mais trop qu'il s'en fout, j'en ai trop marre" et comme à chaque fois le film commence sans qu'on s'en aperçoive, juste une intensité de moins dans les lumières.
Le film était touchant, certaines scènes auraient pu m'émouvoir aux larmes si elles m'en avaient laissé le temps, les deux personnages ont 15 ans, des look qui claquent, perfecto, polo et mobylette et fument plus qu'A.. Le film fait d'ailleurs penser à Love Story de 1966 je crois, le film qui a dû faire pleurer toutes les mamans de France. le petit garçon de A swedish love story est le portrait craché du mec dans Love Story, la même tête un peu moche.

Dans le métro du retour on rigole bien, elle se sent fatiguée et je lui parle de mon Syndrome de la Fatigue Chronique que j'ai trouvé sur Doctissimo, ça l'a fait rire, je lui réponds que ça doit être ça, que c'est à cause de la déprime, je me mets à penser qu'on arrive pas à déceler la tristesse chez les gens, ils ne nous la cachent pas forcément mais quand ils sont avec nous ils ne peuvent pas s'empêcher d'aller mieux, alors peut-être que Cécilia va mieux avec moi comme moi je vais mieux ici avec elle mais qu'en fait elle déprime, j'essaye d'être attentive comme les amies dans les films.
Je me souviens alors de l'énorme fou rire qu'on avait eu dans le métro avec Julie quand je lui ai annoncé que je me sentais faire une grosse dépression et que sur Doctissimo j'avais eu 13/13 au test qui permettait de la détecter. C'était vraiment très drôle.
Je parle de mes week-end tristes et horribles à Cécilia, elle me demande si je veux qu'on déjeune ensemble ce dimanche, je lui dis "oh, oui", elle me demande si je préfère déjeuner ou diner, "déjeuner", je lui demande où elle veut qu'on déjeune parce que moi ça m'est égal, elle hausse les épaules, je réfléchis, je dis "à Opéra", elle veut bien manger chinois, je dis d'accord, elle dit qu'elle s'en fiche du prix et elle ajoute "en fait nan, Charlette elle est encore fauchée" et on rigole trop parce qu'il y a quelques semaines Charlette et moi n'avions vraiment pas d'argent et je commençais à sortir des trucs du genre "faut commencer à voler les meufs, c'est plus possible, y'en a qui font ça", c'était pendant la séance d' "un conte de Noël", j'avais dormi juste avant, je me sentais un peu vaseuse mais j'avais tenu pendant les 2 heures 30, c'est Baptiste qui m'a fait découvrir les films d'Arnaud Desplechin.

Je pense à la prévenance de Cécilia, à son idée de déjeuner ensemble pour ne pas me laisser toute seule le dimanche, elle est réconfortante, mes amies en général sont réconfortantes, ma mère est aussi comme ça, ma soeur aussi. quand il y a une semaine je restais muette dans ma chambre et que je voulais pas trop parler à ma mère, elle faisait le lien entre nous deux et me demandait ce qui n'allait pas parce que là c'était trop.
Récemment j'ai moi aussi eu des paroles réconfortantes, ma soeur est revenue de son école de conduite un peu déprimée parce que sa monitrice lui avait signifié qu'à ce rythme elle ne l'aurait pas, ma soeur en avait marre et je lui ai dit que le permis c'est fait pour être raté, je lui ai parlé d'un ancien reportage avec une meuf qui l'avait raté 7 fois et qui en rigolait, je lui ai dit "la normalité ça existe pas pour le permis, tout le monde le rate, c'est n'importe quoi", j'ai vraiment senti que ça l'a soulageait et j'étais fière de moi, fière de servir à quelqu'un.

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