lundi 19 mai 2008

les melons et les pastèques ont peu à peu remplacés les oranges et clémentines, les pastèques sont bonnes, remplies d'eau et rouges comme des boutons d'acnée, c'est le plus beau fruit du monde. les melons sont encore un peu pâles, malades, insipides, facilement recrachables même avec du sucre.

parfois je retrouvais des mouches entre les pages de certains manuels ou alors j'en écrasais une sur l'écran de mon ordinateur, mon fond d'écran représente un ciel alors ça faisait comme-ci elle volait encore et je la laissais là plusieurs jours avant de l'essuyer avec un mouchoir sale. c'était l'insurmontable trop beau temps, celui qui nous oblige à fermer les fenêtres le soir quand il faut allumer les lampes car sinon tout les insectes viennent tourner autour des ampoules et ça nous fait flipper ma soeur et moi. on a trouvé des araignées qui grimpaient comme des princesses sur les murs, on a appelé mon père pour qu'il s'en occupe, incapable qu'on était. c'était l'anarchie, les insectes dans les appartements et les gens dehors. le beau temps et la solitude, je n'ai jamais rien connu de pire, à certains moments j'aurai voulu mourir, à certains moments j'ai dû fermer les stores et oublier les humeurs du ciel, le temps n'a pas le droit de s'imposer à nous, de nous imposer un nouveau style vestimentaire et alimentaire. je me réfugie dans les cinémas, là où ça ressemble le plus à ma chambre, il fait frais et noir, on est tranquille et en paix, on échappe à absolument tout, aux discussions, à soi, aux autres, à la lumière, à la chaleur. l'armure de métal d'Iron Man me rafraîchit, je regarde le film assise à côté d'une inconnue.

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personne n'arrive à dormir sans couverture,
je dors encore avec ma grosse couette, je n'ai pas de drap, j'ai mon lit et je compose avec les éléments que j'ai, un coussin, un traversin, un matelas, une couette, un nounours qui s'appelle george et que je sers dans mes bras faute de mieux. ça arrive que je me lève trempée, écrasée, broyée comme une conne sur le matelas, je ne dors que trois ou quatre heures, je me lève les yeux écarquillés, l'épiderme on peut pas plus dégueulasse, un zombie au soleil, la fatigue et la chaleur, impossible de produire quoique ce soit, une machine à vivre comme ils disent dans "Un monde sans pitié", et rien d'intéressant à vivre, ni amour, ni discussion, ni rencontre, ni apprentissage, il faut juste attendre d'avoir la permission de retourner dans son lit, de dormir quand il ne faut pas.

quand par un heureux hasard on arrive à être en forme, à oublier sa condition physique, il faut en profiter et rattraper le temps perdu : aller au cinéma, s'acheter les cd, traîner dans les boutiques, aller au musée, s'acheter des t-shirts, ranger ses affaires, ses sacs et ses tiroirs, se promener partout comme un PacMan qui doit passer par tous les coins du labyrinthe avant de se faire attraper.
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vendredi je me suis endormie vers 22 heures, le lendemain je suis en cours d'espagnol, je dis à julie qu'on va jouer à un jeu, elle commencera à dessiner quelque chose, n'importe quoi et je continuerai son dessin, une variante du cadavre exquis version dessin. le jeu se déroule bien, nous ferons trois dessins loin d'être décevant, notre répartie graphique est à son comble, la tension monte. La classe parle d'un texte qui ne me concerne pas dans une langue un peu nulle, je la laisse vivre sa vie. j'éprouve soudain le besoin de vérifier mon portable, ce que je ne fais jamais, je ne reçois jamais d'appel en semaine, rarement le week-end mais aujourd'hui il est important d'être joignable, c'est un nouveau rudiment.

je regarde, un message me signale un appel en absence d'A. hier à 22h15, mon portable était alors déchargé et moi je dormais, deux choses empêchait la communication. j'ai dû recevoir un coup au coeur quand j'ai vu qu'il m'avait appelé, ça ne pouvait que traduire une urgence, un besoin pressant de me dire quelque chose, de m'entendre, de me parler, ça ne pouvait pas attendre un SMS, ni un mail, c'était un coup de téléphone, le moyen qui s'approchait le plus d'un contact réel.
ça m'a suivi toute l'après-midi que j'ai passé avec les copines, au restaurant, dans les boutiques, au virgin, dehors sur l'esplanade au soleil avec mes pieds qui me trucidaient dans mes chaussures trop neuves, j'étais pleine d'une tristesse de cinéma, la boule au ventre, le sentiment amoureux qui rend chaque chose satellite de notre personne, comme si tout tournait autour de nous y compris la caméra, à cause de cet amour qui me faisait reine. Je lui ai envoyé un SMS pour lui dire un truc absolument débile, comme quoi j'avais vu qu'il m'avait appelé et qu'en fait je dormais. un truc aussi concis qu'inutile qui traduisait un besoin de s'expliquer qu'il ne réclamait pas. c'était juste un coup de téléphone donné dans le vide et qui ne précédait aucune autre tentative, un seul appel en absence, donné pour me faire plaisir, peut-être à son insu, c'était l'inespéré.
une fois chez moi, après le cappuccino, le granité tropical et le grumble aux pommes de cécilia, une fois devant mon ordinateur et lui connecté je lui envoie un gentil message privé, savoir ce qu'hier il me voulait et que maintenant il ne veut plus était une nécessité. avant de cliquer sur sa réponse je me raisonne et tente de ne pas m'enflammer, la déception est à prendre en compte plus que n'importe quel autre option.
"je ne m'en souviens plus. sincèrement je ne m'en souviens plus
bises",
c'était ça et rien d'autre, il me donne une phrase à lire parce qu'il me devait des explications mais je ne dois pas me préparer à une discussion. j'ai cru comprendre un peu plus tard qu'il avait bu ce soir-là et que ce fait annulait presque complètement son acte, avec ça je réapprend la nouvelle de son départ pour la Chine, c'est pour son travail et c'est pour au moins un mois. ce détail si important que j'avais oublié.
Je m'allonge sur mon lit, la tête dans les mains, je m'étais promis de toujours tout anticiper mais là ça dépasse l'entendement, autant en rire le plus fort possible et tenter d'oublier A. comme lui a oublié la raison de son appel.

3 commentaires:

Unknown a dit…

n'invalide jamais un comportement sous pretexte qu'il s'est produit dans un contexte alcoolisé (et non pas "sous l'emprise de l'alcool"), bien au contraire.

Hugo a dit…

MUMU c'est parfait, recontacte moi j'ai un projet pour toi ( et moi ). ( c'est vraiment tres bon )

Pierre a dit…

je plussoie dipeptide =)