samedi 10 mai 2008

j'étais sur le point de partir quand ma mère est arrivée, je suis allée la voir, je lui ai dit "hé maman je sors là", elle savait que j'allais fêter mon anniversaire avec les gens du forum de technikart.
elle m'a dit "ah non mets le jean d'hier et pas ces baskets"
"les talons?"
"oui, et tu prends une paire de baskets pour le trajet"
les nouveaux talons de 8cm,
je lui demande de me faire la monnaie de mon billet de 50 euros.

je porte une chemise gap blanche très légère et assez longue avec des rayures rouges tellement fines que de loin la chemise paraît rose. j'ai ma veste marron en velours, mon jean uniqlo, mes talons et mon nouveau sac bleu marine hervé chapelier, dedans il y a entre autres un petit foulard beige fleuri, il y a deux jours j'ai chourré tous les beaux foulards fleuris de ma mère, elle ne les porte plus, elle n'y pense même plus.
ça va faire un paquet de temps qui s'est facilement accumulé en année, peut-être deux ans, qu'on avait pas fait un tel rassemblement, on sera quelque chose comme douze personnes, on a rendez-vous au Hide Out, le bar de la dernière fois et ce choix a été fait sans que j'intervienne, M. dit que c'est la synchronicité.
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du bout des doigts je mets du volume dans mes cheveux, défense de se mettre les cheveux derrière les oreilles pendant toute la soirée, ne pas oublier de ne jamais le faire, je dois garder une importante masse de fils marrons autour du visage car ça m'embellit. en attendant l'ascenseur je fais une check-list du minimum vital qui jalonne le chemin vers la bonne soirée : clé, portable, chewing-gum, portefeuille, carte imagine-r, livre.

mes talons me font rater mon train, je ne peux pas courir et il repart devant mon nez, alors une fois dans le train je troque mes talons contre ma paire de feiyue, c'est assez gênant d'enfiler des chaussettes devant des inconnus, surtout qu'au moment de la deuxième chaussette un mec vient s'asseoir en face de moi, mes pieds sont maculés de traînées marrons à cause des chaussures, je passe pour une fille sale.

vers 19h20 je marche vers le hide out où une bande d'adultes me regarde de loin, ça reste intimidant, certains ne m'ont encore jamais vu et je sens leur opinion se tricoter sur le moment, je fais la bise à tout le monde, voici une partie des personnes avec qui je vais passer la soirée, forcément jusqu'au dernier métro. les premiers contacts sont toujours difficiles, le temps a passé, ce qui fait que je redécouvre les personnes déjà croisées, M. est là, nous nous sommes vus il n'y a pas très longtemps seul à seul, c'est une difficulté en moins.
je passe des journées entières à discuter indirectement avec ces gens sur toutes sortes de sujet qui vont de la mort de pascal sevran au nouveau clip de justice et ça fait 3 ans que les choses se passent comme ça, je n'ai jamais arrêté, j'ai toujours voulu être là, j'ai parfois l'impression qu'ils m'ont beaucoup appris et qu'ils sont même responsables de certaines choses dans mon style d'écriture.

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P. arrive avec sa copine, il habitait encore récemment dans les dom-tom, c'est un bel homme, baraqué, bronzé, beau et vif qui nous ne ressemble pas tellement, nous les gringalets urbains, blancs et mous, il est en forme, ne se néglige pas et ça fait plaisir à voir, c'est un homme épais, vivant et épanoui qui a nagé dans la mer et marché pieds nus plus souvent que nous.
il me tend son cadeau qui ouvre le bal à une déferlante de cadeau, nos corps debouts forment un cercle intime qui s'agrandit au fur et à mesure que les gens arrivent, tout le monde me chante "joyeux anniversaire" et je suis gênée, je leurs dit d'arrêter mais une voix en entraîne une autre.
son cadeau : le petit canard vibromasseur "format travel" facilement reconnaissable, il est rose irisée et pour l'instant inoffensif car dépourvu de sa pile, il a l'oeil sournois.
j'ouvre les autres
- un petit livre usé de la collection milles et une nuit de raoul vaneigem "avertissement aux écoliers et lycéens", un mec difficilement compréhensible pour l'instant.
- un vernis bleu marine Dior, mon pseudo sur le forum est "vernis rouge" et j'avais dit à B. que ma couleur préférée était le bleu marine.
- "l'affaire N'Gustro" de J-P Manchette, un livre policier, une chose que je ne lis jamais mais les premières lignes présagent de bonnes choses.

c'est à ce moment-là, après les remerciements et la sensation touchante d'un acte d'achat qui m'a été consacré, qu'A. décide d'intervenir dans l'histoire. il porte une chemise blanche, la première et dernière fois elle était noire et dans ma tête les deux images se répondent. je ne peux m'empêcher de penser à sa chanson "never been happier" (qu'on peut écouter en fin de radio vernis numéro 2) quand je le vois, c'est comme ne pouvoir s'empêcher de penser aux beatles en voyant paul mc cartney, certaines choses sont positivement indissociables. je le présente au reste de la bande, récitant les pseudos de chacun, il sert les mains et reconnaît les gens une fois le pseudo annoncé, c'est une situation très rigolote, une des nombreuses qu'internet peut rendre possible.
je lui dis que j'ai pensé à lui et il me dit "moi aussi" en me sortant un paquet rouge Virgin quand moi je le tend un sac Fnac. il sort le coffret des Six Contes Moraux de Rohmer, je voulais lui montrer que mes paroles précédaient souvent des actes et que j'oublie rarement les choses que je promets. Les gens veulent toujours nous prêter des tas de bouquins, de cd et de dvd mais n'y pense jamais, moi j'essaye de m'en souvenir. et là en y réfléchissant je me dis que lui prêter rohmer c'est aussi devenir indissociable de ce qu'il va regarder, être associée à rohmer c'est une occasion à ne pas perdre.
son paquet est épais et renferme un coffret 3 dvd de l'abécédaire de Gilles Deleuze, et là survient encore l'histoire de ces personnes indissociables de certaines choses, je repense à Baptiste qui m'avait filé le torrent de cet Abécédaire, je n'avais pas tout écouté par faute de temps, puis je n'ai plus jamais eu le temps. avec le coffret il y a un recueil de nouvelles, "la muraille de chine" de kafka. je me souviens avoir été émue, je savais combien tout cela devait valoir et que je ne méritais pas autant et je sentais dans tous ces cadeaux la même volonté de me faire plaisir et j'y étais plus que sensible si on ajoutait le fait que je ne connaissais pas bien voire pas du tout ces personnes que j'aimais pour mes raison d'un amour sincère.
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je parle avec D., deux ans plus tôt houellebecq était déjà notre principal sujet de conversation, il me parle aussi de zemmour et de soral comme toujours, il connaît zemmour, il lui écrit des mails, il fait aussi partie d'une sorte de parti politique créé par soral, il me raconte ses problèmes de rangement, son manque de volonté qui fait qu'à partir du moment où il ne veut pas ranger il ne peut rien faire, ni chercher du travail ni rien, il a besoin d'un bureau, d'ordre, il a comme tout le monde des projets, c'est pas le genre de choses qui manque chez les gens, la différence c'est que certains se bougent le cul. je lui dis de ne pas réfléchir, de se lever un matin et de tout ranger, et puis au milieu de la conversation il m'embrasse la joue avec, je peux le sentir, beaucoup d'affection peut-être même toute son affection, et il ajoute"et au fait merci de m'avoir invité, je sors pas souvent ça me fait vraiment du bien", j'y repense souvent car c'était spontané, inattendu, ça m'a fait perdre mes moyens, je lui ai répondu qu'il faisait partie de la bande et qu'il serait invité à tout nos rassemblements, que c'était naturel. tout ces propos reflétaient un réel désespoir qui ridiculisait totalement le mien, après ça je n'avais plus le droit d'être malheureuse, ni de me plaindre.
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pendant la soirée j'ai eu le droit à une dizaine de baiser sur la joue qui m'ont tous vraiment plu, ce geste enfantin contrastait joliment avec les personnes adultes qui me les donnait. A. m'embrassait sur les cheveux, c'était bienveillant et protecteur.
je remarque que les adultes se rendent compte de l'importance, de la signification d'un vrai baiser donné sur la joue, ils savent que c'est un geste de gratitude, d'affection simple indépassable et parfois bouleversant. maintenant je pense à cécilia et julie qui parfois me prennent par surprise et m'embrassent sur la joue, elles savent que je n'aime pas trop les contacts physiques mais je commence à m'y faire.


à suivre

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