mercredi 16 avril 2008


En attendant la prof de français les filles m'ont raconté qu'en histoiregéo le prof a dit à la classe qu'il avait annoncé à M. Delmas qui est un autre prof d'histoiregéo, qu'une de ses élèves, moi-même, "l'aimait bien". Ca devait être ça et si la formule n'est pas exacte cela ne signifiait qu'une seule chose : qu'une de ses élèves était amoureuse de lui, avec tout ce qu'on peut mettre d'admiration aveugle, de chuchotements et ricanements de filles dans ce terme. J'ai appris qu'il avait été très content et que je ne l'aurai pas l'année prochaine.
Je n'ai jamais eu M. Delmas, je l'ai croisé un nombre incalculable de fois et c'est récemment que j'ai remarqué qu'il me plaisait, et que de le voir fumer devant le portail du lycée avec son manteau noir me rendait heureuse. Je sais des choses sur lui qui me plaisent, je sais que sa voix est encore adolescente, que les rares fois où il s'est adressé à notre classe il s'est toujours montré drôle et quand il m'est arrivé de saisir par hasard une bribe de conversation qu'il avait avec un de ses élèves je l'ai toujours trouvé plein d'esprit, émouvant.

On me fait souvent remarquer ma préférence pour les adultes, moi-même je le sais depuis quelques années. C'est que je n'ai aucune limite, l'âge et la profession ne m'ont jamais arrêtée dans ma quête de la présence parfaite et je revendique, à défaut de pouvoir faire autrement, ma propension à être plus souvent attirée par des adultes que par des garçons de mon âge. Les garçons de mon âge que je croise me semblent être tous des connards. Les adultes, eux, ont quelque chose de bouleversant, de superbe, un regard pourvu de gravité, une gentillesse inhérente à leur intelligence là où les garçons de mon âge ne montrent que férocité et intolérance. Les quelques fois où j'ai pu cotôyer un homme de près il m'a toujours fait découvrir en un temps record des choses sur la musique, la littérature, ma propre vie et mes sentiments et de la plus belle façon qu'il soit, avec bienveillance et (parfois) amour. Certaines rencontres sont pour moi des piliers isolés du reste sur lesquels je peux m'appuyer et exercer la plus douloureuse de mes nostalgies.

Mais je me suis habituée aux formes que pouvait prendre l'injustice dans ma vie, et rencontrer des gens qui par leurs récurrentes apparitions font partie de votre quotidien et à qui vous accorderiez volontiers plus de temps sans pouvoir le faire parce que les règles sont faites de telles sortes que parler à une personne qu'on ne connait pas est déraisonnable, malvenu et mal vu et qu'il faut laisser le hasard faire venir les gens à nous et faire avec ceux qu'on nous attribue, c'est une injustice que je n'accepterai jamais.
Ouvert comme il semble l'être et parce qu'il est adulte, M. Delmas m'aurait toléré dans sa vie et nous aurions pu nous rendre mutuellement heureux.

5 commentaires:

Zoey a dit…

comment on fait pour avoir accès à ta radio mademoiselle?

Murielle Joudet a dit…

ici madame,

http://www.zshare.net/audio/10571511f336a2c8

Zoey a dit…

c'est beau, très poétique mais aussi très mélancolique... ton amie et ta soeur se sont-elles enfin rendu compte que tu allais moyennement bien?
Courage ouaisbon/murielle/tranches!

Pierre a dit…

il faudrait centraliser tous les liens des épisodes sur un article, pour qu'on s'y retrouve :)

ashorlivs a dit…

je désapprouve, ça a beaucoup plus de charme quand ce n'est pas organisé...