mardi 1 juillet 2008


Lundi c'était vraiment impossible de manger sur la terrasse,
elle était pleine de soleil, ça n'hésitait pas, il y en avait partout, on pouvait se placer n'importe où et on bronzait quand même.
J'ai tourné l'écran plat du salon de manière à pouvoir le regarder depuis la terrasse, j'ai mis au hasard LCI, je suis allée me préparer ma nourriture sur un plateau, le plateau est sur le frigo, il y en a de toutes les tailles avec toujours ce motif bois dessus. Personne ne l'utilise alors il était recouvert d'un peu de poussière que j'ai dû nettoyer.
Avec le soleil c'était dur de bien voir la télé alors je me suis résignée à regarder mon assiette, j'ai encore l'image frappante de mes haricots verts marinant dans leur sauce et qui brillaient comme des paillettes avec ce soleil tout rond tout généreux.

J'ai appelé mon frère, sa fenêtre était ouverte et donne directement sur la terrasse, je lui ai dit de venir manger. 10 minutes après il entrait en scène avec son assiette de purée, moi j'avais fini, j'ai enlevé mon assiette du plateau et j'ai mis la sienne à sa place pour pas qu'il salisse. J'ai débarrassé, puis je suis revenue manger mon Sveltesse chocolat sur la table, en bas deux monsieurs s'amusaient à faire chier le quartier avec des marteaux piqueur, j'ai passé mon après-midi à les observer, ils m'ont littéralement gâché la journée. je me voyais alterner bronzage du visage et lecture de l'Adolescent mais au lieu de ça je suis restée dans ma chambre à écouter les Talking Heads et à les traiter d'enculé. 3 heures après ils étaient toujours là, tripotant la barrière de l'immeuble d'à côté, ils avaient l'air gentil mais les circonstances faisaient que je ne pouvais décidément pas les aimer. je jetais des coup d'oeil un peu partout autour de l'immeuble pour voir si par hasard il n'y avait que moi qui souffrait de ce tapage estival et si des femmes, monoï et Coca Light en main, attendaient derrière leurs vitres de pouvoir sortir, mais j'étais bien l'unique adolescente délaissée dans son appartement pendant que les autres travaillaient, honte à moi qui tente de profiter en avance de ce que les autres n'auront pas avant des semaines.

Finalement l'après-midi s'est prévisiblement écoulée et à 16 heures c'était l'heure de rejoindre Cécilia pour l'accompagner voir l'exposition Traces du sacré, je l'avais déjà vu il y a exactement une semaine mais ça ne me dérangeait pas d'y retourner car après une heure et demi mes chaussures à talons me trucidaient les plantes et la concentration par la même occasion.
En fait, le jour où je lui ai proposé de l'accompagner, ce fameux mercredi où nous sommes allées voir Eric et Ramzy j'avais trouvé que je m'étais un peu trop emportée et que refaire l'exposition, retourner là-bas, si loin, encore un lundi, j'allais le regretter. Mais fixer des rendez-vous est ma façon à moi de me contraindre à sortir de chez moi, et pour la terrasse il n'y avait plus rien à faire, ces terroristes avaient gagnés, ils continueraient de taper en même temps que le soleil.

16 heures rendez-vous devant le Mcdo du métro, elle est appuyée contre un mur, elle lit Berlin Alexanderplatz en écoutant son I-pod, folle qu'elle est. Elle ne m'entend pas, elle ne me voit pas, j'écarte mes doigts et je place ma main entre son visage et le livre pour signifier ma présence. On prend le métro en discutant jusqu'à Hôtel de Ville.
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Quand tu marches de la station Hôtel de Ville au Centre Pompidou tu tombes forcément sur cette boutique sans nom qui vend des CD et des DVD d'occasion, je lui ai dit que je venais souvent ici, qu'on pouvait rentrer si elle voulait, elle a dit "oui". On a regardé les CD, les piles de livres en vente et inutilisables, des manuel pour Windows 98 et des romans de pur love aux tranches roses.
Après je lui ai montré toutes les boutiques de CD et de DVD d'occasion que je connaissais dans le secteur, mon préféré OCD, elle a acheté sur mon conseil l'album The kinks are the village green preservation society, elle avait déjà tout sur son pc mais elle aime bien acheter. Moi pendant ce temps j'écoutais des CD que j'avais bien envie de posséder mais j'ai un peu trop claqué pour les soldes et ça me stressait de dépenser encore.
c'est marrant parce que chez OCD c'est très artisanal, tu écoutes les albums que tu veux sur des gros lecteurs DVD noir branchés à des casques et en les écoutant tu as vue sur les passants qui parfois s'arrêtent à la vue des DVD en promotion disposés dehors, je me suis imaginé voir passer une connaissance comme A., sortir le saluer avec les CD dans les mains, le système anti vol qui commence à gueuler, le plus simple aurait été que je lui fasse signe d'entrer, mais rien de tout ça n'est arrivé.

A Châtelet on se croirait en plein samedi, je dis à Cécilia "on dirait qu'on est samedi".
Le soleil, les gens assis sur les escaliers, les filles dans les magasins, un concentré de vie, un bordel pas possible comme un jus multifruits.
Je mange une prune tout en marchant, j'essaye de pas me gameller sur les pavés avec mes talons. Je porte un vieux pantacourt beige un peu large sur les hanches et qui se resserre légèrement vers le bas, un t-shirt bleu marine en lin, un sautoir tout fin en perle marron et une longue chaîne dorée, les deux colliers tombent au niveau de mes hanches, j'ai ma besace Upla.
J'emmène Cécilia dans une autre petite boutique qui se trouve dans une ruelle vers Beaubourg, avec un peu de concentration j'arrive à la retrouver parce que j'ai tendance à tomber dessus que quand je me perds, celle-ci ne vend que des DVD. Elle cherchait le DVD de "Scènes de la vie conjugale" de bergman. Les deux mecs qui tenaient le lieu nous tournait autour "les Chaplin, 25 euros en Fnac" sur le ton "c'est une aberration", pareil pour les Truffaut, "vous cherchez quoi?", mais ils étaient sympas, d'ailleurs je les salue si par le plus gigantesque des hasards ils se perdent par ici de la même façon que je trouve leur boutique en me perdant.
Cécilia n'achètera rien.

Direction l'exposition, Cécilia me soutient pour descendre la diabolique pente qui mène au centre. C'est toujours aussi vide, on prend nos tickets en même temps, le mec nous demande quelle expo on va voir il nous dit "très bon choix",
je lui réponds
"de toute façon y'a rien d'autre"
ou alors "de toute façon on a pas trop le choix"
ou alors "de toute façon y'a pas grand chose d'autre"
quelque chose dans cette veine-là,
il nous répond "ah si, y'a une nouvelle expo sur l'architecture",
je lui réponds
"ah mais nous on aime pas trop l'architecture" en souriant un peu
après c'est le noir total en dehors du "merci au revoir"
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je fais les salles que j'avais pas trop bien vu, au début j'attends Cécilia sur un banc, je commençais à sérieusement avoir mal aux pieds, je suis trop conne, je surestimais ma capacité à supporter la souffrance, c'est tellement un plaisir de marcher avec des talons. C'est comme manger du chocolat avec en contrepartie des kilos en trop, ici en l'occurrence les plantes des pieds en feu.

J'étais en train de mater pour la troisième fois un film allemand de quelques minutes que j'avais volontairement ignoré la dernière fois tout en me massant les pieds, il faisait suffisamment sombre pour que personne ne me voit, et c'est à ce moment là que j'ai vu une sortie opposée à l'entrée, un truc que j'avais autant zappé que le film et qui débouchait sur le reste de l'exposition, l'énorme reste de l'exposition. C'était incroyable et je poussais des "oooh" muets d'admiration devant ma connerie, comme à la découverte d'un nouveau monde dans Super Mario, j'avais trouvé que ce que j'avais déjà vu me rassasiait déjà assez, ça m'avait quand même fait 1h30 mais d'un côté j'avais soupçonné ma négligence en voyant les t-shirt "Eating the sky" à la sortie de l'exposition et qui était censés reprendre un tableau de l'exposition, je ne me souvenais pas avoir vu ça.

Bon, disons qu'il y a pire dans la vie mais que je vous laisse bien 10 secondes pour vous arrêter de lire et rigoler un peu, ensuite nous n'en parlerons plus, ce blog doit rester à ma gloire même si parfois je daigne y divulguer quelques histoires qui sont à mon désavantage, c'est juste pour le côté "sincérité".

Cécilia flippait un peu devant ma soudaine disparition, elle m'a retrouvé assise devant un écran diffusant des motifs psychédéliques...tout en me massant les pieds. Elle m'a dit qu'elle en avait marre, que c'était long, qu'on reviendra et on est parti, ça chauffait un max dans le tube qui menait aux escalators, elle arrêtait pas de dire "pourquoi ils ont mis le chauffage?" et moi je rigolais à chaque fois qu'elle le disait. aussi il diffusait un document audio en rapport à l'exposition avec une voix de femme qui parlait d'un truc qu'on pouvait difficilement comprendre en 20 secondes de marches, alors on la traitait pour se divertir un peu.

J'ai avoué à Cécilia mon envie de glace italienne, vous savez ces machines à bonheur en aluminium remplies de lait et de nostalgie qu'on trouve parfois aux détours d'une sandwicherie ou d'un chocolatier. c'est ça que je voulais, ça faisait des mois que j'y pensais.
Cécilia s'est acheté un sandwich au Monoprix, on a marché jusqu'à la fontaine colorée et en passant j'ai acheté à un mec qui vendait principalement des crêpes une grosse glace vanille chocolat, ça m'a coûté trois euros, prévoyez un ami pour vous tenir la glace pendant que vous payez. On s'est assises au bord de la fontaine, j'ai dit à Cécilia "les gens sont trop jaloux de ma glace" pour faire l'imbécile et j'ai dû malgré moi la manger le plus vite possible parce qu'elle commençait à couler sur mes doigts et à tomber sur mon pantalon, Cécilia a alors dédoublé un mouchoir et me l'a étalé sur les cuisses.



à présent mes amis, tuez trois minutes de la façon qu'il vous convient, ou alors 6 minutes pour les plus courageux:

Television - Venus


Brian Eno - Golden Hours

4 commentaires:

voila a dit…

han j'y suis allé dans le magasin ou ya que des dvds à beaubourg. C'est fou, la réalité devient lecture et vice versa.

Anonyme a dit…

une fois de plus tu me tues, Venus, je veux dire, précisément Venus de Television, la deuxième piste de Marquee Moon, est une de mes musiques préférées à jamais. j'ai dû l'écouter 3000 fois.

Murielle Joudet a dit…

exactement, cette chanson s'écoute vraiment 3000 fois, on ne peut jamais s'en lasser, c'est son pouvoir.

Anonyme a dit…

au fait, dans un an tu découvriras l'album "The transfiguration of Blind Joe Death" de John Fahey. je te préviens juste pour que tu puisses accuser le coup le moment venu.