De moi
à MH
le 12/10/2008
Cher Michel,
le 12/10/2008
Cher Michel,
je ne vais (pour une fois) pas être longue
Je pensais vraiment que certains de mes propos méritaient et
appelaient à des réaction spontanées de votre part. Ca me deçoit
toujours un peu ces mails d'une ligne, mais je suis ici pour vous et
c'est déjà bien que d'une certaine façon vous me tolériez. Je sais que
je vous écris trop et que rien ne justifie ça.
J'aimerais vous aider à relativiser concernant votre film mais ce travail-là se fait malheureusement seul. Ca me fait penser aux gens qui au moment de la mort d'un proche ne réagissent pas tout de suite mais beaucoup plus tard, je ne dis pas que c'est pareil mais ça m'y fait penser et c'est comme ça pour beaucoup de choses, parfois le recul et le temps aggravent les choses.
Dernière chose, j'ai lu les réactions à votre livre de Didier Jacob et Pierre Assouline sur leurs blogs respectifs, ils ne savent pas tellement se défendre, Assouline me fait rire parce qu'en attendant ce n'est pas vous qui sortez un livre consacré aux meilleurs commentaires de votre blog, ça c'est vraiment la honte je trouve, peu importe si le contenu est bon, ce mec fait vraiment n'importe quoi. Quant à Didier Jacob c'est juste un bouffon que l'énervement fait bégayer.
Je vous laisse et vous embrasse, si vous avez besoin de moi et bien je suis là,
Je vous embrasse,
Murielle.
PS: C'était très très bien cette émission chez Picouly, il est sympa je trouve, présentateur modèle. J'aurai dû venir à l'émission, ne serait-ce que pour vous voir de dos.
J'aimerais vous aider à relativiser concernant votre film mais ce travail-là se fait malheureusement seul. Ca me fait penser aux gens qui au moment de la mort d'un proche ne réagissent pas tout de suite mais beaucoup plus tard, je ne dis pas que c'est pareil mais ça m'y fait penser et c'est comme ça pour beaucoup de choses, parfois le recul et le temps aggravent les choses.
Dernière chose, j'ai lu les réactions à votre livre de Didier Jacob et Pierre Assouline sur leurs blogs respectifs, ils ne savent pas tellement se défendre, Assouline me fait rire parce qu'en attendant ce n'est pas vous qui sortez un livre consacré aux meilleurs commentaires de votre blog, ça c'est vraiment la honte je trouve, peu importe si le contenu est bon, ce mec fait vraiment n'importe quoi. Quant à Didier Jacob c'est juste un bouffon que l'énervement fait bégayer.
Je vous laisse et vous embrasse, si vous avez besoin de moi et bien je suis là,
Je vous embrasse,
Murielle.
PS: C'était très très bien cette émission chez Picouly, il est sympa je trouve, présentateur modèle. J'aurai dû venir à l'émission, ne serait-ce que pour vous voir de dos.
De moi à MH le 28 décembre 2008
Cher Michel,
Comme vous le savez peut-être je suis en vacances, la majorité de
mes amies sont donc parties en voyage, à Singapour, en Italie, bref
elles sont ailleurs. Je vois donc régulièrement une de mes seules mies
restées "ici", nous nous occupons ensemble, il y a de bonnes expositions
sur Paris, et de bons films au cinéma. Hier par exemple nous sommes
allées voir Les Plages d'Agnès d'Agnès Varda, (Cléo de 5 à 7
est un de mes films préférés) et juste avant que le film commence elle
m'a offert disons pour Noël votre biographie de Lovecraft que je cherche
depuis très longtemps pour la simple raison qu'elle
est introuvable dans toutes les Fnac comme chez Virgin ou Gibert, je
n'ai pas non plus de carte de crédit pour pouvoir l'acheter sur Amazon
et j'attends le jour où je pourrais en avoir une pour m'acheter des CD,
des livres et des fringues à moindre coût, mais ceci est une autre
histoire. Elle me l'a donc trouvé chez Gibert en occasion, sûrement
une acquisition récente du magasin. Cela m'a fait extrêmement plaisir,
sous le coup de la surprise mais tout à fait sincèrement je lui ai dit
que c'était mon meilleur cadeau de ce Noël 2008 alors que j'ai eu des
choses bien plus coûteuses et bien plus jolies qu'un petit livre qui
commence à doucement jaunir, le papier J'ai Lu ce n'est pas ce qui
vieillit le mieux. Pardonnez moi mais parfois je me surprends à rêver de
vos livres en édition Folio, avec mes copines nous sommes super fan de
l'élégance, que dis-je, de la grâce des livres Folio, quant à moi je
suis obsédée par l'objet livre. Il y a quelques mois j'ai publié sur un
de mes blogs un tableau comparatif des principales maisons d'édition
de poche, une sorte de grande blague mais exécutée très sérieusement.
M'enfin, je sais de toute façon que vous n'avez pas eu le choix et que
toutes ces histoires de maisons d'édition sont bien chiantes et bien
compliquées. Je suis donc en plein milieu de mes deux semaines de vacances et j'ai enfin atteint cette période où je dors vers les 5 heures du matin pour me réveiller à 14 heures, si les vacances dureraient plus longtemps j'arriverais à intervertir presque parfaitement le jour et la nuit, ce n'est qu'une question de temps. C'est donc hier que j'ai reçu le livre et hier soir vers les 4 heures que j'ai commencé à le lire, il me reste une cinquantaine de pages. Après Contre le monde, contre la vie je devrais enchaîner sur un autre ouvrage que vous connaissez bien puisqu'il s'agit des Pensées de Blaise Pascal. En littérature nous n'avons eu que deux cours sur ce livre car nous venons à peine de finir Les Liaisons dangereuses, c'est assez compliqué et peu intéréssant mais pour résumer nous avons trois profs de littérature donc nous étudions trois oeuvres en même temps et avec la prof qui nous enseigne Pascal (que parallèlement nous étudierons aussi en philosophie) nous n'en sommes qu'à la biographie de l'auteur et je participe énormément, environ cinq fois par cours et uniquement pour vous le raconter et vous rendre fier (je ne plaisante qu'à moitié). Je vous l'avais déjà dit: un livre lu en classe est un livre qui me dégoûte systématiquement, seulement en lisant Ennemis Publics j'ai eu connaissance de l'importance de ce livre dans votre vie, vous racontiez qu'en sortant dans la rue vous ne voyiez plus que des squelettes. L'image est cool et je ne me lasse pas de la raconter à mes copines qui maintenant comprennent d'où vient mon soudain engouement pour les cours de littérature qui jusque là étaient désastreux et n'ajoutaient rien à la lecture des oeuvres. De toute façon concernant les livres je suis contre tout ce qui dépasse la simple lecture ou relecture, je n'aime pas disséquer, je suis pour l'émotion spontanée ou l'indifférence. Pour parler un peu des romans au programme, et bien Le Guépard est un très bon livre dont la force réside dans le style, les métaphores, j'ai l'impression que c'est très proche de ce que je suis capable d'écrire. Quant à Roméo et Juliette, en terminale littéraire les insultes fussent et l'idée générale qui en ressort est que cette pièce est tout simplement "merdique". Roméo et Juliette me fait le même effet que la Joconde que j'ai d'ailleurs revu récemment, je n'y retrouve rien du chef-d'oeuvre dont on n'arrête pas de me parler, mais je mets ça sur mon manque d'éducation ou de culture artistique et littéraire, j'ai conscience de mes lacunes et je fais tout ce qui est en mon pouvoir pour y remédier. Lovecraft, de mémoire je n'ai jamais lu de biographie (d'ailleurs votre livre est un essai et non pas une biographie) mais j'avouerai que j'ai la vôtre, la non autorisée, je l'ai achetée en occasion il y a quelques temps, il y a un an je crois. Je n'ai pourtant pas à me justifier mais j'en ressens le besoin. Je peux vous expliquer la démarche et qui doit être la même pour de nombreux lecteurs : à défaut de pouvoir lire un nouveau livre de vous on se penche sur votre vie en pensant y trouver votre prochain roman. Je voulais m'intéresser à tout ces livres qui sortent sur vous et j'ai pris un peu au hasard, lors d'une commande groupée sur Amazon que ma mère m'accordait. Quand j'ai su, à travers la presse et à la façon que vous aviez eu d'insulter Denis Demonpion (GQ, Technikart), que cette biographie avait été écrite contre vous et votre volonté (je n'avais pas vraiment fait attention au terme "non autorisée" qui me semblait être une formule accrocheuse plus qu'autre chose) j'ai décidé de ne pas la lire. Aujourd'hui elle est sous mon lit et je ne compte pas la toucher. Le jour où je l'ai reçu j'ai simplement regardé les photos de votre adolescence qui m'ont enchantée, et pour cause : c'était vous à mon âge. Vous aviez cet air déjà très sérieux, on sentait déjà en vous la force d'une oeuvre et d'une carrière littéraire, vous étiez déjà en plein dedans, ce qui vous arrive aujourd'hui n'est que la suite logique des choses, quelque part les photos en témoignent. Les chanteurs et les acteurs disent "je suis arrivé ici par hasard", mais pas les écrivains, d'ailleurs je me trompe, beaucoup de chanteurs aiment à raconter qu'ils chantaient depuis leur plus tendre enfance, seulement il faut beaucoup de hasard pour qu'ils parviennent à se faire connaître. Enfin bref, je ne lirai pas ce livre, je vous le promets, je vous aime trop pour vous trahir. Pour en revenir à Lovecraft il est évident que je lirai ses livres dans peu de temps, mais vous le dites vous même, il va à l'encontre de vos goûts littéraires habituels et c'est un peu l'effet que ça me fait, le fantastique. Je n'ai jamais lu de fantastique en dehors de quelques Maupassant et je me connais assez en tant que lectrice pour savoir que ça ne m'intéresse pas, mais j'essaierai parce qu'il le faut, que l'ouverture est un devoir et parce que, je ne peux le nier, vous avez une influence encore considérable sur moi. En lisant ce petit livre on se rend assez vite compte que votre oeuvre est absolument "anti-lovecraftienne". C'est vous qui le dites: le sexe et l'argent, tout ces thèmes profondément humains et inhérents à la société et que (je vous reprends) Lovecraft méprisait absolument, c'est vous qui vous en êtes chargé. Vous vous en êtes sans doute rendu compte, en tout cas je trouve ça très intéréssant, on dirait un fils qui inconsciemment fait tout le contraire de son père. C'est aussi ça qui m'a un peu rebuté chez Lovecraft, je n'aime pas les livres qui se passent trop loin de la société, tout ce courant d'"anticipation sociale" dont Wikipédia parle et dont vous faites partie, c'est ça qui m'intéresse, c'est ce type d'actualité bien narrées que j'aime. Je vous avais raconté que j'avais pour habitude d'offrir Extension du domaine de la lutte à l'anniversaire d'une de mes amies de lycée, celles que je fréquente depuis moins de 2 ans. J'offre ce livre avec le plus souvent La bête qui meurt de Philip roth. J'ai mes goûts en littérature, des goûts que mes copines ne partagent pas encore et j'ai le devoir de les convertir à mon idée de la littérature. La bête qui meurt marche très bien auprès de mes copines, elles adorent, c'est cru, c'est vrai, il y a du sexe et un prof vieillissant, la recette est la bonne. Quant à Extension, et bien elles adorent tout autant mais je remarque qu'elles insistent toujours sur le fait que "c'est vraiment trop déprimant", et ça me fait sourire. Je me souviens de l'époque où je lisais vos livres, cela coïncidait avec une période de ma vie où je me sentais extrêmement déprimée, désespérée et vulnérable ainsi que particulièrement muette avec ma famille, néanmoins je trouvais le temps de parler brièvement de vos livres à ma soeur et c'est elle qui me demandait si c'était à cause de vous que j'étais comme ça, si c'était vous qui m'aviez "gâché la vie". Elle en parlait à ma mère et celle-ci, très inquiétée par mon état et mon mutisme, me posait les mêmes questions. A la suite de ça j'avais essayé de vous en vouloir, de me mettre en tête qu'effectivement vous m'aviez complètement pourrie, vidée de mon enfance, d'une sorte de candeur que je n'ai pourtant jamais eue, mais cela n'a pas marché et j'ai toujours su qu'au lieu de me corrompre vous m'aviez surtout sauvée, repêchée. La vérité est triste mais elle est toujours infiniment plus préférable que le reste. Bref, mes copines adorent, l'une continue de vous lire, l'autre a tellement aimé qu'elle y a initié son petit ami qui trouve aussi ça très déprimant, mais les gens adorent les trucs déprimants. Pour finir, je vous envoie avec ce mail une sorte de...enfin moi j'appelle ça radio, même "Radio Vernis", Vernis c'est mon pseudo sur les forums, j'ai aussi "présence humaine" quand je ne veux pas être reconnue, et oui, en plus sur un forum "présence humaine" c'est vraiment très approprié puisque quand on poste on est physiquement là, derrière son écran, et que parfois les gens oublient, ça peut les rassurer. Bref. Donc environ une fois par an je poste cette chose qui cette année fait 29 minutes, j'y lis des textes, je mets de la musique, ça marche pas mal, j'ai atteint les 200 écoutes pour l'avant-dernière, je suis contente de pouvoir compter sur un certain nombre de personnes à chaque fois que je créer quelque chose, c'est peu de choses mais cela suffit à me motiver. Je vous envoie la toute récente, je viens à peine de la finir, vous y trouverez une nouvelle d'un écrivain américain qui s'appelle Richard Ford, un cours texte absolument bouleversant de Francis Ponge et qui s'intitule Le monologue de l'employé, et puis pour finir, entrecoupé d'electro, votre texte La fête lu par moi-même et par mon petit frère, il passe dans la cuisine alors j'en profite pour lui proposer de lire la fin du texte, je n'ai pas supprimé le moment de la proposition, c'est assez rigolo. Si vous ne voulez qu'écouter votre texte, il arrive à peu près à la 18ème minute. Je vous préviens c'est extrêmement amateur, le son est dégueulasse. Je n'ai pas réussi à vous l'envoyer en pièce jointe car elle est trop lourde mais vous pourrez l'écouter ici, c'est même plus pratique : http... Bien Michel, je vais vous laisser, j'essaye de trouver une excuse à mes mails si bavards, je me dis qu'ils sont si espacés que ça ne peut pas vous faire de mal et que peut-être même ça vous intéresse. J'ignore si vous allez bien et ce qui se passe dans votre vie alors je n'essaye de rien imaginer mais surtout n'hésitez pas à m'écrire si un jour ça vous tente, je suis assez esseulée en ce moment et il me semble avoir oublié les bienfaits d'une discussion, même épistolaire. Quoiqu'il en soit, où que vous soyez, quelque soit votre état, je vous embrasse tendrement, ici il fait froid et les éclairages de Noël tente de remédier à la nuit qui débarque tôt. Murielle. PS : j'ai retrouvé pour vous le tableau comparatif des maisons d'édition, je n'arrive pas à l'agrandir mais je vous l'envoie quand même. de MH à moi le 6 janvier 2009 Chère Murielle,
Je suis au Vietnam, mais ça ne ressemble pas vraiment à des vacances, c'est un séjour assez curieux.
J'ai
écrit à peu près le contraire de vous dans un texte que j'avais envoyé à
"J'ai Lu" pour son anniversaire. C'est en grande partie la différence
d'époque (les premiers Folio étaient vraiment d'une qualité de
fabrication déplorable, alors que la reliure des J'ai Lu était
incroyablement résistante ; maintenant, ça s'est égalisé). Ce que je
demandais avant tout à un livre, c'était d'être résistant, j'ai toujours
aimé lire dans des endroits pas vraiment faits pour ça, et même à la
plage (très difficile, pour un livre, la plage...)
Il
est vrai aussi que le parti-pris de sobre élégance des Folio m'énervait
un peu, de même que je n'aime pas cette tendance des éditeurs français à
revenir, inlassablement, aux couvertures monochromes ; j'ai toujours
souhaité prendre le risque de l'illustration, parce que je crois que
dans le meilleur des cas une image fixe peut cristalliser un grand
nombre de significations (par exemple, je crois à la peinture, comme
art).
La lecture de Philip Roth me décourage ;
j'ai toujours espéré que le désir sexuel finirait par me laisser en
paix, mais à le lire il s'avère que ça persiste à soixante, soixante-dix
ans... et que ça s'attache, toujours, aux mêmes jeunes corps féminins.
C'est sans espoir et c'est consternant ; je n'arrive même pas à trouver
ça répugnant, non, le mot "répugnant" serait une fausse piste ; mais
"consternant", oui, c'est tout à fait ça.
Enfin,
à vrai dire, pour l'instant, ça va. Je suppose que les cours ont plus
ou moins repris. Je serai sûrement à Paris au printemps, en mars-avril,
je ne sais pas au juste.
Je vous embrasse,
Michel.
De moi à MH le 10/01/2009 Vous êtes au Vietnam, c'est marrant, j'imagine que vous devez beaucoup voyager. Dans les faits vous devez quand même avoir "la belle vie". Enfin peut-être que je me trompe, peut-être que les voyages vous agacent et vous fatiguent et que vous êtes plutôt d'un naturel casanier, comme moi. Fût un temps ou prendre l'avion était à mes yeux la chose la plus désirable du monde, je m'y amusais, j'adorais la nourriture, j'aimais tout ce folklore : les hôtesses de l'air, les rafraichissements, les sacs à vomi. Aujourd'hui je n'y vois plus qu'une sorte de salle d'attente chiantissime qui finit par me rendre claustrophobe. Je suis obligée de le prendre deux fois par an pour aller voir ma famille au Liban, j'aimerais ne plus avoir à le prendre parce que ça me fait aussi de plus en plus peur (je vous en avais parlé il y a très longtemps). Je me demande ce qui se passe quand vous êtes dans un pays étranger, comment on vous accueille et si vous vous y sentez à l'aise, si vous visitez, si vous restez dans la chambre d'hôtel à regarder TV5 (ah ah), si vous êtes seul ou extrêmement entouré et occupé. Finalement nous avons des modes de vie complètement opposés, je trouve ça intéréssant, ça peut nous être utile à tout les deux ou nous rendre mutuellement curieux, je suis de toute façon très curieuse de l'emploi de votre temps. Le mien peut facilement s'imaginer dans ses grandes lignes : lycée, devoir, lecture, écriture et cinéma, mais pas le vôtre, pas celui d'un écrivain. Vos journées sont symboliquement des sortes de pages blanches au contenu imprévisible alors que les miennes restent fidèles à la même esquisse, respectent un ordre établi par le lycée, les obligations. C'est facile de comprendre pourquoi le côté noblesse de la sobriété des Folio peut énerver, je n'ai pourtant jamais compris les débats concernant la résistance d'un livre. Je n'ai jamais eu de problèmes, peut-être parce que je ne lis jamais dans des endroits "à risque" et que mes livres sont relativement récents, achetés au grand maximum il y a 5 ans. Ca m'arrive qu'on me pose cette question assez rigolote "pourquoi les femmes aiment les vieux livres ?", personnellement les vieux livres me répugnent. Si un homme peut sentir mauvais, un livre le peut aussi, et les vieux livres sentent très mauvais, je n'en achète jamais ou alors des occasions en bon état, ça oui je le fais. J'aime que le papier soit très blanc et lisse, celui de certains Folio est granuleux, d'un blanc crème et légèrement cartonné, tandis que les gros volumes ont un papier très fin, soyeux et très blanc, d'une odeur reconnaissable entre toutes. C'est le cas des volumes de la Recherche qui combinent le meilleur papier avec en couverture ce que j'estime être à ma connaissance, la plus belle série de tableaux : la cathédrale de Rouen par Claude Monet. C'est vrai que les éditeurs français ont du mal à lâcher la couverture vierge, je vois en cette manie une sorte de niveau zéro du "bon goût" mélangé à un certain snobisme mais peut-être aussi à une volonté de ne pas réduire le livre à une simple illustration : un livre n'est pas une image et n'en sera jamais une, aucune illustration ne peut résumer fidèlement le livre, ou sinon il faut faire appel à un illustrateur mais ça c'est encore pire. Je sais qu'en Angleterre c'est très différent, qu'ils n'hésitent pas à faire des couvertures extrêmement chargées et colorées, c'est assez moche. Mais il est possible d'échapper à l'excès de sobriété tout comme à l'excès de mauvais goût, des maisons d'éditions font ça très bien : Actes Sud ou Christian Bourgois, ils font de jolies couvertures. Si vous partagez quelque chose avec Christine Angot c'est bien le fait que vous soyez vous deux sur vos livres, c'est marrant. Pour elle je crois que c'est justifié : elle est ses livres, la fiction n'a pas vraiment sa place. Quant à vous, je ne saurai l'expliquer, mais je commence à aimer ce choix qui me paraît tout de même assez mystérieux, étrange, original. Concernant Philip Roth, il me semble que vous étiez au courant pour le désir. Permettez moi de vous dire que je trouve ça très beau et très touchant qu'un homme aussi désabusé et cynique que vous puisse encore être inquiété ou consterné, pour reprendre votre terme, par des choses aussi évidente que la pérennité du désir. Je comprends, bien sûr que je comprends qu'il y ait des choses auxquelles on ne s'habituera jamais et qu'on préfère oublier, les douleurs et la frustration inhérentes au désir en font partie. Je crois connaître ça, je pense ne pas du tout vivre dans cette sorte d'intempestif accomplissement de mes désirs, même si mon âge me le permet il me semble que je suis encore très loin du compte et qu'il m'arrive souvent d'en souffrir. J'ajouterai que plus on est jeune plus la souffrance est intense : autour de moi s'organise une sorte de grande fête incessante à laquelle personne ne m'a préparée et qui me dépasse. Si de votre côté "pour l'instant ça va", de mon côté ça peut aussi aller. Hier je suis allée voir l'expo Picasso et les maîtres au Grand Palais, je n'en avais pas vraiment envie mais le ticket était déjà pris. Je ne suis pas très grande exposition nationale, ça me fait l'effet de grandes messes, mais en fait ça s'est très bien passé et puis la beauté de certains tableaux finissent par prendre le dessus, par faire disparaître les inconvénients, le monde, la fatigue, les couples qui prennent des mines inspirées pour raconter des conneries. Oui les cours ont repris, j'ai une semaine de bac blanc qui arrive, il faut que je travaille, que j'apprenne, que je révise. Je déteste ça, ça m'étouffe, j'aimerais en finir le plus vite possible. Je vais vous laisser, j'ai décidé de réduire la longueur de mes mails, c'est ma seule grande résolution pour 2009. Je me dis que mars-avril ça risque de venir extrêmement vite, que ça va nous surprendre. Je vous embrasse, portez vous bien, Murielle. |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire