mardi 2 septembre 2008

Il y a ces nouveaux chiffres sur le réveil, ce qu'on n'a pas croisé depuis plus de deux mois, le 7 et le 8 surtout, et puis il y a cette "boule au ventre" dont on parle à la radio, l'angoisse de la rentrée, sur Europe 1 (hier sur la radio de mon réveil je suis tombée sur Europe 1, je ne peux pas visualiser les fréquences sur ce réveil) sur France Inter et dans la rue aussi, quand je marchais vers le lycée, un petit disait ça a sa nounou, "je sais pas pourquoi j'ai une boule au ventre".
A la radio ça parlait aussi de chiffres, je ne sais plus combien de millions d'élèves qui font aujourd'hui leur rentrée, on s'imaginait un mouvement de foule silencieux et caché, des enfants englués à leur lit se levant, l'image du pied qui touche le parquet, la petite danse quotidienne entre les pièces, quelque chose de nouveau qui reparaît, le quotidien comme le énième membre de la famille.

Hier en allant chez Auchan acheter des trucs à manger, des produits d'hygiène et des stylos à Emile j'ai trouvé des belles tasses à 1 euro l'unité, blanche au forme ronde, je crois que ça faisait quelque jour que j'avais une idée bien précise de tasse en tête, j'ignore pourquoi, reste que celles-ci sont très proches de celles que je me plaisais à imaginer. On possède de vieilles tasses, ça va faire peut-être une décennie qu'on les a, on ne voit pas pourquoi on en changerait, à moins qu'on les fracasse toutes par terre, on ne peut pas s'en débarrasser et c'est bien ça l'ennui, et l'envie de plus belles tasses n'est pas un argument qui tienne la route. Une tasse reste une tasse jusqu'à sa mort, cet objet un peu simplet, un peu féminin, on ne peut plus fonctionnel, à la simple vision rassurante et tant mieux si en plus de ça elle est jolie. une tasse sur un bureau, une tasse entre les paumes. La tasse, on la garde, on l'épuise, les motifs estompés, les bords cabossés, l'anse amputée, on persiste, on la garde jusqu'à qu'elle ne puisse plus remplir sa fonction, se remplir. Acheter une tasse c'est être emprisonné, c'est lui rester fidèle malgré le temps qui passe et les envies de changement.
J'en ai pris trois, je les ai soigneusement posées dans le panier vert avec le gel désincrustant et la poêlée de légumes grillés,
Ca m'a fait réfléchir à la durée de certains objets, les montres (la mienne venant de mourir, je n'en possèdais qu'une), les stylos, les élastiques pour les cheveux, les téléphones fixes, les téléphones portables, les gommes. Ces objets qu'on use et qu'on épuise ou qu'on perd avant de pouvoir le faire, j'aime cette idée d'épuisement, l'image d'un cuir ou d'un jean qui devient souple, ce sont comme des corps.
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Concernant le I-touch de Julie j'ai trouvé qu'il s'agissait là d'un vrai bijou de technologie, c'était la première fois que je (touchais?) prenais plaisir à tripoter une de ces petites machines brillantes. Je lui expliquais que je n'avais rien contre "la technologie", que je trouvais ça très bien mais que ça ne m'intéréssait pas trop, c'était très bien sur les autres, je demande encore à ce qu'on m'en prouve l'utilité, et puis quand j'ai vu que sa merveille nous avait carrément localisé au mcdo de la Défense ou mon blog sur un bout d'écran c'était comme voir évoluer un hamster dans mes mains et prendre conscience du mécanisme compliqué qui tenait dans cette petite poche de poils, c'était très amusant et je me suis demandé où pouvait bien se trouver la limite à l'émerveillement de la première fois et aussi qu'il était bien dommage de s'habituer si vite à de petits miracles comme celui-ci. En appelant mon petit frère pour savoir s'il voulait que je lui fasse à manger une fois que je rentrerai j'ai là aussi réalisé ce que j'étais en train de faire, ce geste mécanique du coup de fil qu'on passe et auquel là aussi on s'est habitué, j'aimerais encore pouvoir sans me forcer regarder le monde comme on regarde la vitrine d'une boulangerie, avec ces gros yeux de mangas.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

ton blog c'est comme la radio, l'air de rien, j'étais un peu perdue de ne plus avoir ce petit quotidien, le luxe de lire ou de reporter à plus tard, la surprise de se souvenir d'une phrase au milieu de la journée

Anonyme a dit…

"Le matin, elle pleura de sept heures à sept heures vingt-cinq."
(une petite pensée pour Mumu en lisant cette phrase, pourquoi, ça ne s'explique pas, mais c'est comme ça, et c'est dans Les jeunes filles de Montherlant, lecture vivement conseillée par l'amie Juliette, merci à elle)