vendredi 29 août 2008


Je ne pense pas que l'ete soit la meilleure periode du ciel pour lire Virginia Woolf, cela equivaut a manger du cassoulet sous une chaleur ecrasante, il y a des ecrivains-chocolat-chaud et les autres, les ecrivains-sorbet, je concois et visualise tres bien les premiers, un peu moins ces derniers.
Virginia Woolf, sans la connaitre j'avais le visage meconnaissable de Nicole Kidman dans The Hours, la vision d'une femme dans une longue robe molle posee comme une cape sur sa silhouette cassee par les heures d'ecriture et la lucidite, quelque chose qui se lit idealement dans une maison de repos a l'heure de la promenade, les fesses sur un banc, le plaid sur les genoux, les feuilles qui tombent des mains des arbres, les cheveux qui tombent de la tete par poignees inquietantes, un peu comme celles qu'on trouve en suspension au fond des piscines.
Et puis finalement un bon ecrivain se mange a toutes les periodes de l'annee, dans n'importe quelles positions et dans n'importe quelles tenues. (vision d'Emile qui me tend ''le petit nicolas a des ennuis'' en me disant ''tiens, mange'')
Pendant ses vacances il y a eu d'abord la lecture de Mrs Dalloway, monologue interne sans interruption qui saute de personnages en personnages, et de l'essai d''Une chambre a soi'' qui parle des femmes et du roman et de toutes les questions qui peuvent contenir ces deux mots, elle tente de comprendre les raisons d'une litterature feminine quasi inexistante pendant des siecles et explique que selon elle les conditions sine qua non a la redaction d'une oeuvre litteraire se trouve etre de quoi vivre, du temps et une chambre a soi. C'est tres agreable a raconter, encore plus a lire, c'est delicieux comme une boite de patisseries libanaises, on se promet de pouvoir arreter a tel niveau de la boite, a tel chapitre du livre, et on continue jusqu'a qu'il n'en reste plus rien.

Bon bien sur durant ces vacances il n'a pas ete que question de Virginia Woolf mais aussi de deux trois autres romans, de tele, de DVD, de bronzage, de famille, de quelques tranches manuscrites et d'un kilo en plus. Tellement de non-evenements se sont enchaines qu'a ce stade il faudrait faire un resume du resume. Je reviens dimanche, il etait temps, le clavier qwerty et TF1 qui bugue a l'heure de la quotidienne de Secret Story commencaient a serieusement m'irriter.
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''Des chiens aboient, des gens viennent interrompre le travail; il faut gagner de l'argent; la sante s'altere. De plus l'indifference bien connue du monde aggrave les difficultes et les rend plus penibles. Le monde ne demande pas aux gens d'ecrire des poemes, des romans ou des histoires; il n'a aucun besoin de ces choses. Peu lui importe que Flaubert trouve le mot juste ou que Carlyle verifie scrupuleusement tel ou tel evenement. Et, bien entendu, il ne paye point ce dont il n'a cure. C'est pourquoi l'ecrivain, qu'il soit Keats, Flaubert ou Carlyle, est atteint de toutes les formes de desequilibre et de decouragement, et cela surtout pendant les annees fecondes de la jeunesse. Une malediction, un cri de douleur s'eleve de leurs livres d'analyses et de confession. ''Grands poetes morts dans la misere'', tel est le refrain de leur chant. Si, en depit de toutes ces difficultes, quelque chose nait, c'est miracle; et sans doute aucun livre ne vient-il au jour aussi pur et aussi acheve qu'il fut concu.''

Virginia Woolf - Une chambre a soi

pardon pour tout ce francais sans accent, promis je recommencerai pas

XTC - Making plans for Nigel



9 commentaires:

Antonia a dit…

Je crois que ça fait super longtemps que je lis tes blogs mais j'ai jamais commenté, peut-être que la photo de Virginia Woolf a fait le déclic. Je m'étais déjà dit "oh quelqu'un qui aime Salinger et qui n'a pas lu que L'attrape-coeurs" ce qui m'avait convaincu de ton bon goût, après c'est un peu grâce à toi que je me suis mise à lire Dostoïevski, et que j'ai regardé les films de Rohmer. Donc tout ça pour dire que Virginia Woolf c'est bien, et que si tu n'as pas lu Les Heures, tu devrais (le film a beau être une adaptation fidèle, rien ne vaut le livre). Voilà.

Anonyme a dit…

"les conditions sine qua non a la redaction d'une oeuvre litteraire se trouve etre de quoi vivre, du temps et une chambre a soi."

Rien de plus vrai.

Contente de te lire à nouveau en tout cas.

Anonyme a dit…

reprise




je vois les pions sur l’échiquier
mais il n’y a pas d’adversaire
dans le tourment du siècle
les renards vont dieu sait où

le jaunissement des feuilles
dans ce jardin de nulle-part
accueille la mémoire mouillée
des jours passés pleins d’insouciance

me retient et me ramène
surgissement de l’enfance
au soir de la fête du feu
où les larmes et les mouches

croisées de brindilles brisées
se mêlent au fumet d’étincelles
mélanges et transformations
me portent loin de ma prison

Anonyme a dit…

Dans le même style, Edith Wharton, par exemple La tentation de l'innocence, très beau, très désuet...

Anonyme a dit…

j'aurais aimé avoir l'avis de murièle.

Anonyme a dit…

pardon : murielle

Anonyme a dit…

Les tout petits écrivaillons se cooptent et se congratulent entre eux. Ici, le public indique la valeur.

Murielle Joudet a dit…

Denis : je ne suis pas ton blog

et je souhaite la bienvenue au grand méchant commentateur anonyme.

Anonyme a dit…

murielle : je n'ai pas de blog. je squate ceus des autres, c'est plus amusant. si tu ne veux pas me dire ce que tu en penses en public, dis le moi sur ma boite tech stp.