lundi 4 août 2008

je raisonne comme ça :
s'il faut payer un coca light 5 euros autant être le mieux placée possible et alors un seul endroit prévaut sur tout les autres : le centre pompidou et ses cafés alentours, la foule y est hétéroclite (je me lasse déjà de moi-même, de mes propos prévisibles) et dynamique, on peut s'y faire bousculer comme accoster et les cafés sont plantés là comme des rebords de piscine, on s'y raccroche avant de se noyer.

je redoutais l'arrivée du garçon de café, j'hésitais très sérieusement entre le cappucinno et le coca light, oh ça m'énervait, finalement j'ai choisi le coca light avec tout ces accessoires : citron, paille, glaçon, addition et j'ai commencé mes lectures.
Ce matin j'ai fini "Comme le feu mêlé d'aromates" de gabriel matzneff, que je vous conseille de tout mon coeur, un récit qui à certains passages prend des formes de manuel de savoir-vivre, tout ce que j'aime.
J'aime les écrivains qui vivent avec leur idée, une conviction intime et profonde qui régirait absolument toute leur vie, j'ai un besoin inassouvisable de phrases déclaratives, de "la vie c'est...", "l'écriture c'est...", "il y a deux catégories de gens dans la vie...", j'ai besoin de vérités, d'aphorismes, je ne demande que ça, que chaque livre soit une bible, je m'y laisse duper, il n'y a qu'en littérature que j'accepte encore les tromperies et les manipulations. "en littérature tout est manipulation", notre professeur de français nous le répétait à longueur de cours.

J'avais trois livres dans mon sac : "petit-déjeuner chez tiffany" dont il fallait que je finisse une des nouvelles, "les mouflettes d'atropos" de chloé delaume, récemment acheté, le début étant incompréhensible, conseillé par A., par tout un tas d'adultes depuis 3 ans, et "la cicatrice" de bruce lowery, lu en 4ème pour l'école, je me souviens en avoir pleuré pour une raison qui n'a rien à voir avec ma jeunesse de l'époque, je suis persuadée que ce livre a vieilli aussi bien que mon esprit critique flambant neuf.

j'ai fini truman capote, j'ai commencé lowery, je crois ne pas mentir en affirmant que je n'ai jamais relu un livre. je pense à julie qui a lu deux trois fois "le parfum" et je pense à moi disant à ma prof de français ou d'anglais "on a beaucoup trop de choses à lire pour se permettre de relire les livres", c'est encore ce que je pense et pourtant plus la vie de lecteur se perpétue plus l'envie d'un retour aux premiers amours se fait sentir. Je pense faire ça dans quelques mois, non, en fait en relisant "la cicatrice" c'est exactement ce que je suis en train de faire.

Il commence à pleuvoir, je suis au bord de la terrasse, au bord de la bâche, ça me mouille un peu, comme quand on marche à proximité d'un arroseur automatique, pas assez pour en recevoir des gouttes, une petite rosée qui fait rigoler, c'est toujours amusant de se mouiller tout en étant habillé sauf quand il s'agit de la pluie, la pluie c'est sérieux : les gens raisonnent comme ça et passe à côté de quelque chose.
Il pleut à côté de moi,
je ne sais pas si vous avez déjà remarqué mais vers le centre pompidou quelque chose se passe au niveau du ciel, l'espace est utilisé de telle sorte que tout à l'air plus vaste, le ciel plus haut, chaque chose est plus impressionnante, l'idée d'une jungle urbaine. ajoutez à ça ce ciel gris gallet ouvert sur du blanc.

ma mère m'avait dit qu'il me fallait des chaussures pour le liban, elle ne veut pas que je prenne une de mes paires de baskets blanches sales, "c'est la honte", moi ça m'énervait de dépenser encore, chaque jour elle se plaint un peu plus des dépenses qu'elle doit faire pour ma soeur, son voyage à new york, son école de conduite, et elle continue pourtant, elle ne se lasse jamais. je lui ai dit sans trop réfléchir, en sachant qu'il n'était pas question de les acheter "j'ai vu une belle paire de springcourt à Châtelet", je n'osais pas lui annoncer qu'elles étaient blanches avec de fines rayures noires verticales, elle m'a demandé "quelle couleur?", comme plusieurs me plaisaient j'ai répondu "oh y'en a plusieurs, des grises, j'hésite, en plus elles sont en soldes", j'avais oublié que les soldes étaient finis, alors en passant près du forum des halles je suis allée voir si les affiches "Soldes" étaient toujours accrochées, ma mère m'a dit "y'aura peut-être pas marqué soldes mais promotion". Les affiches étaient encore là, c'est après que je suis allée au café. j'étais un peu fatiguée, un peu énervée, ça me plaisait bien de m'asseoir, de me reposer, j'avais soif aussi.

Après quand je me suis levée j'étais vraiment en pleine forme, d'attaque pour mes grandes marches, j'avais mon long gilet bleu marine serré entre mes mains, tout était si peu peuplé, dans les rues un vide flagrant, comme une boîte de chocolat presque vide. un choc, et une sensation d'être une rescapée. j'imaginais les parisiens en maillot un peu partout dans le monde, ensuite ils reviennent, ils sont en forme, ils reprennent les vêtements de la ville sur leur peau salée, le réveil, le sandwich du midi, la voix de nicolas demaurand sur france inter qui chaque matin prononce de cette même voix un peu hésitante au moins une fois "nicolas sarkozy", le grand journal, les films à la télé, le changement d'heure, le sommeil, les enfants, le pain de mie, les yaourts, la presse gratuite, les écharpes, le pass navigo, le coiffeur, le dentiste.

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