vendredi 8 août 2008

quand je me lève tôt, je suis de bonne humeur, je suis capable de tout pour tout le monde, j'ai envie de faire des petit-déjeuners comme dans les films, avec des choses salées, des choses folles, mais personne n'en veut, quand je demande à ma soeur, encore à moitié endormie, moi sur mon lit, dans la robe de chambre, zélée, tentant de lui soutirer un "oui", elle me répond "nan ça va, chui au régime", il n'y a que Emile qui veut bien.

je lui fais deux oeufs au plat que je cuis séparément, l'un après l'autre sur la plaque à induction, et je les place sur deux tranches de pain de mie préalablement toastées sur le grille-pain le plus vieux du monde j'ai l'impression, j'essaye de faire en sorte que l'oeuf ne soit pas prêt avant le toast, j'ai demandé à Emile s'il voulait du jambon avec mais il a dit non.
deux choses me chagrinent un peu quand je lui prépare ses oeufs :
1) je suis toujours obligée d'écrabouiller en une bouillie bicolore l'oeuf au plat qui pour moi est un sommet de perfection (cette bulle jaune soleil si bien délimitée, ce blanc immaculé, comme les bonbons oeufs) pour que le toast en soit entièrement recouvert,
2) Emile aime réduire au maximum ses efforts et me demande de couper les tranches, à la fin ça ne ressemble plus à mon idée de petit-déjeuner de film, mais Emile est content et Myriam tente de déceler un moment d'inattention chez lui pour pouvoir lui chourrer un carré.
ensuite elle me regarde faire la vaisselle, frotter la poêle comme un bras qui démange et elle me dit "tu veux pas être mère au foyer?", à chaque fois elle me sort des choses comme ça, "tu veux pas rester à la maison et t'occuper de nous?" moi j'aimerais bien, j'aime ça, l'état un peu vague dans lequel me plonge le lavage d'une tasse ou d'une assiette, j'aime nettoyer, purifier des surfaces, le sol ou la table de la cuisine, le miroir de la salle de bains, la moquette, laver des abricots, cette obsession de la perfection qui naît en moi soudain, c'est dans ces conditions que le reste disparaît.

3 commentaires:

Unknown a dit…

Avez-vous déjà lu (je sais, air connu) Ecrire de Duras ?
Le début c'est : " C'est dans une maison qu'on est seul. Et pas au-dehors d'elle mais au-dedans d'elle. Dans le parc il y a des oiseaux, des chats. Mais aussi une fois un écureuil, un furet. Mais la maison, on est si seul qu'on en est égaré quelquefois. C'est maintenant que je sais y être restée dix ans. Seule. Et pour écrire des livres qui m'ont fait savoir, à oi et aux autres, que j'étais l'écrivain que je suis."

Et, je ne sais pas, ce que vous dites m'y a fait penser.

Anonyme a dit…

Merde, j'ai cliqué trop vite et Blogger a choisi une identité pour moi : j'avais "Baptiste" mémorisé je ne sais d'où. Je crains que ce soit mon nom. Désolé pour la confusion.

Murielle Joudet a dit…

ah ah, un Baptiste