vendredi 19 septembre 2008

emile m'a réveillée en chantant à travers la maison une histoire improvisée sur la vie d'un toutou qui mourrait, c'était il y a plus de 16 heures, alors je ne me souviens plus des paroles, ni du rythme, vraiment je ne m'en souviens plus.
j'ai approché mon lit du bureau, comme ça je peux aller sur l'ordi ou travailler sur le bureau depuis mon lit, je m'assois en tailleur au bord du lit et je suis en face du bureau et de mon personal computer. En faisant ça j'ai essayé de faire se joindre deux espaces essentiels, c'est confortable, une idée comme une autre qui arrange un peu la vie, par contre ça bloque mon tiroir à culottes.

ma mère voulait rentrer dans ma chambre, j'étais en train de m'étaler de la crème sur les épaules, les bras et les jambes, parce que je pèle énormément, comme si ma peau recrachait tout le soleil engrangé pendant les vacances, alors j'hydrate et parfois en cours, une dizaine de fois par jour, j'approche le bras de mon nez pour sentir les dernières effluves de crème hydratante, j'aime aussi glisser une main à l'intérieur de mon pull, sur mon épaule, pour sentir la chaleur qui s'en dégage, une chaleur un peu parfumée de gel douche quand je m'y prend tôt dans la journée, une chaleur féminine, quelque chose qui me réconcilie avec moi, avec mon corps, je pense pas être mon corps, je pense être mon écriture, et encore.

ma mère voulait rentrer dans ma chambre pour voir si ma soeur avait un gilet gris ou noir, j'ai enfilé une tenue descente et je lui ai ouvert la porte. je lui ai dit que moi j'en avais, j'ai deux gilets noirs, un h&m et un petit bateau, j'ai mis du temps à les lui trouver. dans les penderies certaines choses sont plus visibles que d'autres, des chemises sont mises en évidence, plus en avant que d'autres carrément écrasées et recluses au fond,
résultat
on ne les voit pas
on ne pense plus à elles
on ne les met plus
et par un hasard du rangement on les redécouvre et on les porte comme d'anciennes médailles, et ça les gens ne le savent pas. cette semaine j'ai dit à julie "dans la classe y'a personne qui sait que j'ai changé de pantalon à midi, y'a que moi qui le sait", elle a rigolé du genre "mais allez qu'est-ce que tu racontes", c'est pas la première fois que je pensais ça. on entreprend des modifications sur notre corps, elles nous paraissent importantes mais aux yeux des autres elles ne valent absolument rien, nous sommes nos propres centre du monde, chez les autres cette constatation me dégoûte et me déprime un peu, quant à moi j'essaye de faire autrement, d'aimer les autres autant que moi mais c'est dur parce que pour ça il faudrait que les gens se comportent parfaitement, d'une manière que j'estimerai parfaite et cohérente. je crois qu'il serait temps que je tombe amoureuse pour un peu moins me soucier de moi et de mes pantalons.

je marchais sur le trottoir, un trottoir à courbevoie, et je me disais que les trottoirs courbevoisiens n'avaient rien à envier aux trottoirs parisiens, le claquement de talons y est de la même qualité, la mélancolie tout aussi bonne, non vraiment on était bien. Paris a juste eu la chance d'être élue capitale.

septembre c'est incroyable, tout les jours je suis émue par tout, j'ai reçu un coup, quelque chose s'est passé, je suis devenue une peau sensible comme dans les pubs nivea, c'est pas possible, c'est pas possible, la tranquillité d'un cours m'émeut, le silence dans le bus je n'en parle même pas, j'ai vu un type galèrer à cause de son nez qui devait être en train de couler, ce n'est pas les soldes mais les femmes achètent des habits, elles aiment s'habiller, j'ai vu dans des vitrines "c'est beau! c'est nouveau! il vous le faut!" et aussi "poitrines généreuses et formidables", et sur des escalators "vêtements longs attention!", un petit est tombé et la chute a été encore plus brutale à cause de mon pied qui lui a fait comme un croche-patte, je n'ai pas tout de suite eu le réflexe de le relever, je ne sais pas pourquoi, je me suis dégoûtée, ensuite quand le bus s'est un peu vidé je me suis éloignée, j'ai soulevé mes cheveux pour poser ma nuque contre la vitre froide du bus, j'avais chaud.

mardi les copines sont venues déjeuner à la maison, on a mangé des biscuits apéritifs italiens, des spaghettis bolognaise, des cornets de glace et des yaourts, il y avait aussi un litre et demi de oasis mais du auchan à cause du pouvoir d'achat et aussi du coca. Charlette et Cécilia on regardé mes livres et mes cds pendant que je réchauffais les pâtes, c'était la première fois qu'on regardait mes trucs, moi je le fais chez les autres mais personne ne peut le faire chez moi, j'invite rarement des gens, je n'ai jamais été "tu dors chez moi/je dors chez toi", j'aime quand les gens restent à leur place, dormir chez les autres me terrorise je crois. On a papoté, on a rigolé, on a bien mangé, ensuite on est retourné en cours avec nos petites vies dans les poches.

Jens Lekman - Jens Lekman's Farewell Song to Rocky Dennis

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