mardi 19 mai 2009

La solitude de l'élève




















Plus que du travail, notre scolarité nous a offert à tous de la solitude, des kilos de solitude. Solitude pendant les contrôles, pendant les révisions, devant une mauvaise note, devant une bonne note, solitude devant l'histoire, la littérature, la philosophie; l'élève est seul, il s'organise seul, il se réjouit seul et se décourage seul.
Je me demande si les profs, je me dis que les profs pensent à cela (disons au début) quand on leur rend une copie, à ce petit individu aux idées vagues et vagabondes et qui tentent de se concentrer sur quelque chose qui lui échappe et qu'il tente de faire sien; l'élève est touchant, il essaye de se prendre au sérieux. Peut-être que nos copies doubles d'histoire sont de la littérature, peut-être que quelque chose doit être gardée.

Je pense à moi aux yeux cernés, au corps vide de fatigue, en train de rendre poliment une dissertation de philosophie à mon professeur comme si de rien n'était alors que je me suis débattue avec moi-même, que j'ai joué l'obstinée, que je me suis portée à ébullition dans le silence de ma cuisine, à 2 heures du matin, ou dans une salle de classe au son de mon ventre chantant la faim, pendant 4 heures. Je rends ce travail qui à en apparence de la tenue et un cadre rouge pour le commentaire, avec mon nom que j'écris en haut à gauche, une belle présentation comme on ferait porter un costume à un sale gosse. C'est peut-être ça le travail, la scolarité, les études: nettoyer d'un doigt humide le coin de bouche chocolaté des sales gosses.
Je trouve que l'élève doit être à certains moments désirable aux yeux du professeur, justement pour cette solitude, brillante et pleine d'espérance. Le cancre est celui qui ne supporte pas d'être seul face à ce qu'il sait et ne sait pas; face au travail il se fait peur à lui-même.  Et peut-être qu'on aime le bon élève pour son endurance à la solitude, ce qu'il comprend et admet avant les autres et sans se poser de questions; une sagesse avant l'heure.

1 commentaire:

Ariane a dit…

"une sagesse avant l'heure"....c'est exactement ça. La solitude dans le travail....je me retrouve beaucoup dans cette note et c'est pour ça que j'ai choisi la fac. Trois ans plus tard je ne regrette pas, je te conseille cette orientation. On est livré à soi même au milieu d'une tonne de recherche, c'est tout simplement jouissif....bonne continuation