vendredi 8 mai 2009

Dans les magasins, Cécilia qui m'empêche physiquement de ne pas approcher les hauts à rayures sous prétexte que j'en ai trop.

Le bizarre sentiment (et dans lequel je ne me complais absolument pas), que quand on parle du bac, quand on donne des conseils de révisions j'ai toujours l'impression que cela ne s'adresse jamais à moi, à tout le monde sauf à moi, et ce sentiment persiste depuis que j'ai une conscience d'écolière, déjà au collège c'était comme ça. L'impression que d'une certaine façon même les "cancres" sont beaucoup plus engagés que moi dans l'affaire. Le cancre est une des figures du scolaire même s'il tend à en échapper. En se détachant au maximum du scolaire il lui donne malgré lui une importance démesurée.

les personnes qui traitent les livres comme des yaourts, de manière totalement indifférencié. Peu importe qu'on en voit la tranche ou pas, qu'il y ait une harmonie entre les tranches alignées pourvu que tout ça soit rangé, que "ça rentre", c'est ça que je constate quand je passe après ma mère venant de toucher à mes livres : un rangement fonctionnel, sans état d'âme où les livres au lieu de se montrer deviennent comme intimidés, gênées de prendre autant de place. Je viens les consoler.

Lecture du Savon de Ponge : s'en est fini du savon liquide. je vais dans la réserve chercher s'il ne reste pas un vrai savon comme il faut, voir si le souci de l'efficacité n'aurait pas eu raison de lui. Si Godard a filmé des personnes en train de se laver les mains ça veut bien dire qu'on est en présence de quelque chose de beau, un geste esthétique du quotidien comme les coups de peigne dans les films de la Nouvelle Vague, les scènes de repas. J'en trouve un tout rond tout rose, l'image même du savon, il est à la rose, je pense aux moments que l'on va passer ensemble.

En 3ème? j'ai acheté un dictionnaire des expressions et locutions, un peu par hasard, parce que je trouvais ça utile. je me demandais alors pourquoi personne n'en avait chez lui alors que c'est une mine, j'avais l'impression d'être en présence d'un secret, d'autant plus un secret qu'il était accessible à tous.

Chez American Apparel. première fois que jachète dans la boutique, j'avais déjà acheté sur le site, aujourd'hui c'était shopping "je sais ce que je veux" et non pas "je cherche ce que je veux". Un t-shirt manches longues gris chiné avec un col V, un peu coûteux mais tellement convaincant quand je l'essaye. Je finis aussi par prendre une écharpe couleur "cranberry", il y avait une vingtaine de couleurs disponibles mais Marie m'a aidé à choisir, il fallait que ça aille avec un maximum de mes fringues : le beige de ma parka, le marron de ma veste en velours, le noir de ma veste en cuir, le bleu marine de toute ma garde-robe, c'était O.K.


J'ai passé la matinée à lire méticuleusement le dernier Technikart dans mon lit : certains magazines ne peuvent se lire autrement que comme des livres. Le magazine fait le lien entre internet et les livres : internet pour le côté j'actualise l'information et les livres parce que ça se lit sérieusement et que l'on juge les journalistes. Je n'ai pas tout de suite dévoré l'interview Michel Houellebecq/Iggy Pop, je sais que ce dernier est plutôt nase en interview, que c'est d'abord un homme qui a l'intelligence de l'action plutôt que de la parole et que les interviews en général ne sont jamais qu'un échantillon de ce qui s'est dit, on ne fait que toucher la surface des choses, les interviewés ont à peine le temps d'arrêter de prendre la pose, d'en venir aux choses sérieuses que l'entretien est déjà terminé.

Les week-end c'est comme s'il n'y avait que moi qui avait le droit de rester alitée autant de temps, jusqu'à 13h. Ma mère et ma soeur rangent un peu ou en tout cas s'agitent, Emile doit faire son lit et prendre sa douche, mon père est déjà dehors et moi je commande le monde depuis mon lit, personne ne me dit rien, on se plaint mollement de mon inaction, de mon "oblomovisme". Puis constatant que la journée est en train de m'échapper je finis par me lever, par ouvrir la fenêtre et par faire mon lit, puis tranquillement je me prépare et me jette dehors.

J'ai oublié mon portable au Lutèce, je pars le chercher. Le serveur me demande si en échange je ne pourrais pas aller lui acheter des cigarettes en face, des Marlboro; j'accepte. Je reviens les lui donner, il me dit merci beaucoup, bonne soirée, faites attention en rentrant.

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