jeudi 23 octobre 2008

"Hippopotamus revendique 40 ans d'amour de la viande"

Alors aujourd'hui je suis rentrée du lycée : j'avais pas de devoirs, j'avais rendu ma dissertation, j'avais aucune mission et j'ai retrouvé ce repos qui avant était la seule façon que j'avais d'aborder mes fins d'après-midi et que maintenant je ne retrouve que trop rarement.
Après les cours et avec les copines on est allé manger au Viaggio, l'espèce de fast-food de pâtes qui se targue d'être une alternative à l'hamburger (j'en avais déjà parlé dans une des toutes premières notes de ce blog) à condition que t'acceptes de faire la queue pendant 30 minutes.
J'ai bien observé les meufs à la caisse et les clients pour tenter de comprendre pourquoi ça prenait autant de temps, c'était surnaturel. Quand ca a été mon tour je me suis tournée vers Julie pour qui je commandais aussi et j'ai tendu mon poing façon "on a gagné", elle l'a fait en même temps que moi, elle avait super faim la pauvre.
En espagnol j'avais dit à Julie "j'ai peur de pas avoir faim quand on ira au restaurant" et pour me rassurer elle m'avait répondu "c'est dans deux heures, ça va".

Je suis arrivée vers les filles avec le plateau plein de provisions et j'ai posé le reste de l'argent sur la table en disant "tiens julie met ça de côté pour la voiture qu'on veut s'offrir", Charlette a trouvé ça trop mignon, et j'ai dit "ouaais trop". après on a mangé et on a parlé et c'était doux et bien comme quand on caresse des chats. J'avais pas du tout envie d'aller voir "L'instinct de mort", le film sur Jacques Mesrine, ("on dit pas Messrine on dit Merine") aussi j'ai accompagné Julie jusqu'au métro et sur le trajet je lui demandais "tu crois que j'y vais?" elle m'a répondu "bah demande toi si t'as quelque chose de mieux à faire" et c'était justement ce que ma tête faisait. J'angoissais un peu à l'idée de rentrer chez moi, de surprendre ma chambre dans la pénombre fraîche de l'après-midi, de traîner et d'enchaîner les actions inutiles alors j'ai fait demi-tour un peu pressée de leurs faire la surprise de mon retour. Elles étaient en train de boire des milkshakes en marchant lentement à travers le Dôme et en attendant la séance on a encore papoté jusqu'à plus soif. J'étais contente de les retrouver, je les trouve fun.
Cécilia portait mon nouveau bonnet que j'avais acheté un peu plus tôt dans la journée. Il était accroché trop haut chez H&M et le plus agaçant c'est que ça se jouait à un centimètre près, puis j'ai vu un très grand mec immobile, pas loin de moi, je lui ai dit "excusez moi, vous pouvez m'attrapez ce bonnet, je suis trop petite, hi hi", il m'a fait "bien sûr" et j'ai dit "merci beaucoup". C'était quand même assez tôt, il n'y avait personne, les vendeurs parlaient fort tout en installant les pancartes -50% (comprendre par là qu'il y a des soldes chez H&M et d'ailleurs un peu partout), l'atmosphère était détendue, les vêtements encore rangés.
Avec mon bonnet j'avais redonné le goût des couvres-chef à Cécilia et après le cinéma elle est allée s'acheter un bonnet chez H&M pendant que moi je les essayais tous et que Marie se disait à elle-même et très sérieusement "Oh 1,90€...je viendrai l'acheter quand j'aurai du fric", à un moment j'en ai essayé un si beau que Cécilia a bien voulu m'avancer le prix parce que j'étais à sec et qu'il fallait que je reparte avec, ensuite elle m'a aidé à bien le mettre sur ma tête, c'est tout un art, un jour je vous expliquerai si vous me le rappelez.

Le film était bien, c'est bien que ce soit sur trois fois, ça fait quelque chose à suivre dans sa vie, j'ai dit aux filles "ce sera notre série à nous". Il était 15h et la salle était bien pleine comme une bonne assiette de riz, il y avait des petits hommes d'affaire bien calés dans leur fauteuil avec la boîte de pop-corn bien calée entre leur cuisse, les lunettes bien calées sur le nez, prêt pour le film, prêt à se faire plaisir, quelque chose de parfaitement rassurant dans tout ça. Je les regardais de très très loin, c'était juste impossible qu'ils sentent quelqu'un les regarder et moi je me sentais en sécurité, c'était comme de mater Secret Story à la télévision, du voyeurisme sans les risques. J'ai bien aimé le film, ça m'a fait un peu peur, je trouve que c'est joliment filmé, je suis pas encore sûre de ce que je pense de Vincent Cassell.

Je sais qu'il faut que j'écrive la suite de mes affaires avec MD (on l'appellera comme ça, les occurrences de son nom commence à doucement m'inquiéter).
On s'était arrêté au moment où je devais lui envoyer un mail avec les chansons et où j'étais contente que notre discussion se soit bien passée et où je mangeais du riz aussi, je sais que je parle trop de riz, faut voir ça avec ma mère, c'est elle qui me prépare mon manger, ce soir elle m'a dit "je t'ai sorti le riz du frigo et les tomates farcies" et souvent elle me raconte comment les préparer, les quantités, la cuisson, et elle insiste sur le fait que c'est pas calorique et je fais tout pour abréger son discours, "oui maman je sais, mais de toute façon j'ai pas faim, nan mais c'est bon NAN MAIS C'EST BON." Je sais plus c'était quand, je crois que c'était hier, je pensais aux mères en général, pour moi une mère ça a toujours été la meuf qui te fait à manger après une mauvaise journée, ça peut se résumer à ça. Je pense pas que je serai une mère, j'ai déjà du mal à m'occuper de moi, je pense que je ferai n'importe quoi.

J'ai écrit un mail à MD, je lui ai dit que je ne pouvais pas lui envoyer tout les morceaux dans un mail, que Gmail ne permet pas ça, je me suis même crée un compte Yahoo pour voir si je pouvais mais je pouvais pas, ça se limitait toujours à 10Mo, je l'ai aussi rassuré sur le fait que tout ce que je pouvais faire pour lui ne me dérangeait pas, que j'avais le temps et que j'aimais être dérangée.
Je lui ai dit que je lui apporterai ma clé USB demain, que c'était la seule solution, je lui ai dit que je voulais qu'il continue de nous conseiller des groupes et tout, je lui ai dit, j'osais pas vous le dire en cours parce que vous vouliez "poursuivre le programme". J'ai allongé la compilation et j'ai changé quelques morceaux, j'ai mis une sorte d'avant-propos, j'ai mis mon cd de CYHSY dans mon sac, je me suis demandé s'il allait trouver ça bizarre que je garde l'étiquette du prix sur le CD mais je me suis résolue à ne pas l'enlever, c'était moi, je devais bien commencer par assumer quelque chose chez moi.

Le lendemain je portais ma veste en laine à motifs pied de poule bordeaux vert et marron avec des renforts en cuir sur les coudes, un pantalon bleu marine à pinces, mes bottes, un pull coll V bleu marine sur une sorte de chemise crème transparente en soie avec de la dentelle tout le long des boutons, un truc qui m'a coûté peut-être 6€ chez Gap il y a des années, la veste aussi était très vieille mais à peine portée cinq fois. On avait une heure de trou et on était assise dans le hall du lycée, quand ça a sonné on a vu MD se précipiter vers la sortie, il nous a dit "je reviens, ça a pas encore sonné, je fais vite", quelque chose dans le genre,
sur un ton un peu inquiet,
un peu désolé,
c'était étonnant parce qu'on savait qu'il fumait entre chaque cours et on ne lui en a jamais voulu. Il y avait eu la veille encore un échange webique et en poussant la porte du lycée pour sortir il nous regardait encore, et je le regardais et je lui ai dit "nan mais vous pouvez y aller", et disons que pendant 2 secondes je le regardais avec ce que j'estimais être mon sourire le plus gentil et le plus coul et il a croisé ce regard et c'était plein de good vibrations, ça m'a tué. Je crois que je m'en souviendrai toute ma vie, c'était comme la dernière fois, plus du tout un regard présent mais un regard pensant.

Une fois en classe (on était au rez-de-chaussée c'est pour ça que sans bouger on a pu attendre devant la classe tout en le voyant partir fumer) les élèves ont mis du temps à venir alors j'ai demandé à Julie si elle pensait que je pouvais lui donner maintenant tout ce que j'avais a lui donné, elle m'a dit "oui" et j'ai sorti mon petit sac Fnac. Pour le cd je lui ai dit "je pouvais vous le mettre sur la clé USB mais je trouvais que la pochette était belle", il a dit que c'est vrai qu'elle était belle. Il a rangé la clé USB dans la poche intérieure de sa veste et il a dit "ça se perd ces trucs-là", il avait dû en perdre une pour dire ça. Après Rafaël a demandé de quel groupe il s'agissait, lui qui ne connaît que, allez soyons gentils, Bob Marley et Pink Floyd, j'ai dit "c'est Clap Your Hands Say Yeah", MD, outré, a dit en plaisantant "QUOI? VOUS CONNAISSEZ PAS CLAP YOUR HANDS SAY YEAH!?". C'était mignon tout plein.

La classe se remplissait doucement au son des chaises qui s'ouvraient et se refermaient sur les élèves, MD a pris une craie et très silencieusement il a écrit un titre du groupe Freur, ça répondait directement à mon désir qu'il continue de nous conseiller de la musique, je lui avais précisément dit qu'une simple note dans un coin du tableau suffirait, qu'il n'était pas obligé d'en parler histoire de ne pas retarder le cours, ça m'a trop touché.
Ca c'était mercredi.
Le jeudi MD n'est pas au lycée alors bon, la journée passe comme ça, on n'y pense pas, on ne sort pas en récréation parce qu'il n'y a plus un homme à regarder fumer et le vendredi arrive finalement très vite, le sentiment de l'attente est plus rude que l'attente elle-même.
Ce soir en rentrant du cinéma, je l'ai dit, je n'avais rien à faire et à la maison il n'y avait personne alors j'en ai profité pour manger au salon, par terre devant la télé comme ça m'était pas arrivé depuis trop longtemps, c'était faire comme j'imaginais les gens quand ils me disent qu'ils n'ont rien fait de leur week-end, je me les figure toujours en train de manger devant la télé, à l'abri de la vie, dans un état de confortable demi-conscience.

Marianne Faithfull - Paris Bells

cette chanson est une réussite totale, ça fait plusieurs semaines qu'elle traîne dans mes oreilles et je pensais en avoir parler ici mais je dois confondre. Énorme claque dont on ne saurait se passer.
PS : ne vous inquiétez pas, mon délire photo en noir et blanc (très original...) en arrive bientôt à son terme, simplement sur celle-ci je me demande qui des deux est vraiment le chat...La photo n'ayant aucun rapport avec la citation. :-)

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