samedi 17 juillet 2010





Nous nous habillons selon ce que l'on comprend de nous. Tout le monde se range assez facilement dans une catégorie vestimentaire, dans un archétype plus ou moins fixe, plus ou moins changeant et qui dépend de l'âge, du métier, de la texture de la peau (un jour je préciserai), de la corpulence, des complexes. On ne porte jamais ce qu'on veut mais bien ce qui nous va, cela suppose une identité préalable et à demi imposée. Cela doit être un mélange confus de ce que nous aimerions être, de ce que les autres pensent que nous sommes, de ce que nous pensons être et que nous essayons de faire transparaître dans notre façon de s'habiller. Ajoutez à cela l'influence de ce qui nous arrive de voir sur une personne dans la rue ou dans les films ou les magazines.
M. Franck disait qu'il y a une façon de s'habiller qui signifie que ce que l'on porte c'est ce qu'on est, et qu'à l'inverse il y a une façon de s'habiller qui signifie que ces vêtements ne sont pas la personne, que cela se passe ailleurs. Personnellement si je pouvais je porterai des choses plus féminines mais je sais qu'un autre moi-même plus raisonnable et qui s'intéresse à "ce qui me va" se dégoûte à trop se faire remarquer; car le féminin n'est pas quelque chose de passif, il est actif, il provoque, il oblige à ce qu'on le scrute et ne se laisse pas passivement scruter, c'est bien ça qui me gêne.

Je parle de féminité mais je me souviens qu'avec Juliette, et non sans soulagement, nous nous étions mises d'accord pour dire que la féminité n'existait pas. Supprimer la féminité c'était se délester de problèmes qui ne devraient pas exister, telle que les femmes qui manqueraient de féminité, si on supprime la féminité elles ne manquent plus de rien, et les femmes dites "féminines" sont juste des femmes autant que les femmes "masculines", sans non plus une quelconque différence de degré. Pour résumer nous pourrions dire que le féminin suffit, et que la féminité n'est qu'un abus de langage, une déviance créé peut-être par le cinéma hollywoodien, nous parlerons alors de glamour mais le glamour n'existe pas en dehors de l'écran, de la scène, de l'image en général, il n'est de toute façon pas tenable au quotidien. Il suffit pour le temps d'une photo, une séquence de film, au mieux une soirée car il n'est pas l'épanouissement de la féminité contenue dans une femme mais est mensonge et effort de bout en bout, c'est le mensonge de Cendrillon. Le critère est donc celui-ci: une femme est une femme.
La féminité, le glamour, n'est sur le papier rien d'autres que le prolongement des attributs de la femme : longs cheveux, longs cils, longs ongles, hauts talons, ajoutez à cela quelques hypertrophie et vous avez la féminité [lu quelque part mais je ne me souviens plus où, étymologie de "arme" qui vient de l'anglais "arm", le bras, le prolongement du corps, comme l'arme l'est aussi; la féminité est dans cette logique de prolongement, elle est une "arme de séduction", etc.]
Se débarasser de la féminité c'est se débarasser de beaucoup d'exigences du paraître, beaucoup d'exigences qui sont autant de détour qui nous font perdre du temps.
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J'entends parfois dire "je m'habille pour moi-même", sauf que si c'était le cas nous aurions des pyjamas aussi soignés que nos tenues de ville. Nous nous habillons toujours pour les autres, mais je remarque une chose c'est que, si les autres ont sur moi le même regard que je porte sur les autres, alors il n'est pas nécessaire non plus de s'habiller pour les autres car au fond, personne ne se regarde. Il suffit de se dire: suis-je capable de décrire en détails la tenue d'une personne croisée aujourd'hui dans la rue? Me suis-je arrêté à un moment devant une dame pour me dire "ce sont des nouvelles chaussures, ça se voit", non car je m'en fiche, alors que la dame peut se dire "premier jour avec mes nouvelles chaussures", et le vivre comme un petit événement si elle n'est pas habituée à s'acheter des chaussures. Il y a toujours une folle disproportion entre l'effort que nous mettons à nous habiller et le bref regard que les gens nous portent. Quand nous observons les vêtements d'une personne il s'agit le plus souvent d'une personne qui affiche beaucoup d'elle-même dans sa manière de s'habiller et qui prend son style pour une modalité de sa personnalité. La coquetterie cherche, appâte les regards, les jugements, une "modeuse" existe pour se faire critiquer, pour que l'on dise "cette débile profonde n'a aucun style" ou pour que d'autres modeuses se disent "merde, elle a tout mieux que moi", à l'inverse la tenue discrète de l'individu normal fait bien son boulot: elle se fait discrète, et nous ne remarquons pas à moins de chercher à la remarquer.

1 commentaire:

jactances a dit…

Mh, je ne me dirais pas "ce sont des nouvelles chaussures, ça se voit" mais plutôt :ce qu'elle porte, ou surtout la façon dont elle le porte ( je trouve que la façon de porter a plus d'importance que ce que l'on porte) lui va vraiment bien. Si je regarde les gens dans la rue c'est surtout par envie de recherche de..d'esthétique... Le tout prime plutôt qu'une pièce en particulier.
Enfin, ça c'était surtout le cas au lycée. Encore un peu en prépa ou on est encore conditionné dans l'atmosphère lycée.
Dans la rue, les gens passent trop vite pour pouvoir faire de tel réflexions. Et si je les regarde trop, je me prends un poteau ou un trottoir .
Voila, 3615 mon opinion.