vendredi 19 mars 2010

"Le manque est partout [...] Transformons le manque en fait établi plutôt qu'en problème. Et une fois qu'on aura accepté le manque, on agira, on négociera avec le réel. [...] accepter le réel c'est accepter le manque."
"C'est très facile de trouver ce qui est absent, ça l'est beaucoup moins de traiter le point de concret, de réel qui est sous tes yeux. C'est vraiment ce pathos typique du dépressif. Et il ne s'agit pas seulement de lui, le problème, bien sûr, est que la majorité des gens que nous connaissons fonctionnent ainsi. Au lieu de s'intéresser au point de réel, à ce que la personne fait effectivement, on parle tout de suite de ce qui lui manque. [...] Quand tu fais quelque chose, c'est toujours particulier. Tu ne peux pas tout faire. Donc intéresse-toi à ce que la personne fait de spécifique et ne lui demande pas "pourquoi tu fais ça plutôt que ça ?" et surtout "pourquoi tu ne fais pas ça ?". Ben, pourquoi je ne fais pas ça ? Fais-le, toi. Je n'ai même plus envie de répondre violemment
."
Pop Philosophie - Mehdi Belhaj Kacem & Philippe Nassif

J'attends que les humains deviennent identiques, que nous ne soyons plus que des robots car au moins il n'y aura plus ce devoir et cette souffrance de penser à l'autre, toujours, tout le temps. La différence fait trop mal, cette semaine c'est ce que j'ai appris, il y a cette différence essentielle entre soi et les autres et certains jours elle est galvanisante, elle est ce goût d'aventure, elle est précisément ce dans quoi s'incarne l'idée de l'infini; d'autres jours elle m'accable et me désespère pour ces mêmes raisons.
Ce qui me gêne c'est d'avoir sous les yeux tout en même temps la médiocrité, l'excellence, la beauté, la laideur, l'assurance, le doute, l'intelligence, la bêtise, l'égoïsme, la générosité, la tempérance, l'excitation, la blondeur, la noirceur, tout ces pôles et les nuances qui se situent entre se trouvent être mélangés et répartis entre les êtres humains que je côtoie. Nos rapports sont suffisamment superficiels pour que les défauts détectés chez eux ne me gênent pas, je les accepte puisque je n'aurai pas l'occasion d'en faire les frais, mais quand même, je suis ennuyée pour eux, pour cette bavure de la conscience qui fait que cette personne ne se rend pas compte et ne se rendra jamais compte qu'elle me fait goûter aux joies d'avoir sous les yeux des pépites de narcissisme pure.

Les gens me font des infidélités, ils ne respectent pas l'idée que je me faisais d'eux, ils ne respectent pas les espoirs de confort et de réconfort que l'on mettait en eux, C. que j'appelle de loin pour lui dire bonjour et qui crie devant mes amies dans un seul souffle et rapidement qu'elle a eu 17, que là elle a un contrôle, qu'elle a pas révisé et qu'elle doit y aller, salut, bisou, et qui repart. Et bien j'étais profondément choquée par son mépris, son excitation outrancière, je rigolais mais je ne trouvais pas ça drôle, le problème c'est que les gens sont un peu trop libres et que l'on a aucune autorité sur eux. Tout ce chemin pour faire ça, pour dire ça, pour être ça, je crois que j'aurais pu décider de ne plus jamais lui parler. De toute façon cette journée, cette semaine ? avaient été une série de petites aventures qui m'exhortaient de retourner à une solitude et un isolement primaire, à cet ascétisme relatif qui est le mien, un ressourcement par le manque. Je n'ai jamais connu trajet de retour plus amer, la famille était dans son perpétuel et mou vrombissement, celui de la quotidienneté insignifiante, celle qui n'admet rien d'autre qu'une tranquillité somnolente, elle est ce terrain du neutre allant de la bouteille de lait à la télécommande en passant par la brosse à dents. Pour une fois le foyer familial m'apparaissait dangereux, pouvant me faire tomber plus bas que je ne l'étais déjà dans ma déception et mon dégoût de tout, ça ne tenait qu'à un fil, je préférais m'enfoncer dans ma chambre pour me consoler de cette lourdeur morale, de ce trait d'esprit qui me rend intolérante à tout ce qui n'est pas moi.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Et en quelques mots bien placés, bien dosés, bien pensés tu résumes l'homme si bien que sa m'en est douloureux. De lire des vérités sur moi-même m'apporte sérénité. Je te remercie pour ces mots et je me remercie d'avoir pris la peine de te lire.

denis a dit…

tiens, murielle, pour te consoler

un extrait de schopenhauer :

"la sociabilité appartient aux penchants dangereux et pernicieux, car elle nous met en contact avec des êtres qui en grande majorité sont moralement mauvais et intellectuellement bornés ou détraqué. l'homme insociable est celui qui n'a pas besoin de tous ces gens là."

Sigismund Benway a dit…

C'est Pessoa qui te met dans cet état? Il est pas très kikoolol comme mec tu sais. Je suis pas très content.