mardi 9 mars 2010

En sortant du Cirque, P. me dit "il a tout compris", il dit aussi que son rôle de vagabond permet à Chaplin de toucher aux choses sans les posséder et que c'est très beau, je trouve qu'il a raison et je mémorise l'idée. Je suis un peu sonnée par la beauté du film, par ce que permet le cinéma, on ne peut pas demander plus au monde qu'une bonne séance de cinéma. L'engouement miraculeux qui est là et qui reste 80 ans après la première sortie du film. Les parents qui amènent leurs gosses à la séance, qui prennent les sièges réhausseurs par pile, les enfants adorent être en hauteur, pour eux c'est toujours la grande aventure. Ils rigolent comme des dingues, la tête entière d'un enfant qui dépasse du siège, les vieux qui rigolent encore plus fort. P. à côté de moi, calme mais pas insensible pour autant, c'est juste qu'il n'extériorise pas, ça fait que je m'inquiète de savoir si ça lui plaît. Il m'emmène dans un bar belge rue Racine assez chic, super beau, avec des miroirs partout et peu de gens, nous nous asseyons au bar. En buvant ma tasse de chocolat chaud je sens un bout de cannelle me rentrer dans la bouche, je le mâchonne sans plaisir.
Dehors le soleil voit sa toute-puissance obstruée par les hauts bâtiments et le monde de la ville hésite entre lumière et ombre. Un barman remplit des petits ramequins d'olives pour les clients du soir, dehors la nuit tombe, la nuit monte, disons qu'elle arrive et elle n'éprouve pas les mêmes difficultés que le soleil, il y a bien les réverbères qui tentent de déjouer sa toute-puissance négative mais les limites de la lumière et de l'ombre sont moins tranchées, plus vaporeuses ; à l'intérieur on tamise la lumière pour mieux correspondre à ce qui se passe dehors.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Et ajoutons, qu'il est fort possible que Welles se soit souvenu de la scène des miroirs que tu utilises en illustration, pour la fin de son film "La Dame de Shanghai".