jeudi 11 février 2010

Quelques trucs qui me viennent en rentrant chez moi

1) Avant, au lycée, j'avais pour habitude de poursuivre en marchant jusqu'à chez moi la lecture que je faisais dans le bus, l'arrêt était assez loin pour que je puisse avancer de deux ou d'une page et il n'y avait qu'à marcher en ligne droite en évitant les arbres et les piétons.
Le trajet du train jusqu'à chez moi me prend 10 minutes, 10 minutes qui me paraissent toujours trop longues, et je me suis dit que ça faisait peut-être une centaine de fois que je faisais ce trajet et que je pouvais donc me permettre de lire sans même me préoccuper de mes pieds qui ont acquit par l'habitude une forme d'autonomie, c'était le moment de vérifier. Par contre il faut faire attention aux passages piétons et lever les yeux. J'avais peur aussi que les réverbères n'éclairent pas assez ou que l'ombre se fasse trop noire pour que je puisse arriver à lire. Mais ça allait, il faut juste arriver à stabiliser la main; le trajet est vite passé.

2) J'ai toujours ce projet en tête d'aller prendre en photo l'intérieur des maisons depuis les fenêtres, j'y pense à chaque fois que je prends le train parce qu'on a une vu imprenable sur les villes qu'on traverse et que même en passant très vite et de très loin on arrive à distinguer les couleurs d'un tableau, la forme du canapé ou de la lampe. Les intérieurs d'abord inaccessibles se dote d'une part de vulnérabilité et je me demande toujours "est-ce que la personne qui y habite sait qu'à ce moment précis de la soirée quelqu'un regarde et visite son salon depuis le train ?" la réponse doit être non.
J'ai parlé à Cécilia de ce projet, elle ne m'écoute jamais sérieusement je crois, ou alors distraitement mais c'est parce que je dis souvent des conneries pour amuser la galerie. J'aimerais revenir à la photo comme quand j'étais au collège ou au lycée et que par simple et pur plaisir je prenais en photo les supermarchés. Je prenais ce risque-là alors que ça m'a toujours gêné de prendre en photo des choses qui a priori ne méritaient pas de l'être devant les autres, ils vous regardent et ils vous jugent. Au supermarché parfois on m'interpellait, on me disait que c'était interdit et je recommençais un rayon plus loin. Aujourd'hui j'ai la flemme et je me borne à regarder les choses.
Cette semaine à Pompidou j'ai vu un mec poser son appareil photo sur la rampe de l'escalator pour prendre en photo une vue en plongée, j'ai trouvé ça nul, j'aurais voulu qu'il arrête, surtout que l'homme en face de moi et que je suivais mollement s'est retourné pour voir ce que visait l'appareil photo, cela a dû le conforter dans sa pose d'artiste de merde.
Cécilia m'a dit que c'était illégal de prendre en photo l'intérieur des maisons et que j'aurais une amende de 40.000€ et que je ferais peut-être de la prison et tout, je lui ai dit que je m'en doutais mais que c'était pas grave, que j'exposerai le tout au Palais de Tokyo et que ça marchera. C'est la blague que je fais souvent, comme j'estime que tout et un peu n'importe quoi s'expose là-bas, à chaque fois que j'ai une idée je dis "je l'exposerai au Palais de Tokyo". C'est ma façon de faire passer non sérieusement une idée ou un projet que j'estime pourtant sérieux, j'assume rarement mes idées. C'est comme faire un test comme il est recommandé de faire avec le maquillage sur une parcelle de peau pour voir si aucune réaction n'a lieu avant de l'appliquer sur le visage.

3) La nuit il y a peu de voitures et pas de piétons, et je me disais que le feu rouge la nuit devait irriter les voitures surtout quand il était long et qu'il ne voyait aucun piéton ni voiture passer. Alors que le piéton peut toujours prévoir, en regardant assez loin, qu'une voiture ne risque pas de passer d'ici les six secondes de sa traversée et ainsi s'arranger avec la règle. Pour lui il s'agit toujours de s'arrêter pour son bien, pour ne pas mourir, alors que la voiture s'arrête d'abord et toujours pour ne pas tuer, et puis dans un deuxième temps pour ne pas avoir d'accident, il y a plus d'enjeux.
Les conducteurs doivent se sentir un peu cons, un peu trop obéissants devant ce qui la nuit (et dans une ville comme Courbevoie, calme) ne leur apparaît plus comme une instance régulatrice et nécessaire mais comme des sortes d'orbites béantes s'allumant à vide. Et je crois que ça leur fait plaisir de voir un piéton apparaître magiquement dans la nuit et traverser le passage piéton, il justifie ainsi l'arbitraire du feu tricolore qui leur susurre en passant "vous voyez...".

1 commentaire:

ashorlivs a dit…

2) ou alors photographier l'intérieur des trains depuis une maison longeant les voies, au teleobjectif. l'arroseur arrosé.