dimanche 17 octobre 2010

Le coeur du samedi soir


Avec quelques amis, nous faisons un détour

Serrés dans des écharpes qu’on nous a tricotées

Il m’a dit « les écharpes c’est un geste d’amour »

Je comprends cette envie de vouloir protéger


Son visage d’agneau me rappelle d’anciens jours
Nous sommes en 2010, il faut manifester
Vertige des rencontres, vertige de son retour
Ma tristesse se rapproche de la sérénité

Nous baignons dans la nuit, une nuit américaine
Et nos pensées sont pour l’un l’autre bien opaques
Vouloir les deviner, est une tentative vaine
Je peux penser à lui, à la mort de 2pac

« Est-ce que tu penses que l’homme est fait pour le bonheur? »
Emile me dit que non, « mais il doit le chercher »
Ce garçon de quinze ans, le frère de ma soeur
Est très intelligent, et mérite d’exister

Les visages rejettent parfaitement la lumière
D’une ville dont on pense qu’elle est trop éclairée
Son front poudré d’orange sous quelques réverbères
Marchant, fixant le sol à côté de nos pieds

Le samedi, cette promesse que je trouve bien vide
La joie y est diffuse et vraiment sans raison
Mais c’est cette liberté qui les rend tous avides
D’alcool et de tendresse, approcher la passion

Je paierai assez cher pour deux ou trois visages
Ce sera ma collection, je veux les posséder
Baiser doucement leur front, leur dire « soyez bien sages »
Ils sont comme des chansons, me rappellent au passé

C’est peut-être ça qui gêne, une fois qu'on se sépare
Cette personne qui très vite ne pense plus à vous
Si le visage restait, il n’y aurait pas de cauchemars
Mais il part comme le reste, nous gardons le dégoût

Je progresse dans la nuit, je suis bien entourée
Tout est très clair pour moi: nous devons vivre seuls
C’est une chose à laquelle on ne peut s’habituer
Souvent j’ai très envie de bien fermer ma gueule

Cette nuit est magnifique, elle me perce le coeur
Sa répétition n’altère en rien sa bouleversante magie
Tout est dans les contrastes, entre fête et douleur
Je suis entre les deux : joyeuse/anéantie

Nous sommes bien à Paris, il n’y a rien à craindre
On peut sympathiser, danser, rentrer dormir
Faire de nouvelles rencontres, qui oserait se plaindre?
De ces bonnes actions, cachant l’envie de mourir

Ce soir tu veux atteindre le coeur du samedi soir
Cette zone un peu obscure, qu'on appelle "bar loundge"
Ces endroits attirants, recouverts de miroirs
Ma faiblesse te dégoûte, il faut que tu t'allonges

Je t'évoque une vie que tu ne trouves pas souhaitable
Je ne connais que le calme, mes tympans sont fragiles
J'aime beaucoup parler, assise autour d'une table
On nous ramène les plats, le serveur est agile

Et si on allait manger au restaurant chinois?
Arrêtons-nous d’abord, laissons parler nos coeurs
« Nous nous sommes fait du mal, mais je t’aime plus que moi »
C’est bien, dans ces plats-là, il n'y a jamais de beurre.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

pauvre est le désir , il faut bien pourtant s'y soumettre si l'on ne veut pas penser qu'à ça.
Et les caresses maternelles n'y peuvent rien