mercredi 13 octobre 2010

Grève reconductible

Le trafic risque d'être fortement perturbé
Sur l'ensemble des lignes de la RATP
Il vous faut consulter, pour plus de renseignements
Le site mis à jour assez régulièrement

Le signal retentit, les portes vont se fermer
Les mouvements des derniers deviennent précipités
Le conducteur jette un oeil bienveillant mais lassé
Dans le rétroviseur, le quai est dégagé

Des bras, des jambes, des sacs, à devoir éviter
Peu de place pour soi, c'est presque chorégraphique
Si l'envie y était, les gens se câlineraient
Les occasions sont là, ce serait très sympathique

Le rapprochement physique n'est pas signe d'amitié
Je surveille bien mon sac, attention aux voleurs
Nous sommes l'homme de l'homme, archi-civilisés
Sous les manteaux il se dit que battent encore des coeurs

Reste que je ne suis pas fan des tissus irisés
Qui donne aux costumes l'air d'être très bon marché
J'ai un plan resserré sur ce bel homme actif
Il me sert sans m'aimer, il me sert sans motifs

Sa main est puissante, responsable, anguleuse
C'est sûr, il doit rendre beaucoup de femmes heureuses
De sa manche fleurissent des poils mal contenus
Au fond le raffinement ne cache rien de l'homme nu

L'animal lisse et bleu marine, l'animal bien coiffé
N'entendras rien de ce que j'aurais à lui dire
Je susurre un "je t'aime", ou un "tu m'as manqué"
Au mieux je le frappe et il pousse un soupir

Il écoute sa musique, comme un enfant autiste
Son regard en hauteur, vers le plan de la ligne
Il ne voit pas les humains, les joyeux et les tristes
Mais remarque de très loin les blondes longilignes

Pour d'autres hommes cette grève s'avère être une aubaine
Ils peuvent approcher des femmes belles et hautaines
Laissant vagabonder leur nez derrière leurs cous
La femme se retourne, sévère, crie "mais vous êtes fou!"

Bientôt immobilisé, on dit quelques "pardons"
"C'est ici que je sors", à titre de prévention
Il y a ceux qui se poussent sans vouloir sortir
Cette vieille peur de ne plus pouvoir repartir

Le métro traîne lourdement sur ses pieds
Il semblerait avoir excessivement mangé
Soi-même on se sent de nouveau plus léger
L'air frais se fait sentir à même les escaliers

Pour moins de deux euros, on passe le tourniquet
Et l'on pense aux arrêts comme à de jeunes nations
Distances parcourues sous les monuments classés
Sortie à Poisonnière, c'est une autre dimension

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Je me disais, au sujet de cet homme dont les poils affleuraient, n'était-il pas dans la marine ou l'armée de terre? et son regard toujours posé au dessus de l'horizon ?