lundi 10 mai 2010

Être étudiante et ce que j'en retiens (1?)

- quand je pensais que tout serait comme le premier semestre : chacun pour sa gueule, comment on pense la même chose à chaque nouvelle entrée dans un établissement scolaire.

- manquer de 10 ou de 5 centimes pour un café dans la machine.

- les flèches vertes pointées vers le haut, et les rouges pointées vers le bas des ascenseurs.


- M. Lelong et ses cours sur Descartes, est-ce qu'il me jettait des regards d'amour quand je le recroisais au deuxième semestre ?

- les cheveux de Popo la prof de méthodologie, mais aussi son visage, son parcours, sa robe kimono en soie, son "Tellement vrai!" quand je citais Pessoa dans une copie.

- tous les profs à oublier et qui s'oublieront parce que rien à retenir sinon leur statut de médiateur entre le savoir et nous.

- le panini bacon-chèvre

- Ce que je pensais des gens...avant de les connaître.

- le jour où j'ai couru derrière Cécilia pour lui poser devant elle un paquet chargé de chouquettes pour la motiver un jour de premier amphi matinal de sociologie, je lui avais dit quelques minutes avant que je n'avais pas eu le temps de les acheter et j'étais toute excitée de profiter de cette déception pour accroître son enthousiasme, c'est le truc facile du "je l'ai pas trouvé...mais si je l'ai!"

- Chaque jour vérifier ce que Tolbiac nous propose : La Croix ? Le Figaro ? Libération ?

- jeunes et beaux et peu sûrs d'eux-mêmes,
les chargés de TD en sociologie
on en ferait des poèmes.

- la fluide ligne 14, de Saint-Lazare à Tolbiac, parfois faire attention aux gens, le plus souvent tremper simplement dans ma lecture jusqu'au terminus.

- à quel point l'école était le moment de se renier soi-même; à quel point la fac permet une fidélité à soi-même, à ses goûts, pourvu qu'elle soit exercée dans les règles de la méthode philosophique / sociologique. Plus que ça : tout apport personnel vous avantage.

- le jour où j'ai insulté une nana, où j'ai répondu à la question "elle ressemble à quoi?" pour ensuite constater qu'elle était dans l'ascenseur avec moi.

- la Wifi au 14ème étage.

- à quel point les cours nous préservent d'une concurrence, même saine, entre étudiants.

- les amphi poético-sociologiques du premier semestre.

- une calme estime de moi-même aux souvenirs de certains devoirs bien notés.

- les Galeries Lafayette observées de long en large pour la sociologie les fins d'après-midi de décembre.

- le jour où l'on m'a expliqué le "désenchantement du monde".

- les GF Corpus quand il n'y avait plus le temps pour des lectures intégrales.

- le jour où je me suis perdue dans le quartier chinois en attendant l'amphi de sociologie, et comment je m'étais promise de revenir et de tout noter, je notais l'essentiel d'une écriture tremblante et en marchant, "les écriteaux bilingues où l'on en dit plus en chinois et où l'on abrège en français, quelque chose reste secret pour nous, comme dans les films où l'on ne traduit que le nécessaire."

- les premiers temps, le jour des inscriptions, vision paniquée de Tolbiac où je suivais à la lettre le trajet que l'on m'indiquait pour aller m'inscrire sans avoir encore assimiler "l'intelligence" du lieu, on va d'un point A à un point B sans penser, en faisant abstraction du reste pour ne pas être perturbé. Maintenant, l'habitude, la connaissance de tous les organes et de leurs enchaînements, j'ai réussi à connaître le lieu pour mieux l'oublier.

- le jour où je suis sortie d'un partiel de philosophie politique, toute seule à côté de la tour de béton de Tolbiac, amicale en ce que je nous concevais l'une à côté de l'autre, la grande tour pataude toisant la petite étudiante fatiguée un samedi sans enjeux, et inversement. Tout cela -ce bref instant d'intimité- au milieu de la grande ville qui m'attendait.

titre copié sur celui d'un roman d'Alexandre Lacroix "Être sur terre et ce que j'en retiens".

1 commentaire:

ashorlivs a dit…

Tiens tu mets WiFi au féminin toi.
Why not.