vendredi 25 juin 2010


Je me rendais compte qu'arriver au bout d'une journée c'était toujours arriver au bout de conclusions dures à supporter et, dans la solitude d'une fin de soirée, impossibles à partager. En rentrant de mes journées j'arrivais en bas de chez moi dans un piteux état et dans un geste lourd je sortais mes clés. J'aurais aimé que ma famille soit réveillée pour me faire oublier, dans le fourmillement de son activité inconsciente, toutes ces pensées que je ramenais de la ville. C'était toujours en arriver à l'aigre sentiment de son infinie solitude, d'une solitude dangereuse en ce qu'elle cherche toujours à creuser plus profond en elle, cherchant d'autres ressources pour s'apitoyer et trouvant toujours. Dormir devenait alors un ravissement qui n'étanchait pas seulement ma fatigue mais aussi ma profonde mélancolie, le sentiment sombre de ma propre existence, trop dur à porter, trop lucide, comme un plat trop chaud, insupportable à tenir et qu'on ne pourrait lâcher. Je comprenais et j'étais reconnaissant envers la personne qui avait décidé de découper la vie en morceau de journées comme pour faire proportionnellement alterner violence et douceur, aigreur et réconfort. Et avant de sombrer, dans un dernier geste de détresse j'étreignais un peu plus ma couverture. Je ne sais pas si je m'endormais en larmes mais il m'avait semblé que j'aurais pu.

Aucun commentaire: