mardi 5 juillet 2011

c'est tout à fait rassurant pour moi de me lever tôt dans la journée avec comme programme celui d'un enchaînement de films dans des salles bien remplies mais autrement remplie qu'à l'ordinaire. Un public un peu plus actif, plus fringant, plus adepte de la dimension événement culturel du festival. Reste qu'il y a et qu'il y aura toujours la japonaise au chapeau habituelle du premier rang, le jeune homme brun qui marche sur la pointe des pieds en chaussons et le jeune homme japonais élégant du premier rang qui lit toujours un livre et sort assez fréquemment de la salle avant la fin du film. Ces personnes me rappellent à ce qu'est mon rapport au cinéma, à ce genre de spectateur qu'ils sont et que je suis et qui vient demander quelque chose, qui vient quémander douloureusement des réponses à un écran où les réponses risquent d'être mieux organisées, bref, nous n'avons que très peu à voir avec les spectateurs occasionnels et parfois une lignée de siège s'avère être une frontière entre deux mondes. Ajoutons à cela cette ambiance de festival qui fait que l'on a l'impression que Paris n'est plus qu'un large circuit de cinémas, en tout cas pour moi.
Le programme est tellement...programmé qu'à la fin d'une séance on est déjà dans le temps d'attente de la prochaine, le circuit est ainsi clos et la journée se passe bien, le temps n'est pas ouvert sur l'espace infini des vacances et on ne rentre que très tard chez soi, après avoir vu de bons films. On se laisse alors aller à une douce fatigue des jambes mais le corps en lui-même est en bonne santé, reposé, nourri, par contre mes jambes commencent à me faire mal quand je marche et j'ai la nette impression qu'elles sont tordues à force de rester assise des journées entières avec devant mes jambes un espace très exigu qui fait que je ne sais jamais où les mettre. Debout je ne me tiens pas non plus très bien sur mes jambes et j'ai tendance, lorsque je suis immobile, à prendre appui sur "l'arête" extérieure de mes jambes et à ne pas poser la plante des pieds au sol.
Dans les transports je n'ai même plus le temps de lire, je prépare le meilleur programme possible pour le lendemain. Cet équilibre, que vient ponctuer les cafés avec Juliette qui m'accompagne à mes séances, est tout à fait précaire mais amplement satisfaisant et rassurant, même si sous l'organisation je sens sourdre l'univers obscur d'une oisiveté mauvaise et à venir et le monde encore plus sombre de tout ce qui n'est pas le présent et qui est ma vie, ses projets et son urgence non négociable à qui les meilleurs films laissent toujours une place importante. Au cinéma on n'est jamais trop loin ni trop subjugué, mais toujours honnêtement diverti, diverti de son moi dispersé et profondément ancré en soi-même et en ce qu'on pense et ressent, si l'on est un bon spectateur devant un bon film on est sans cesse dans l'interrogation et l'étonnement, plongé dans le silence de notre attention portée à une image et à ses intentions.

1 commentaire:

Juliette a dit…

c'est toi qui m'accompagnes à mes séances bébé