lundi 16 août 2010

Pour peser la valise ma mère commence d'abord par se peser toute seule, puis enfin elle se pèse en portant la valise et en déduit son poids, visuellement ça donne un truc rigolo cette femme se penchant sur le côté pour mieux supporter la charge, un premier souvenir de vacances

Idéalement le voyage devrait être téléportation, c'est trop de contraintes qui me fatiguent rien que d'y penser : la valise, cet esprit de prévision, quel temps? quel besoin? comment recréer ailleurs l'espace intime, toute cette organisation, cette ponctualité, cette précision qui ne sont pas humaines, nous sommes oublieux, désorganisé, désordonné, le voyage est d'abord inhumain. Ici à cette heure tel siège, 15 kilos par personne, ces papiers, tous ces oublis à éviter, on devrait se laisser aller, prendre un toboggan et se retrouver tout de suite dans une autre ville.

En ramenant ses films et ses livres avec moi je ne joue pas le jeu du voyage, je ne joue pas le jeu du dépaysement.

Paris est effroyablement mélancolique et doux ces temps-ci, les promenades nocturnes sont d'excellente qualité, on se laisse aller à une triste joie de vivre, des touristes achètent des glaces, j'en achèterai bien si je n'étais pas toute seule, j'arrive à aller au café toute seule mais le café la nuit je n'assume pas encore alors je marche sans me fixer, et puis je ne sais jamais choisir alors je ne choisis pas et c'est peut-être mieux, ne pas choisir c'est ne rien exclure, en imagination je suis partout, à côté de cet homme seul, de cette famille qui mange et boit des choses dépareillées. Je n'aime pas l'idée de faire mes meilleures promenades au moment de partir, ça me rend morose.

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