lundi 28 juin 2010


Le ventilateur ronronne, c'est le nouveau silence. Je ne sors pas de son champ de vision et bouge seulement pour aller me faire du café ou me chercher une glace, je pourrais rester là longtemps, peut-être tout l'été. Internet m'offre tout, vu que je lis assez lentement de plus en ayant maintenant pris l'habitude de tout noter qui me vient de l'exigence de ma licence, j'ai de la lecture pour au moins trois ans.

Boulevard Saint Germain a quelques mètres l'une de l'autre on trouve la librairie de la Hune et un peu plus loin l'Ecume des pages, deux librairies qui ferment leur porte à 23 heures ou minuit même le dimanche. C'est ici que je me rends quand j'ai envie de voir des livres à des moments de la journée ou de la semaine où les autres librairies sont fermées. La Hune a ses plafonds très bas et tout y est à taille humaine et rassurante, tout est devant soi, il n'y a même pas à tendre le bras, la dernière étagère est à une tête au-dessus de moi. Ils font aussi des emballages cadeaux affreusement élégants, la plupart du temps les gens se fichent du papier qu'ils s'apprêtent à déchirer, mais quand vous offrez un livre provenant de la Hune, les gens remarquent et prennent comme une deuxième attention de votre part cet emballage élégant.
A son opposé je déteste les rayonnages de l'Ecume des pages où un tiers des auteurs sont littéralement inaccessibles à moins que vous n'ayez le courage de monter sur l'escabeau. Cela monte assez haut pour que vous ne puissiez même plus distinguer qu'il y a encore des livres en haut, à moins de s'éloigner pour en avoir une vue d'ensemble.
Je n'aime pas monter sur l'escabeau parce que je n'aime pas me faire remarquer et j'ai l'impression que grimper comme ça, se placer en hauteur par rapport aux clients "normaux" est d'une audace et d'une effronterie peu excusables. J'ai aussi toujours peur de tomber en arrière, la chaussure glisse ou je ne sais quoi, ça peut arriver, ça va arriver. Aussi il n'y a pas assez d'escabeaux, et je considère comme une autre prise de risque, une autre audace le fait d'aller en chercher un un peu plus loin. Le traîner par terre c'est se vouer à faire du bruit, le porter serait trop bizarre, on ne porte pas des choses, on ne fait pas d'efforts dans les librairies. Les librairies sont des lieux de délicatesse, de silence, de religiosité, donc on ne porte pas, on feuillette, on sent le livre, on passe son temps à faire des demi-gestes. Et puis bien sûr, comme si ça ne suffisait pas, la plupart des auteurs que je cherche sont toujours inaccessibles. Je sais que si vous cherchez un auteur en K ce n'est même pas la peine de se déplacer, je voulais Kant et Kerouac mais je ne voulais pas de l'escabeau, alors je suis repartie avec des livres qu'au premier abord je ne voulais même pas.

The Shangri-Las - Out in the streets

4 commentaires:

Pradoc a dit…

Ma préférée reste tout de même la librairie Compagnie.

Murielle Joudet a dit…

Oui elle est très bien, c'est la plus belle. Je ne vais jamais à celles du boulevard Saint-Germain quand Compagnie est ouverte.

Pradoc a dit…

Sinon Gibert, c'est un peu le paradis du chineur...

Juliette a dit…

nous vaincrons ta peur de l'escabeau puis nous légitimerons ta soif d'essentiel